Les pêcheurs que nous sommes n’utilisons pourtant cette connaissance que très occasionnellement. Pour preuve, les esches les plus utilisées sont le maïs doux, les pellets, asticots et bouillettes, autant d’appât exogènes qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce que trouvent les carpes au naturel. Cependant, les carpes adorent nos appâts, car elles y trouvent leur compte et qu’ils sont attractifs gustativement. Je lis et entends très souvent que les carpistes amorcent à l’avance avec des kilos d’appâts, ce qui est pourtant loin d’être la norme.
Attractivité
Pour ma part je ne suis pas adepte des amorçages massifs et même sur des eaux vastes je n’utilise que très peu d’appât, environ un à deux kilos par week-end. Je suis une grande fan des présentations naturelles, et j’abandonne les appâts dit ultra-attractifs, les nappages très olfactifs et les couleurs vives. Et malgré cela, j’ai réussi à prendre la plupart de mes plus grosses carpes avec des appâts à première vue insignifiants par rapport aux « standards » carpistes. Alors qu’à l’inverse, on constate que les plus petits poissons se jettent sur les bouillettes « flashy » et le maïs jaune…
Big fish à l’horizon
Ainsi, de mon point de vue les appâts les plus naturels rapportent plus fréquemment de gros poissons. J’ai voulu tirer profit de cet état de fait il y a quelque temps pour aller encore un peu plus loin qu’une simple bouillette sans colorant ni arôme. Je pêchais sur un nouveau plan d’eau et je voyais pas mal de gros escargots se déplacer sur le fond. Des proies idéales pour une grosse carpe affamée, facile à manger et pleins de protéine ! Mais comment faire pour en augmenter l’attraction et faire que l’escargot que je voulais escher se distingue de tous ceux sur le fond ? Très simple ! J’ai utilisé des coquilles vides que j’ai remplies de pâte d’enrobage. Mon escargot « leurre » offrait donc deux atouts de séductions pour les carpes : sentir très bon, et ne pas pouvoir s’échapper !
Avant toute chose, il faut trouver et choisir des coquilles vides. Je les préfère assez grosses, avec un diamètre de 2 à 3 cm, et je les ramasse sur la berge, en choisissant les moins vieilles pour qu’elle soit en bon état. Il faut ensuite bien les nettoyer avant de les remplir de pâte, avec deux options possibles :
Option 1 : La pâte d’enrobage du commerce
Utiliser une pâte d’enrobage crue du commerce pour remplir les coquilles. La plupart de ces pâtes sont faites avec de l’eau et non des œufs, afin de ne pas durcir. J’utilise la « tough paste » de Dynamite Baits, qui ne peux être utilisée que crue. Cela implique qu’elle doit être pressée doucement dans la coquille, dans laquelle elle tient entre 5 et 10 heures, en fonction de la température et de l’activité des indésirables. Je choisis cette variante si je ne pêche qu’une nuit et pour les pêches rapides en journée. La pâte crue libère rapidement ses effluves dans l’eau et fonctionne très bien.
Option 2 : La pâte d’enrobage maison
Utiliser un mix à bouillette et le mélanger avec des œufs et l’arôme de votre choix. Dans cette variante, la coquille est d’abord remplie de pâte avant d’être bouillie quelques minutes. La pâte est ainsi assez dure pour tenir pendant 48 heures dans l’eau. C’est la solution que je préfère lorsque je pêche pour un week-end, en plaçant le montage et en ne touchant plus la canne de la session tant qu’il n’y a pas de touche. De cette façon, j’évite toute perturbation de la zone et je présente l’escargot « farci » de la façon la plus naturelle possible.
Pas à pas …
Il faut noter que lorsque l’on insère la pâte dans la coquille, il faut le faire délicatement pour ne pas la briser, tout en prenant soin de ne pas laisser trop d’air emprisonné sans quoi vous obtiendrez une esche flottante ! Ce n’est cependant pas grave s’il y a un peu d’air, car cela équilibre l’escargot et le rend plus naturel en présentation. Avec un peu de pratique vous obtiendrez rapidement des esches parfaites. L’eschage est quant à lui très simple : percez doucement un trou avec un micro-foret à bouillette, avant le positionner sur le cheveu comme n’importe quelle bouillette. Il est préférable d’utiliser un bas de ligne rigide qui ne s’emmêle pas en lançant ce type d’esche. Si vous pouvez utiliser un bateau amorceur ou une barque, n’importe quel bas de ligne est envisageable.
Pour le cheveu, laissez un bon centimètre entre l’hameçon et l’escargot, en raison de la taille de celui-ci. Je recommande un hameçon de taille 2 pour des escargots de 4 à 5 centimètres.
Pour ce qui est de l’amorçage, je le réduis au minimum avec cette tactique, et j’enrobe mon plomb avec la même pâte. De la sorte, elle diffuse rapidement autour du montage et se dissout en quelques heures. Vous pouvez alternativement utiliser des bouillettes, mais avec parcimonie, une poignée au maximum.
Avec cette tactique, je combine l’effet séduisant de la nourriture naturelle à laquelle la carpe est habituée depuis des décennies avec l’attraction de la pâte. Une association très efficace, particulièrement pour des poissons éduqués et méfiants, et qui a l’avantage d’éviter les poissons blancs et autres écrevisses.