S'il est une constante entre le guide tel que nous le connaissions au siècle dernier et le moniteur-guide de pêche actuel, c’est bien la passion. Arpenter les rivières, canne en main, ne se fait pas sans envie. Une réelle volonté de transmission anime aussi ces professionnels et une grosse compétence est évidemment un prérequis. Longtemps, une réputation fondée sur le bouche-à-oreille suffisait à identifier un bon professionnel. Mais aujourd’hui, les choses ont changé… Pour faire simple –car c’est assez complexe!–, c’est en 2003 que le métier encadré de Moniteur-guide de pêche, considéré depuis comme étant un moniteur sportif, fait son apparition.
Fini la liberté
Cette création fait suite à l’arrivée de la pêche de loisir dans la catégorie des Activités physiques et sportives, classement opéré par le ministère de la Jeunesse et des Sports. À compter de cette catégorisation, le statut de moniteur-guide de pêche n’est plus libre. Pour l’exercer, il faut être titulaire d’un diplôme d’État, le fameux Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) pêche de loisir. Il faut par ailleurs obtenir une carte professionnelle, également délivrée par l’État. Le diplôme est intégré au répertoire national des certifications professionnelles, au même titre que l’est le baccalauréat, par exemple. Autrement dit, n’est pas, n’est plus, moniteur-guide de pêche qui veut.
Qualité et sécurité
La formation diplômante est évidemment conçue pour assurer au client la motivation du professionnel, la qualité de ses prestations ainsi que sa sécurité. Celle-ci est dispensée par le Centre national de formation aux métiers de la pêche qui sélectionne les candidats, lesquels sont soumis au préalable à plusieurs épreuves pratiques et théoriques afin de jauger compétence et motivation. L’élève-moniteur devra en outre régler ses frais de scolarité. Précisons tout de même qu’avant 2003, le métier était déjà plus ou moins organisé. La Fédération française des moniteurs-guides de Pêche (FFMGP), créée bien avant, en 1994, regroupe notamment les guides formés depuis 2003 et ceux qui exerçaient avant l’apparition du BPJEPS.
Combien sont-ils ?
Il est difficile de savoir combien de professionnels exercent aujourd’hui réellement. Il ne semble pas exister de statistiques récentes et, d’autre part, il existe un certain nombre de personnes qui, sans être titulaires des diplômes requis, exercent le guidage. En tout cas, en 2013, une estimation des services de l’État permettait de recenser environ 650 professionnels regroupant des professionnels titulaires soit du BPJEPS, soit d’un brevet fédéral qui, jusqu’en 2007, était homologué pour guider contre rémunération. Une franche différence apparaît tout de même entre les titulaires du BPJEPS (1037 diplômes délivrés entre 2004 et 2013) et les guides exerçant effectivement. Il semblerait que malgré l’obtention du diplôme, certains ne concrétisent pas leur projet initial. On sait évidemment qu’économiquement, ce métier est réputé être assez difficile. À ce sujet, Robert Bouloc, le président de la FFMGP, déplore l’existence de «moniteurs » dénués de tout diplôme. Non parce qu’ils constitueraient une concurrence déloyale –même si, juridiquement, c’est pourtant bien le cas–, mais surtout parce qu’ils ne sont ni formés aux règles de sécurité ni couverts par la moindre assurance en cas d’accident. Cette absence de diplôme et de carte professionnelle leur interdit normalement de pratiquer toute activité de guidage. En cas de problème (accident, bris de matériel, etc.), ils ne sont pas couverts et le client pas plus. Pire, en cas de contrôle, le client peut être également considéré comme étant en infraction, participant à une entreprise illégale.
Une condamnation
Un pseudo-guide a ainsi, en décembre 2020, été condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc (22) à une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis et de 1500€ d’amende pour avoir exercé sans détenir le BPJEPS. Il aura cependant fallu attendre près de vingt années pour qu’une pareille condamnation soit prononcée alors même que les situations extrêmement floues sont nombreuses. Si en principe, le statut du moniteur-guide de pêche est simple à cerner, on s’aperçoit que le faible nombre de professionnels présents sur ce secteur entraîne une quasi totale méconnaissance de la part des autorités qui lui est préjudiciable.
Quelques points à vérifier
Avant de vous attacher les services d’un moniteur-guide de pêche, mieux vaut vérifier quelques informations : s’il dispose d’un site Internet, vérifier s’il mentionne son diplôme. À défaut de site, on peut consulter d’autres sites comme infogreffe.fr ou encore societe.com. Si le guide en question n’y est pas référencé, passez votre chemin. S’il est inscrit, il doit pouvoir justifier d’un code d’activité (APE ou NAF) en cohérence avec son activité.