Après le retrait de l’organisation à la Russie pour les raisons qu’on lui connaît, et dans le but d’offrir à l’ensemble des compétiteurs un site à la hauteur de l’évènement, c’est le lac de Pannecière, sur la commune de Chaumard dans la Nièvre qui a été retenu pour recevoir les 23es championnats du monde de pêche de la carpe. Doté d’un cheptel en carpe exceptionnel, le lac de Pannecière détient le record du monde de prises capturées lors d’une compétition officielle de pêche de la carpe, c’était en 2018, lors des manches finales du championnat de France senior, où plus de 26 tonnes de carpes pour 9 608 pièces, ont été capturées par 48 binômes sur 2 manches de 72 heures.
Une compétition XXL
Avec 32 nations participantes cette année au mondial, ce championnat du monde masculin n’est autre que le plus grand jamais organisé. En conséquence, ce ne sont pas moins de 96 postes qu’il a fallu implanter sur les berges du barrage, et plus de 10 km de rubalises ont été nécessaires à leur délimitation. Près d’une centaine de bénévoles ont œuvré, en amont de ces championnats pour l’organisation, mais aussi nuit et jour lors de la compétition pour la sécurité et l’arbitrage des pesées.
Le tirage au sort des postes et la pêche
Après plusieurs mois d’entraînement, ne laissant que très peu de place au hasard dans l’élaboration minutieuse de la stratégie, le tirage au sort de la grille des postes reste néanmoins l’ultime étape renfermant encore une part de chance et d’incertitude quant à la réussite ou non de la compétition. Ce sera la grille n°29, que sortit du boulier Nicolas Patin, capitaine de l’équipe de France : « Un tirage comme je l’avais espéré, pas une grille exceptionnelle, mais moyenne, comme la majorité d’entre elles. » La pêche se déroula globalement comme prévu, sur le secteur A, Fred Potiquet et Nicolas Brenier héritent d’un poste plutôt compliqué par rapport aux autres. Le manque de profondeur est une difficulté supplémentaire pour garder les poissons en permanence sur le poste (11 m au plus profond contre 20 m minimum pour le restant du secteur). Les entraînements sur la pêche au fond, et notamment la nuit ont payé, car pendant plus de 68 h, Fred et Nico tiendront la tête du secteur. Sur le secteur B, Julien Charrais et Kévin Carrico, se voient attribuer un poste pas si évident en raison d’un fort dénivelé rendant l’installation très difficile. Déjà médaillés de bronze l’an passé en Hongrie, ils auront encore une fois donné une leçon de pêche à l’ensemble des compétiteurs présents autour du lac, en prenant dès les premières heures et jusqu’à la fin de la compétition, la tête du classement générale, s’offrant le titre suprême de champions du monde individuels avec 143 prises pour un poids total de 604 kg ! Enfin, sur le secteur C de Grégoire Delrieux et David Teyssere, la pêche a commencé beaucoup trop loin (85 m), en raison d’une erreur de sondage, et les touches ratées bien trop nombreuses : « Le fond du lac à cet endroit est jonché d’une multitude de petits arbustes qu’on a loupé sur l’échosondeur lors du sondage préalable. » Dès le lendemain à l’aube, et rectification faite, le binôme revient dans la course : « La pêche va très vite à Pannecière et sur un poste très physique comme celui-là, entre pierres et rochers, le moindre retard est difficile à rattraper. »
L'équipe de France masculine est vice-championne du monde par équipe
Déjà médaillée trois fois en argent, et trois fois en bronze, l’équipe de France était cette année, et sur ses eaux, en quête du titre tant convoité depuis de nombreuses années. Après avoir été en tête du classement général des nations jusqu’à quelques heures avant le coup de sifflet final du championnat, l’équipe de France se voit reculer d’une place, au profit de l’Ukraine, qui remporte pour la troisième fois en équipe les championnats du monde. La République tchèque complète le podium des nations.
Les femmes en or
Après une 6e place obtenue l’an passé en Angleterre, et l’arrivée de nouvelles compétitrices dans l’équipe, encadrée par Aurélien Tetard, l’équipe de France Féminine était cette année plus déterminée que jamais à atteindre les sommets. L'objectif était clair : poursuivre les performances des garçons, et pourquoi pas plus.
Numéro 1, comme un signe
Au matin de la compétition, la France est la première nation à tirer au sort sa grille de postes et c’est également la grille n°1 qui est tirée par Aurélien… Un signe qui promet la plus belle des suites ? Le binôme Laurie Blachon et Myriam Montegu occupera l’aile amont du secteur A, Hélia Leclerc et Elise Masset seront sur le secteur B et Alice Duarte et Sabine Dal-Cin sur le secteur C. Malgré trois postes encombrés, arbres, blocs de roches et cassures abruptes, l’équipe de France prend les devants au classement général dès les premières heures de la compétition. Contrairement à la semaine précédente lors du championnat masculin, cette fois-ci, la météo est beaucoup plus stable et offre des conditions de pêche très favorable. Les touches s’enchaînent avec tout de même des nuits plus calmes que les journées. Maniant des zigs de parfois 18 mètres, les filles ont laissé sans voix leurs adversaires. Fortes d’une préparation intensive et commune à l’équipe des hommes, à mi-compétition les filles affichent un score parfait de 3 points, occupant la première place sur chacun des trois secteurs. Lors de la dernière matinée, c’est une bataille franco-française pour le podium individuel qui se joue sur les berges du lac. Les Hongroises Daniella Csernyak et Rita Silkodi, voisines directes de Laurie et Myriam, viennent jouer les trouble-fêtes en leur arrachant la victoire de secteur à la dernière minute.
Deux médailles d'or
L’équipe de France féminine remporte pour la deuxième fois, après Villeneuve-de-la-Raho en 2019, ces 4es championnats de monde, devant l’Ukraine, championne du monde en titre. En individuel, Sabine Dalcin et Alice Duarte obtiennent une médaille de bronze, tandis que Hélia Leclerc et Elise Masset décrochent le titre suprême, et ceux pour la deuxième fois.
