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Grosses truites en sèche : profitez des occasions

Prendre de grosses truites en mouche sèche est un défi mais qui reste tout à fait réalisable dans l’Hexagone et dans la majorité des pays européens. Nul besoin donc de partir aux antipodes en direction de l’hémisphère Sud pour réussir de superbes coups de ligne! Même si la technique la plus efficace pour prendre de gros poissons tout au long de la saison reste la nymphe à vue dans les rivières qui permettent de la pratiquer, la sèche autorise, sur certains cours d’eau riches en insectes aquatiques, de capturer de véritables trophées. Même les plus gros spécimens pointent le bout de leur nez en surface et ce sont des moments à ne pas laisser passer !

La taille d’une « grosse truite » est, bien entendu, à mettre en rapport avec les cours d’eau que vous fréquentez. Un poisson d’une quarantaine de centimètres est un très beau spécimen sur des rivières acides ou en montagne en tête de bassin. Sur les grands cours d’eau de Piémont ou de plaine, cette mesure est plutôt au-dessus d’une bonne cinquantaine de centimètres. Avec l’arrivée du printemps et l’ouverture de la pêche en première catégorie, la pêche en sèche retrouve ses lettres de noblesse. Il faut profiter des éclosions de début de saison pour faire ses armes et notamment de l’arrivée souvent précoce des fameuses « March Brown » (Rhithrogena Germanica ou Rhithrogena Haaruppi) qui attirent dès le mois de mars, suivant les conditions météorologiques, nos belles mouchetées à la surface. Il faut alors profiter des heures les plus chaudes et ensoleillées de la journée pour dégainer nos grandes imitations. Alors, faut-il pêcher les postes ou seulement les gobages ?

Voici ce que l’on rêve de voir, un gros poisson attablé en surface. Ici, nous n’avons pas le droit à l’erreur et une bonne présentation est primordiale pour ne pas caler la truite.
Crédit photo : Herlé Hamon

Profitez des éclosions

Les grosses bouchées que représentent une March Brown ou une mouche de mai par exemple (Ephemera Danica et Vulgata) peuvent déclencher des montées sans que le poisson soit très actif. Cependant, il est clair qu’une truite déjà en poste et repérée vous offre une véritable chance de capture. Dans le cas de la recherche des beaux poissons, je vous conseille donc de ne pas trop perdre de temps à peigner l’eau. La pêche dite à la « néo-zélandaise » est alors la plus efficace, à savoir parcourir de longues distances au bord de l’eau en observant les signes de la présence d’un joli spécimen en poste. Certains guides du sud-ouest, notamment sur les Gaves, sont passés maîtres dans ce type de traque en sèche. Ils ne pêchent quasiment que les gobages sur les bordures. Il peut alors y avoir seulement deux ou trois occasions dans la journée mais bien souvent sur des poissons « trophées » qui prennent la mouche la majorité du temps si la présentation est bonne ! En sèche, encore plus qu’en nymphe, le premier lancer et donc la première dérive sont primordiaux. Un posé trop long, une mouche qui drague beaucoup et la belle fario se cale. Il faut donc utiliser de longues pointes qui facilitent les posés « paquet » et permettent une bonne présentation surtout lorsque l’on doit attaquer plein amont. Trois quarts avals, les lancers en revers plutôt que linéaires aident au bon placement de votre bas de ligne et écarte votre soie par rapport au poisson. Cela fait la différence sur de grosses truites souvent éduquées. Les dérives plein aval qui présentent la mouche en premier sont aussi intéressantes lorsque cela est possible.

Le soleil a disparu sur l’horizon, c’est le temps du fameux « coup du soir ». Deux jolies truites se sont installées, il va falloir soigner le premier lancer
Crédit photo : Herlé Hamon

Le casse-tête des insectes minuscules !

Dans le cas de figure d’éclosions de très petits éphémères type Caenis par exemple ou de certaines variétés de « midges » la pêche peut devenir un véritable casse-tête. Les poissons deviennent alors hyper sélectifs gobant bien entendu ce qu’il y a de plus petit sur l’eau… Il est alors très compliqué de voir sa mouche qui, pour être efficace, est montée au mieux sur hameçon de 22 ou 24. Une astuce que j’utilise alors est de pêcher à deux sèches, une assez voyante genre petit parachute en 14 ou 16 qui va servir d’indicateur, placée entre trente et quarante centimètres de la minuscule imitation qui, elle, va réellement pêcher. J’attache en général directement la petite artificielle dans l’œillet de la plus grosse. Cette technique m’a permis de capturer quelques jolis spécimens que j’aurais certainement manqués avec une seule mouche. En avançant dans la saison, un autre moment privilégié pour la pêche en sèche est le fameux coup du soir. Ce moment magique où, à partir du mois de juin et pendant l’été, la rivière se réveille aux dernières lueurs du jour. La chute des températures élevées de la journée déclenchant l’éclosion des insectes aquatiques et bien souvent des trichoptères.

Les cours d’eau de montagne sont parfaits pour la pêche en surface. Certains parcours possèdent de beaux poissons souvent enclins à gober.
Crédit photo : Herlé Hamon

Le fameux coup du soir !

Les grosses truites se mettent alors activement en quête de cette manne providentielle n’hésitant pas à se déplacer parfois de plusieurs mètres pour gober goulûment un gros sedge glissant sur la surface pour rejoindre la protection de la végétation rivulaire. Entre chien et loup, il est encore possible de repérer son poisson et de se concentrer sur un gobage prometteur. Mais, bien vite, la luminosité déclinante va rendre cela très difficile. Pire encore, lorsque l’on entend les gobages sans les voir. Il est alors temps de passer à une pêche trois quarts aval en faisant glisser sur l’onde une imitation assez fournie de gros trichoptère dans la zone que nous considérons comme la plus propice. J’utilise le plus souvent une variante de l’excellent « Drag Sedge » de Florian Stéphan en hameçon 12 voire 10 avec une belle collerette en poil de lièvre qui m’apporte le « v » recherché. Cette pêche à « l’oreille » a quelque chose de magique et, même s’il faut avouer que l’on rate souvent son ferrage surpris par l’attaque violente d’une belle fario, cela permet de temps à autre la capture d’un poisson exceptionnel qui ne se serait pas montré en journée.

Les parcours en aval des grands barrages ont une eau froide toute l’année et sont souvent favorables aux éclosions dès le début de saison.
Crédit photo : Herlé Hamon

Sèche à vue ; la quintessence de la pêche au fouet

Tout au long de la saison mais surtout à partir des beaux jours, lorsque les rivières sont basses et claires, il est possible de repérer de jolies truites faisant les bordures à la recherche de leur pitance bien souvent tôt le matin. Dans ce cas, la nymphe à vue est, bien sûr, tout indiquée mais la luminosité n’étant pas toujours bonne, une petite sèche bien présentée fait souvent l’affaire. Pour ceux qui ne maîtrisent pas encore parfaitement l’art de la nymphe et du ferrage au bon moment, cette technique est une bonne alternative. Pour en revenir à la Nouvelle-Zélande et à ses poissons trophées, la plupart des guides dans ce pays attaquent la truite repérée en sèche avant de passer en nymphe si elle refuse. Bien entendu, la Nouvelle-Zélande a une place particulière dans le paysage halieutique mondial. Cependant, l’expérience m’a montré qu’il est bien souvent possible de retranscrire chez nous des techniques apprises aux antipodes ! Pour la sèche à vue, il vous faut utiliser un long bas de ligne avec une pointe fine en rapport avec l’imitation utilisée et la rivière que vous pêchez. Je vous conseille de dégraisser soigneusement au moins les 30 centimètres de nylon avant la mouche ou d’utiliser un fluorocarbone même en sèche ! Ensuite, l’action de pêche est la même qu’en nymphe : il s’agit de déposer son artificielle avec un posé détendu, type « parachute » ou « paquet », soit dans la zone où se trouve le poisson pour une truite en poste, soit sur son passage pour une maraudeuse faisant un circuit. L’observation de la rivière est primordiale pour choisir sa sèche. Pour cette technique souvent matinale, les spents d’éphémères ainsi que les terrestres comme les petits coléoptères donnent de bons résultats. Mais encore une fois, l’important est d’analyser le comportement de notre belle fario avant de tenter sa chance.

Un poisson parfait en taille comme en couleur, pris en sèche par mon ami Franck sur un CDC.
Crédit photo : Herlé Hamon

Ne ferrez pas trop vite !

Dernier conseil mais pas des moindres, sur les gros poissons prenez votre temps pour ferrer. Si vous levez la canne trop tôt, vous enlevez la mouche de la gueule de la truite. Il faut la laisser redescendre tranquillement avant le ferrage pour que votre petite imitation puisse se planter dans ces larges mâchoires. Cela est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un mâle bien bécard ! La pêche en sèche est à l’origine de notre sport. En Mésopotamie, il y a des siècles, les premiers « moucheurs » enroulaient des plumes de coq et de poule sur des semblants d’hameçons. Cette pratique originelle reste la plus agréable et sensationnelle qui soit. Observer une superbe fario percer la surface pour cueillir un insecte dérivant aux grés des flots est un instant magique dont je ne me lasserai jamais !

Pour peu que l’on fasse preuve de stratégie, la capture en sèche d’une grosse truite est un réel plaisir.
Crédit photo : Herlé Hamon

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