Au-delà des combinés Carto/sondeur 2D, il est déjà possible d’opter pour les sondes « down » qui, avec de hautes fréquences, permettent d’afficher une vue quasiment photographique de ce qui se passe sous le bateau. Les interprétations des structures sont beaucoup plus simples. Les arbres et autres voitures apparaissent nettement. De même, on sait rapidement à quel type de poissons on a affaire, ce qui donne de précieuses indications.
Side Imaging
Avec l’apparition en 2005 de la technologie Side Imaging chez Humminbird, les possibilités d’exploitation des sondeurs ont changé de dimension. Exit les détections en cône sous les bateaux, le pêcheur a désormais accès à une image photographique des bandes latérales de part et d’autre de son bateau. Larges jusqu’à 25 mètres de chaque côté (pour une bonne définition), ces bandes détaillent le fond avec précision. La sonde agit un peu comme un projecteur posé sur le fond qui illuminerait celui-ci. Toutes les structures apparaissent donc comme ombrées. On peut y voir parfaitement les arbres immergés, les roches et tout ce qui dessine le relief du fond en général. Mais on peut aussi, avec un peu d’habitude, trouver les bancs de poissons fourrage, voire la silhouette d’un gros spécimen, et marquer tout cela d’un point GPS sur la cartographie pour revenir précisément à l’aplomb du repère marqué 15 mètres à droite… Cette révolution a vite été disponible sur de petits boîtiers, limitant ainsi les coûts d’accès. Toutes les marques ont développé cette nouvelle technologie. On la retrouve sous le nom de Structure Scan chez Lowrance ou Sidevü chez Garmin par exemple.
L'arrivée du Live
Mais on assiste aujourd’hui à une nouvelle révolution. Depuis quelques années, sont apparues sur le marché les sondes « live » qui déchaînent les passions aussi bien chez ses détracteurs que chez ses utilisateurs. Ces sondes, qui remontent des infos en temps réel, révolutionnent littéralement les données apportées par le sondeur mais aussi et surtout la façon de pêcher. En effet, en voyant clairement le leurre évoluer en direct et la réaction conséquente des poissons, la pêche 2.0 est en marche.
Balayage à très haute définition
C’est la marque Garmin qui, avec sa sonde Livescope, a ouvert la voie, suivie dans la foulée par le Megalive de Humminbird et l’Active Target de Lowrance. Elles fonctionnent toutes, peu ou prou, de la même façon en opérant un balayage à très haute définition. Ces sondes peuvent adopter plusieurs positions et offrir des vues variées. Elles couvrent ainsi des volumes d’eau très différents : sous le bateau, devant le bateau ou en mode panorama par exemple, sachant que ce sont les deux premières vues les plus utilisées. Dans tous les cas, si votre leurre est dans ce volume d’eau, vous le voyez parfaitement nager. Vous voyez également les poissons réagir en temps réel sur votre leurre mais vous pouvez également les situer avec précision dans le volume d’eau et savoir où ils sont par rapport au bateau et à quelle profondeur ils évoluent. Dans le cas où vous pêchez sous le bateau, vous voyez très vite la réaction des carnassiers par rapport à votre leurre : s’ils l’ignorent complètement, c’est que vous êtes à côté de la plaque. S’ils le suivent sans l’attaquer, c’est que vous êtes près de la vérité (en matière de forme ou de coloris), s’ils l’attaquent franchement, vous êtes dans le bon (évidemment) mais vous pouvez encore optimiser en animant votre leurre en fonction de la réaction des poissons (le plus souvent en remontant vers la surface lorsque vous êtes suivi sans avoir été attaqué). Ces sondes sont si performantes que vous pouvez voir le poisson se tourner ou se mettre en position pour attaquer. S’il se présente bien dans le faisceau, la définition est parfaite et vous saurez à quoi (et à quelle taille !) vous aurez affaire. À tel point que certains pêcheurs sélectionnent les carnassiers qu’ils veulent « attaquer ».
La lumière vient d’apparaître
Dans les cas où vous pêchez « devant le bateau » (devant la sonde en fait, car elle peut être positionnée sur une perche que vous tournez à la main ou sur l’arbre du moteur électrique), la sonde permet de voir les poissons positionnés en pleine eau (ces fameux « pélagiques »). Elle les dessine sur votre écran, lui-même gradué en abscisses et en ordonnées : en profondeur et en distance. Ainsi, comme la sonde est orientée dans une direction précise (comme un faisceau de lampe torche), il est facile de déterminer avec précision où se trouve le joli brochet ou le sandre suspendu : dans l’axe de la sonde, deux mètres sous la surface, à 12 mètres. Si le pêcheur lance au bon endroit, il verra son leurre tomber dans l’eau puis apparaître sur l’écran derrière le poisson. À lui de récupérer intelligemment pour passer au bon endroit afin de déclencher la touche. Un vrai jeu vidéo. Il ne faut pas être sorcier pour comprendre ce que tout cela implique. Des poissons qui n’étaient jusque-là jamais pris sont traqués avec efficacité en pleine eau. Les pêcheurs en verticale trouvent bien plus vite les bons leurres et les bonnes animations. C’est un peu comme si nous pêchions en aveugle depuis toujours et que la lumière venait d’apparaître. Par conséquent, les techniques se sont adaptées rapidement à ces enjeux. Pour les pêches sous le bateau, les têtes plombées se sont considérablement alourdies afin de limiter les angles de fil liés au courant ou au déplacement et rester confortablement dans le faisceau du sondeur. De même, les pêcheurs qui poursuivent les poissons en pleine eau ont alourdi leur montage pour pouvoir arriver rapidement à la profondeur désirée, en même temps qu’ils ont compris qu’il fallait souvent mouliner de façon linéaire et rapide afin de déclencher les touches. De quoi remettre en cause bien des acquis.
Les pro et les anti…
Alors bien sûr, le monde des pêcheurs s’est coupé en deux… d’un côté les utilisateurs heureux de cette technologie, qui ont littéralement explosé leurs statistiques. En pêchant les gros poissons pélagiques « à vue », exit les années d’expérience nécessaires à la traque systématique des gros poissons, qui nécessitait auparavant une grande connaissance des milieux et des comportements des carnassiers. De l’autre, ceux qui disent que « ce n’est plus de la pêche » et qu’on s’attaque aux ultimes poissons qui n’étaient jamais pris. Mais n’était-ce pas déjà le cas il y a 25 ans lorsque les premiers sondeurs sont apparus ? De plus, il ne suffit pas de monter ce type d’appareil sur un bateau pour prendre des « 120 ». Encore faut-il savoir s’en servir convenablement et adapter les techniques de pêche.
Et ce n'est pas fini...
Après tout, chacun prend son plaisir là où il le souhaite. Si certains préfèrent passer leur journée les yeux rivés sur un écran pour prendre des gros poissons, où est le problème ? Du moment qu’ils les relâchent ? Je me permets de prendre parti dans ce débat qui fait rage et amène certains acteurs à parler d’interdiction des sondes Live… Il suffirait peut-être d’obliger le no-kill sur les embarcations qui en sont pourvues afin de préserver ces gros reproducteurs qui nageaient jusque-là tranquillement en pleine eau. Le reste n’est peut-être qu’une histoire de jalousie. En revanche, ce qui est sûr, c’est que ces technologies coûtent cher. Il faut en effet compter plusieurs milliers d’euros pour s’en équiper. Une sonde Live et un boîtier permettant de l’exploiter correctement sont de vrais investissements qui ne sont pas permis à tout le monde. Dans ce sens, ces technologies coupent un peu plus le monde de la pêche en deux et ne vont pas dans le sens d’une démocratisation des pêches modernes. Savoir si tout le monde doit pouvoir s’offrir une Ferrari ou un bass boat de 200 ch n’est pas de mon ressort, et si on ne s’attache qu’aux performances de ces outils, force est de constater qu’ils font faire un bond en avant formidable dans la recherche des beaux poissons et la capacité à les prendre. Et ce n’est sans doute pas fini, car on n’arrête pas le progrès !