Que ce soit dans les reportages TV ou sur Internet, la pêche semble toujours facile. Pourtant, ces images de captures exceptionnelles nous cachent souvent de longues heures de prospection, voire des jours ou même des semaines. Rares sont les lancers au hasard du cours d’eau qui ont été récompensés du premier coup. C’est notre expérience et notre connaissance des poissons et du secteur qui nous permettent de tirer notre épingle du jeu. Lorsque l’on pêche une zone, c’est souvent parce que des éléments nous ont conduits à déterminer la présence du poisson. Les silures n’étant pas visibles sous la surface, nous pouvons cependant déceler leur présence grâce à d’autres espèces. En effet, au lever du jour, de nombreux cyprinidés montent en surface. Aussi, les gros gardons, les brèmes, les hotus, les barbeaux et bien d’autres sont des proies potentielles pour les silures. Ils ne sont donc jamais bien loin de leur garde-manger. Une fois ces cyprinidés repérés, vous pouvez être certains que cette zone abrite des silures. Mais pourquoi ces carnassiers réagissent-ils certains jours sur nos leurres et à d’autres reprises sur des appâts ? Pourquoi faut-il les chercher au ras du fond et d’autres fois en pleine eau ? Eh bien, tout dépend du comportement journalier du carnassier. Des éléments doivent alors attirer notre attention, afin de faciliter notre traque de ce poisson trophée. Au travers de ces quelques lignes, je vais tenter de vous aider à mieux comprendre ce poisson en vous dévoilant certains résultats obtenus après plusieurs décennies de traque du silure.
Mettons la pression sur le silure !
Ce fameux mucus qui le caractérise tant permet au silure d’avoir la peau protégée des agressions, mais également de percevoir le moindre changement de pression atmosphérique et de température. Cette sensibilité influence alors directement le comportement du poisson. Elle va donc jouer sur son agressivité et son positionnement dans la couche d’eau. Vous comprenez alors qu’un changement de température brutal n’est jamais bon pour ces poissons. Si un coup de froid va plonger les silures dans une forme de léthargie, un coup de chaud peut également stopper leur activité. C’est d’autant plus flagrant lorsque les eaux se refroidissent soudainement (la fonte des neiges). Ces eaux grisâtres sont toujours de mauvais augure pour la pêche du silure. À l’approche de l’hiver, les premiers froids calment les glanes. Il faut généralement une bonne semaine d’adaptation aux prédateurs pour que ces derniers reprennent leur activité alimentaire. Ce qu’il faut retenir, c’est que le silure est beaucoup plus actif lorsque la température est stable. Lors des belles journées calmes d’automne (le fameux été indien), de gros silures sont capturés aux appâts et aux vifs. L’anticyclone installé, les pressions atmosphériques sont stables et tous les paramètres sont réunis pour maintenir l’activité des carnassiers avant les premiers froids. Cependant, il est possible de réaliser de très belles pêches, même lorsque le thermomètre passe sous la barre des 5°C. Tout est une question d’acclimatation du poisson aux températures. Aussi, lors des journées hivernales, privilégiez toujours les heures les plus chaudes. Entre 12h00 à 14h00, il se peut qu’il y ait des surprises.
Le monde du silence
Lorsque les éléments se déchaînent (pluie, vent, tempête) avec des niveaux d’eau en hausse, ce sont les pêches aux leurres qui doivent être mises en œuvre. Dans ces conditions, nous n’allons pas jouer sur le côté alimentaire, mais plus sur l’agressivité du carnassier. Le leurre permettant de battre du terrain, vous localiserez plus rapidement les carnassiers. Et il va falloir faire du bruit sous l’eau pour permettre au prédateur de repérer notre artificiel rapidement. Le monde du silence, comme le décrivait le cé lèbre plongeur Jacques-Yves Cousteau, devient alors un véritable vacarme de roches, des galets, des branches s’entrechoquant et dérivant dans le courant. Il faut alors se démarquer de tous ces bruits subaquatiques. À l’aide des barbillons et des organes de détection que sont les ampoules de Lorenzini, les silures sont capables de détecter la moindre vibration même dans les eaux les plus turbides. Aussi, les leurres souples (LS) émettant de grosses vibrations donnent souvent de meilleurs résultats. S’agissant des LS, de type shad, leurs grosses caudales carrées sont excellentes dans ces conditions. Un rattle inséré dans le corps du leurre souple est un artifice qui peut également faire la différence. Les touches d’agressivité sont facilement identifiables par la position du leurre sur les mâchoires du silure. Un leurre piqué sur le dessus de la tête et le bout des mâchoires n’a pas été aspiré, mais juste percuté par agressivité. À l’inverse, lors d’une touche alimentaire, le leurre est complètement aspiré au fond de la gueule. Ces deux formes de touches doivent alors attirer votre attention sur la vitesse de prospection à adapter. Lorsque les glanes réagissent par agressivité, provoquez-les ! C’est avec des animations brutales et assez rapides que vous allez augmenter le nombre de touches. Inversement, lors de touches alimentaires, ralentissez votre prospection, car les silures vont cibler des proies assez vulnérables, plus faciles à attaquer. Le linéaire lent au ras du fond à l’aide d’un LS ou d’une cuiller ondulante fait toujours des merveilles. Restez donc attentif sur la façon dont votre leurre a été attaqué, car vous pourrez alors adapter votre vitesse de prospection et ainsi comprendre l’activité des carnassiers.
Le comportement du silure à l'entrée de l'hiver
À la suite de la chute des températures, les silures regagnent les profondeurs du cours d’eau. Ils préfèrent rester au ras du fond. Les techniques de pêche en verticale restent alors les plus efficaces, qu’elles soient pratiquées aux leurres ou avec des appâts naturels. Sur de belles journées ensoleillées, les heures les plus chaudes seront souvent les plus productives. Lorsque les premiers froids se font sentir, il est inutile de se lever aux aurores pour tenter votre chance. Définir à l’avance les meilleures heures de la journée peut être un gage de réussite.
Astre et pression, l’influence sur les poissons…
Si vous êtes encore sceptique sur l’influence des astres sur la pêche, alors je vous invite à lire ces constatations et à faire des tests par vous-même. La lune a, depuis la nuit des temps, été le sujet de longues discussions. Pourtant, si c’est une évidence pour les pêcheurs en mer, beaucoup de pêcheurs d’eau douce doutent encore de l’influence de l’astre sur l’activité des poissons. Après plusieurs années à avoir noté des résultats de pêches, certaines constatations nous montrent que le positionnement lunaire autour de la terre a une influence sur les résultats de nos pêches. Par exemple, une nuit noire (nouvelle lune) promet souvent une belle partie de pêche du lendemain. Ces 24 heures où l’astre va passer dans l’ombre de la terre influencent l’activité sur les silures. C’est d’autant plus flagrant lorsque les eaux sont claires. L’obscurité met alors ces prédateurs en activité dès le lever du jour. À l’inverse, la pleine lune sera à redouter ! Celle-ci est souvent annonciatrice d’une journée de pêche difficile à venir. Pour avoir partagé ces constatations avec des spécialistes du silure sur des fleuves et des rivières du bassin océanique, plusieurs d’entre eux ont pu remarquer un lien entre les horaires des marées et les périodes d’activité des silures. Nous ne sommes pas en train de dire que c’est l’océan qui provoque cette activité ! Non, en revanche, il est peut-être intéressant de noter qu’au moment des horaires de marée haute, même à des centaines de kilomètres de l’océan, les silures réagissent à ce phénomène. Nous avons tous déjà constaté qu’au cours d’une journée de pêche, les poissons peuvent entrer en activité et d’un seul coup s’arrêter de manger. Cela ressemble étrangement au moment de « l’étale », bien connu des pêcheurs en mer, qui diminue toute activité des poissons. La lune n’agit pas uniquement sur les océans mais également sur la croûte terrestre, il y a donc fort à parier que nos chers poissons d’eau douce perçoivent ces mouvements.
Anticyclone stable
Les pressions atmosphériques qui ne sont pas ou peu exercées par la Lune jouent également un rôle sur l’activité des silures. Plus l’anticyclone est installé avec des pressions hautes et stables, meilleure sera la pêche. Inversement, lors des phases dépressionnaires avec l’arrivée de la pluie, la traque devient plus difficile. Les silures disparaissent alors de nos échosondeurs. Ces derniers se tapissent immobiles au fond du cours d’eau. Cette réaction lors des chutes de pression atmosphérique est particulièrement facile à constater lorsque le temps est à l’orage. Avant la formation des nuages chargés d’électricité, les poissons restent particulièrement actifs. Dès que le temps se couvre et que la pression tombe avec l’arrivée des premières gouttes, alors les silures disparaissent et l’activité baisse. Une fois l’orage passé, les pressions remontent en flèche, tout comme l’activité des carnassiers. Dans ces phases orageuses, la pêche aux leurres reste une valeur sûre, notamment avec des leurres agressifs comme les lames vibrantes et les poissons nageurs de type crankbait. Alors, même si nous n’allons pas attendre les horaires de marée, le baromètre et les cycles lunaires les plus propices pour pêcher, il peut quand même être intéressant de prendre rapidement connaissance du meilleur moment de la journée. Qui n’a pas arrêté sa pêche à midi sans résultat, alors que le copain a réalisé une pêche de rêve l’après-midi ? Toutes ces informations peuvent nous aider à définir les meilleurs moments pour traquer les silures. Mais, comme la pêche n’est jamais écrite d’avance, n’oublions pas que seuls ceux qui vont à la pêche peuvent attraper du poisson.
Les différentes conditions | Haute pression | Basse pression |
Pleine lune | Résultat de pêche aléatoire | Mauvais résultat de pêche |
Nouvelle lune | Très bonnes conditions de pêche | Résultat de pêche aléatoire |