Les sites du groupe Info6TM

Les silures du lac du Bourget, avec Hervé Feugier et Christophe Cagnat

Aiguebelette, Léman, Paladru et surtout Le Bourget… la liste des grands lacs alpins colonisés par le silure s’allonge peu à peu. Le plus grand lac naturel de France connaît en effet une véritable explosion, à tel point qu’il devient en fait possible de cibler spécifiquement ces poissons. Leurs tailles sont encore modestes mais il est intéressant de voir comment ils se comportent dans ce type de biotope si particulier. C’est pourquoi nous y avons suivi Hervé Feugier et Christophe Cagnat qui connaissent ce grand lac comme leur poche.

Disons-le d ’entrée, ce n’est pas la grosseur des silures du Bourget qui attire Christophe Cagnat et Hervé Feugier. Les deux gaillards en ont pris déjà des dizaines bien plus gros dans le Rhône ou la Saône. « La majorité des poissons mesure ici entre 80 cm et 1,40 m, précise Hervé, détaillant bien renseigné. Les rares trophées capturés ces deux dernières années n’ont jamais dépassé la barre des 2m.» L’attrait vient plutôt ici du fait de les traquer dans un magnifique écrin aux eaux claires et surtout de comprendre les mœurs de ces poissons dans une immense étendue parfois très profonde.

Cette belle matinée pluvieuse en plein mois d’août résonne presque comme une bénédiction pour nos deux pêcheurs. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Une pluie bienvenue

En cette journée estivale, nous sommes début août, la météo annonce pourtant de la pluie pour la matinée. Ce n’est pas pour déplaire à nos deux compères qui savent qu’une grande luminosité n’est pas toujours favorable à la pêche des silures. Les plaisanciers seront également moins nombreux, il y a donc un bon coup à jouer avant le déjeuner. La mise à l’eau a lieu du côté de Charpignat et, à ma grande surprise, Christophe met les gaz vers le secteur du Lido, juste en face, évitant soigneusement la fameuse embouchure de la Leysse. « C’est le spot à silure du lac, c’est vrai, mais il est surpêché, m’explique-t-il en bon tacticien. Ils deviennent très difficiles à prendre là-bas, on risquerait surtout d’y perdre notre temps ! » Il positionne le bateau assez près de la berge, non loin d’une petite arrivée d’eau, sur une profondeur d’une douzaine de mètres. Il attaque au ver, avec un octopus à billes bruiteuses de 120g, Hervé s’occupant du clonk. Christophe se positionne à l’aplomb de la sonde pour bien voir son montage. Il laisse descendre son appât à mi-hauteur et commence à faire claquer les perles sur une vingtaine de centimètres d’amplitude, les yeux rivés sur l’écran. Et la touche survient très rapidement, à peine cinq minutes après être arrivés sur le poste. Un premier silure de 90 cm est amené facilement à l’épuisette. Et je me dis que c’est un bon début !

Un gars qui donne du clonk et l’autre qui pêche. Les deux amis alternent entre chaque capture pour ne pas trop perturber les postes.
Crédit photo : Thierry Bruand

Venus de nulle part

Nos deux compères ont bien choisi leur emplacement et deux autres poissons sont capturés quasiment dans la foulée. Assez surpris par la rapidité des touches, je demande à Hervé combien de boîtes de vers canadiens ils ont prévu ? Il me rassure en m’expliquant qu’il y a tout ce qu’il faut dans la glacière. Christophe rate toutefois un poisson, vu très nettement à l’écran. « Le silure est arrivé par le côté et mon montage était trop bas, admet-il. Je l’ai rapidement remonté mais cela a dû l’effrayer ! » C’est une des grandes différences avec la rivière où les silures sont souvent plus ou moins posés sur le fond et décollent. Sur ce lac immense et très profond, les poissons arrivent un peu de nulle part et il faut donc être très réactif. Christophe reste très concentré sous la pluie battante. Une tentative au lipless ne donne aucun résultat. Il tente un vif, pour essayer de déclencher un plus gros poisson et deux nouveaux silures sont piqués mais ils ne dépassent pas le mètre. Nos deux champions décident de laisser reposer le poste et nous prenons alors la direction du nord.

Un premier silure est pris au bouquet de vers de terre sur un octopus. Le claquement sec et répété des billes obtenu par l’animation de l’ami Christophe a de toute évidence fait son effet. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Le beau temps

Une brève tentative au niveau d’Aix-les-Bains, à l’embouchure du Sierroz, l’autre principal affluent du lac, est un échec. C’est dans la fameuse baie de Grésine, encore plus au nord mais toujours rive droite, que Christophe positionne maintenant son bateau. Après quelques tâtonnements, nos deux Savoyards trouvent les poissons. La pluie s’est arrêtée et le temps commence à se dégager comme il avait été annoncé. Les conditions pour obtenir de bonnes photos s’améliorent et je mets un peu la pression sur mes deux amis pour qu’ils m’attrapent un vrai beau poisson. Et comme toujours avec eux, le plan va se dérouler sans accroc…

Hervé n’est pas en reste et enchaîne lui aussi sans coup férir les captures de poissons bien dans la moyenne des tailles que l’on observe ici au Bourget. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Un petit record...

Après deux nouveaux poissons capturés sur ce poste, ne dépassant toujours pas le mètre, c’est au vif qu’Hervé va prendre le plus gros de la journée : 1,22m très exactement. Une belle séance photo peut commencer. Tous trois, nous savons parfaitement que les traqueurs de silure réguliers trouveront ce poisson bien modeste mais pour Le Bourget, c’est déjà un beau spécimen (voir encadré). « Nous allons tenter le coup sur la berge sauvage, de l’autre côté, m’annonce Hervé. Elle est beaucoup plus profonde et les postes sont moins marqués mais de beaux spécimens ont été pris par les pêcheurs de brochets ces dernières semaines ! » Mais l’opération se révèle compliquée et, en une heure et demie, nos deux champions n’enregistrent qu’une seule touche, 15m sous la surface dans 60m de fond. Un poisson visiblement suspendu qui n’est pas ramené au bateau à cause d’une casse bien inhabituelle pour nos deux compères, des pêcheurs toujours extrêmement bien préparés.

Une histoire pas si nouvelle que ça

Cela fait une petite dizaine d’années que des silures sont régulièrement capturés sur Le Bourget. Quelques très beaux spécimens avaient aussi été capturés il y a quelques décennies mais de façon ultra anecdotique. Cette colonisation récente peut venir d’introductions sauvages mais bien plus sûrement de la connexion avec le Rhône via l’exutoire du canal de Savières. L’explosion des populations correspond à peu près avec la restauration, en 2014, de la passe à poissons du canal. Leur courbe de croissance a été étudiée. Ils atteignent un mètre vers six ans avec une augmentation d’une grosse dizaine de centimètres par an. Les plus grands mesurent généralement 1,30m. Les eaux du Bourget, lac typiquement alpin, sont relativement froides et ne favorisent pas la croissance. Paradoxalement, ces températures assez basses, associées à l’immensité du milieu, devraient leur permettre d’atteindre des tailles maximales plus grandes, comme pour les brochets. Les contenus stomacaux montrent en tout cas que ces poissons se nourrissent ici à 80% d’écrevisses, de perches et de gardons, en zone littorale. Merci à Victor Frossard, hydrobiologiste, maître de conférences à l’Université de Savoie – Technolac… et pêcheur !

Les nuages ont enfin disparu et la pluie a cessé. C’est mieux pour les photos, mais pas forcément pour la pêche. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Un avenir prévisible

Retour donc au Lido vers 16h00 pour finir la journée. Un dernier silure dépassant sensiblement le mètre est capturé au vif par Hervé portant le score final à neuf poissons. Merci au team Alpes Pêche pour cette belle leçon qui montre que, vraisemblablement, d’ici quelques années, le lac du Bourget sera devenu un hot spot pour la pêche du silure en France. Même s’il y a fort à parier que cela ne sera pas forcément du goût de tout le monde !

Les scientifiques évoquent une croissance lente des silures du Bourget mais parient sur de futures tailles records. 
Crédit photo : Thierry Bruand

Le matériel d'Hervé et Christophe

  • Bateau : Superguide V16 (Tracker)
  • Moteur thermique : 115CV (Mercury)
  • Moteur électrique : Terrova BT 80lbs (Minn Kota)
  • Sondeur console : Solix 10 (Humminbird)
  • Cannes : Fireball 200 (Black Cat) 180-280g, Bassforce (Hearty Rise) 40-120g
  • Moulinet : Spheros 8000 (Shimano)
  • Tresse : 4brins (Power Pro) 32/100
  • Hameçons : ST66 (Owner) n°1/0 à 3/0

Astuce 1 : Hervé a demandé à son père, qui travaille le bois, de lui fabriquer les clonks qu’il voulait. Ils ont ainsi obtenu des outils avec deux types de sonorité en fonction des conditions. Ses clonks, en bois exotique ou en frêne, sont aussi déclinés en plusieurs tailles pour s’adapter aux différentes hauteurs de franc-bord du bateau ou le placement sur celui-ci
Crédit photo : Thierry Bruand

Atuce 2 : sachant que toucher avec leurs barbillons du plomb ou tout autre métal provoque un refus chez les silures, les deux compères vernissent ou plastifient tous leurs lests et leurs hameçons
Crédit photo : Thierry Bruand

"Pour recevoir chaque semaine toutes les actus de la pêche, nos concours, nos bons plans, nos sorties vidéos, nos articles gratuits et bien plus encore... inscrivez-vous vite à notre Newsletter !"

Je m’inscris à la newsletter

Silures

Magazine n°927 - Août 2022

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15