L’ouverture de… Kevin Le Lan : «J’irai revoir ma Normandie »
Kévin le Lan ! Avec un nom pareil, c’est en terre celte que tu fais ton ouverture ?
Kevin Le Lan : Oui ce n’est pas pour rien que mon nom à des consonances bretonnes, j’ai passé mes 25 premières années à arpenter les petites rivières et les fleuves côtiers de Haute-Normandie. La pêche de la truite fait partie de mes premiers souvenirs de pêcheur. Mon enfance a été marquée par l’ambiance particulière de cette période d’ouverture. Après avoir pêché au toc puis à la mouche, c’est vraiment au leurre que j’aime aborder à présent cette première partie de la saison, en attendant les premières belles éclosions.En Haute-Normandie, nous avons beaucoup de petites rivières, à l’instar de la Durdent et la Valmont, qui s’écoulent dans des vallées calcaires, avec des eaux claires. C’est ce type de profil que j’affectionne tout particulièrement. Depuis maintenant six ans, je vis en Bretagne et travaille dorénavant chez Ardent Pêche. Dans le Morbihan, j’ai le plaisir de retrouver ces petits milieux pour traquer la truite, sur le haut Scorff, la Sarre et les petits affluents du Blavet notamment.
Quelles sont les caractéristiques de ces petites rivières ?
K. L. L. : Les milieux sont comprimés, les eaux acides et assez pauvres en nourriture, ce qui a pour effet de produire des petits poissons avec une croissance très lente. En revanche, ces truites ont des robes somptueuses qui peuvent varier énormément d’une vallée à une autre. C’est bien la beauté de ces poissons qui me fascine.
Comment choisis-tu tes parcours en début de saison ?
K. L. L. : Je cherche le haut des rivières encore accessibles, car la végétation n’a pas repris ses aises. Il s’y trouve de jolis poissons qui, après la reproduction, ne sont pas tous redescendus sur les parties plus larges. Les eaux sont bien entendu fraîches à cette période, les métabolismes tournent lentement, et les truites vont privilégier des proies faciles à attraper dans des zones plus calmes, donc moins « énergivores » pour elles.
Quels sont tes leurres préférés ?
K. L. L. : Pour cette approche, je vais privilégier des leurres coulants capables de nager dans tous les axes. Aux heures les plus fraîches, je préfère généralement faire des pêches trois quarts aval. Autrement dit, je vais lancer vers le bas de la rivière en direction de la berge opposée et faire passer mon leurre à l’aide du courant au-dessus des zones les plus creuses, là où se concentre la nourriture. À l’abri, la truite se montre opportuniste.
As-tu des leurres fétiches ?
K. L. L. : J’ai le plaisir depuis bientôt une dizaine d’années de faire partie de l’équipe Ultimate Fishing, et nous avons des outils magnifiques pour pêcher la truite. Pour cette approche, il y a deux leurres que j’utilise principalement, le célèbre Ryuki de chez Duo, et le récent Great Hunting Humpback de chez Megabass. Ce sont tous les deux des leurres coulants avec des flancs comprimés et une très grande stabilité dans le courant, tout en ayant la capacité de nager dans les zones un peu moins vives.
Quelle taille de leurres privilégies-tu ? Comment les animes-tu ?
K. L. L. : J’ai de plus en plus tendance à monter en taille de leurres. Compris entre 50 et 60 mm, ils restent en adéquation avec les individus du milieu. Deux raisons me poussent à ce choix : le volume d’eau déplacé fera bouger plus facilement les poissons, j’évite ainsi de solliciter trop les truitelles. Pour les animations, je vais pêcher simplement au moulinet dans un premier temps. Suivant les réactions, j’agrémente cette récupération linéaire de « twitchs » courts en secouant mon poignet pour désaxer le leurre et ralentir sa course. Le Great Hunting comme le Ryuki sont deux leurres redoutables pour ces variations d’animations.
Tu ne pratiques que la pêche vers l’aval ?
K. L. L. : Aux heures les plus chaudes, si les poissons s’activent et se mettent un peu plus en chasse, je vais passer à une pêche trois quarts amont. Exactement de la même façon que la précédente, mais de manière plus active et en faisant dévaler mon leurre pour essayer de solliciter les truites attablées sur des postes plus exposés au courant.
Un matériel de précision
Pour mes pêches, j’aime utiliser une canne relativement courte, dans les 1,80 m, comme la fabuleuse Rayz 60MLMT, un moulinet équipé de Nylon en 16/100 en début de saison, je passe en 14/100 l’été lorsque les niveaux baissent et que les eaux deviennent très claires. Pour ces gabarits de rivière et de poissons, l’élasticité du Nylon sera un énorme avantage en pêche et évitera de nombreux décrochés sur ces poissons qui peuvent prendre du bout du bec en début de saison. Quant au choix des couleurs, le naturel avant tout ! Des imitations de vairon ou truitelles seront toujours au-dessus pour moi, et lorsque le temps est couvert, j’affectionne les ventres rouges ou orange. Un petit tips pour la route, une pointe d’attractant sur les flancs du leurre peut transformer en vraies touches les truites qui seraient juste suiveuses… J’utilise celui de chez Halco, mais chut ! Je n’ai rien dit… Bonne ouverture !
L’ouverture de… Lou Lapeyre : « Les trophées de la Garonne »
Lou, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Lou Lapeyre : Je suis âgé de 30 ans et originaire de la région Midi-Pyrénées. J’ai la chance depuis maintenant deux années de représenter le groupe Florida Fishing (distributeur France cannes St Croix et leurres Livetarget entre autres) en tant que prostaffer spécialisé dans la traque de la truite. Je suis aussi testeur pour le groupe Lucky Craft France.
Depuis combien de temps es-tu un aficionado de la truite ?
L. L. : Cela fait maintenant plus de 20 ans. J’ai fait mes armes au toc à la recherche de dame fario avant de m’orienter spécifiquement vers les gros sujets aux leurres ! J’affectionne particulièrement la traque de ces poissons fantastiques en moyennes et grandes rivières ainsi qu’en lacs de montagne. Ayant la chance d’habiter au bord de la Garonne, j’entame généralement mon début de saison sur ce cours d’eau.
Comment se présente l’ouverture chez toi ?
L. L. : Les truites, déjà fatiguées après avoir passé un dur hiver, tombent dans un état léthargique dans l’eau gelée en raison de la fonte des neiges. Les poissons sont donc peu actifs et se déplacent peu ou sur de courtes périodes. De ce fait, certaines zones seront plus intéressantes que d’autres. Je privilégie les veines d’eau où passe la nourriture quand les poissons sont actifs, les calmes derrière des obstacles ainsi que les fosses et les bordures. Les truites y sont présentes à l’affût d’une proie qui pourrait passer à leur portée, en minimisant leurs dépenses énergétiques. À cette période de la saison, les heures les plus chaudes de la journée (12h-15h) sont souvent un bon créneau, car l’eau et l’air se réchauffent, rendant les poissons plus actifs et plus enclins à s’alimenter.
Parlons maintenant des leurres ainsi que des animations. Si tu devais choisir quatre types de leurres pour l’ouverture, lesquels choisirais-tu ?
L. L. : En prospectant les zones profondes, j’opterais pour un jerk minnow dur coulant ainsi qu’un modèle souple (Livetarget Ghost tail minnow) monté sur tête plombée. Pour les pêches vers l’aval en faisant remonter le leurre face au courant : un jerk minnow flottant sera un allié de choix, car on peut le laisser descendre le courant sur de longues distances et ainsi prospecter des zones difficiles d’accès tout en étant très discret. Pour les pêches vers l’amont, le long des berges et dans les veines d’eau : un jerk minnow suspending aura l’avantage de rester dans la couche d’eau. Ces leurres permettent d’effectuer des récupérations lentes ou à la vitesse du courant pour une présentation la plus naturelle possible. Les suspending seront aussi redoutables d’efficacité sur des lancers trois quarts amont canne haute pour occuper le plus longtemps possible les veines dites « d’alimentation ». Dans tous les cas et quel que soit le type de leurre que vous utilisez, les vitesses de récupération lentes seront les plus adaptées pour faire craquer dame fario le temps que les eaux se réchauffent.
Tu t’es spécialisé, au fil des années, dans la traque des grosses truites. Quelles qualités requièrent cette approche ?
L. L. : Afin de maximiser ses chances de capture et d’obtenir une « régularité » de prise, de l’ouverture au fil de la saison, plusieurs critères importants sont à prendre en compte. La recherche des gros sujets s’apparente plus à de la traque qu’à une pêche traditionnelle. Cela demande une connaissance parfaite de la rivière ainsi qu’une approche extrêmement discrète. Un suivi quotidien des débits associé à une présence régulière au bord de l’eau sera pour moi un des facteurs clés. L’utilisation de gros leurres, 10 à 20 cm, permet souvent de faire bouger de gros poissons, que ce soit par appétence ou par territorialité. Toutefois, ce n’est pas une règle absolue, il est tout à fait possible de capturer des spécimens avec des leurres de petites tailles. Autre point important, une fois le Graal au bout de la canne, il est primordial de garder la tête froide ! Ces truites n’ont pas atteint de telles tailles par hasard, ce sont les plus malignes et les plus expérimentées ! Elles sont prêtes à tous les mauvais tours imaginables pour se décrocher. Patience, concentration et expérience sont les maître-mots afin de gagner le combat.
Un matériel spécifique
Pour la recherche spécifique des grosses truites, j’ai recours à une canne St Croix Legend Elite ES70MF (2,13 m / 5,5/17,5 g – max 25 g) équipée d’un moulinet Daiwa Exist LT 3000 (récupération 93 cm tour manivelle). Il est primordial de bien connaître son matériel et ses limites, car ce type de poisson ne souffre aucune approximation. J’ai opté pour la tresse Varivas P-E 1 (7 kg) et un fluorocarbone dans la même marque, de diamètre 20 à 30/100. Parmi les leurres que j’utilise, si je ne devais en retenir que deux, ce serait sans nul doute le jerkbait minnow Livetarget Trout Fry et le jerk Lucky Craft Pointer SP de 65 mm à 170 mm.
Voici le contenu de mes boîtes :
■ Lucky Craft pointer SP 78 mm
■ Lucky Craft pointer SP 78 DD (longue bavette)
■ Livetarget minnow jerkbait Trout Fry 50 mm
■ Lucky Craft pointer SP 65 mm
■ Cuiller ondulante Illex, 17 g
■ Cuiller ondulante Livetarget Erratic Shiner, 14 g 60 mm
■ Fish Black minnow 2 (90 mm), 8 g
■ Livetarget Ghost tail minnow, 9,5 cm
■ Duo Tide minnow slim SP 175 mm
■ Lucky Craft pointer SP 158 mm
■ Lucky Craft pointer SP 128 mm
L’ouverture de… Xavier Kosmalski : «À la mode sarthoise »
Xavier, où fais-tu ton ouverture ?
Xavier Kosmalski : Chez moi dans la Haute Sarthe, près des Alpes mancelles. J’ai la chance de posséder un parcours personnel sur une petite rivière sauvage, l’Orthe, en 1re catégorie. C’est un privilège, car je pratique « ma » rivière au quotidien, j’entretiens véritablement un rapport intime. Quand ce n’est pas avec une canne, c’est avec mes pinceaux, puisque je suis artiste peintre.
À quoi ressemble ta rivière ?
X. K. : C’est une petite rivière, large de 5 à 10 m, peu profonde (entre 0,50 et 1,30 m en moyenne), au caractère très sauvage. Elle s’écoule dans une vallée encaissée et préservée des agressions d’une agriculture intensive. La plus grande partie de son bassin-versant se trouve dans le parc naturel Normandie-Maine. Elle s’écoule sur un lit granitique ponctué de bancs de sable, alternant secteurs courants et lisses plus profonds, entrecoupés de seuils de moulins. La ripysilve y est abondante. Les truites y sont abondantes et très racées. Leur taille moyenne s’échelonne de 25 à 30 cm, même si chaque saison, je mets à l’épuisette des poissons de 40 cm et plus. L’Orthe présente, par ailleurs, une belle biodiversité, une population piscicole mixte, ce qui n’est pas pour me déplaire : brochets, perches, chevesnes, barbeaux et même spirlins créent souvent la surprise. C’est la caractéristique des milieux encore sauvages.
Comment l’appréhendes-tu en début de saison ?
X. K. : Selon l’état de l’eau et sa température, lorsque les conditions sont idéales, je privilégie les sensations de l’ultraléger. Cette approche est d’autant plus technique que les berges sont encombrées. Je descends dans l’eau, en waders, et j’évolue la plupart du temps collé à la berge, là où se trouvent la majeure partie des postes : blocs rocheux, racines, amortis, profonds. Raison pour laquelle j’emploie des leurres assez denses en privilégiant une prospection vers l’aval : poissons nageurs de type coulant ou crankbait, petites ondulantes et cuillers tournantes.
C’est donc une pêche de sioux que tu pratiques ?
X. K. : Tout à fait. J’explore chaque poste minutieusement dans un couvert végétal qui nécessite des lancers précis. Je pratique beaucoup l’arbalète afin de passer sous les frondaisons. Une école d’exigence et de précision. Ceux qui s’y frottent se cassent souvent les dents. Ce n’est pas une rivière facile. Et il n’est pas rare d’y faire capot, a fortiori si l’eau est teintée et froide. L’ouverture se mérite !
Si tu ne devais choisir qu’un leurre ?
X. K. : Sans hésiter la cuiller tournante dans des numéros de 1 à 3. J’ajouterai de marque Panther, pour son lestage central dense qui facilite les lancers, l’axe de rotation fermé de sa palette qui lui permet d’évoluer creux mais de façon linéaire et régulière, là où un cranck, par exemple, viendrait taper sur le fond. Les truites sont très sensibles à ses flashs lumineux et à ses vibrations serrées.
As-tu des coloris de prédilection pour l’ouverture ?
X. K. : Si la rivière est en ordre, je privilégie les coloris naturels avec une préférence pour le blanc nacré. C’est une valeur sûre. Si l’eau est vraiment teintée, j’opte alors pour des teintes plus agressives, jaune, orange, voire vert fluo. Mais, dans ce cas, l’ultraléger est moins opérant. Je change de stratégie. Je vais employer une canne au toc, généralement de 3,20 m, pas forcément plus puissante, afin d’avoir un bras de levier qui me permet de pêcher sous la canne. Je présente alors mon leurre verticalement sur le poste en me servant de la force du courant pour l’animer en quasi stationnaire tout en jouant sur sa profondeur de présentation. Lorsque les eaux sont froides, cette méthode iconoclaste m’assure des résultats. Par eaux claires, quand rien ne semble fonctionner, il m’arrive aussi de présenter un petit streamer de cette façon avec des résultats parfois surprenants. À vrai dire, j’aime bien essayer toute sorte d’approche. S’adapter en cette période d’ouverture, parfois difficile, est à mon sens la clé de la réussite, quitte à bousculer les idées reçues.
Un matériel simple mais adapté
Côté canne, je suis fidèle à la Cast Mebaru 604 FF (puissance 1 à 7 g) 1,80 m pour pêche l’ultraléger. Je l’ai équipée d’un moulinet Daiwa Caldi 2500B et d’un fil Platil Srong en 16/100. Pas de leurres souples à l’ouverture dans mes boîtes, car leur niveau de vibrations est souvent insuffisant. Je vais y avoir recours lorsque l’eau se réchauffera et que les truites seront plus actives. Je privilégie donc les leurres durs, les cuillers tournantes et ondulantes. Côté leurres durs, j’affectionne particulièrement les leurres coulants Tricoroll de chez Illex dans les tailles 45 mm et 55 pour 3,7 g. Leurs différentes densités (coulant et très coulant) permettent d’obtenir une précision au lancer et d’insister sur les postes. Sur les lisses, je n’hésite pas à les « jerker », notamment lorsque les truites suivent sans attaquer franchement. Leur action rolling est efficace, par exemple en récupération lente, propice par eux froides. J’ai aussi un faible pour les Camions et les D-contact (5 mm, 4,5 g) de chez Smith. Le Camion DR (32 mm - 2,7 g), grâce à ses différentes masses de tungstène internes, est non seulement bruiteur mais s’accommode fort bien de récupérations lentes qui s’attachent à imiter un petit poisson blessé, donc vulnérable. J’apprécie beaucoup aussi la nage erratique du D-contact qui offre une large palette d’animations et une nage très réaliste sur les relâchers. Les cuillers Panther Martin ont ma préférence en début de saison. Grâce à leur palette montée directement sur l’axe central, elles présentent l’avantage de tourner dès qu’elles touchent l’eau et de pêcher plus creux que la plupart des autres marques du commerce. Elles tiennent parfaitement le courant et sont opérantes aussi bien en pêchant en remontant qu’en descendant. Les ondulantes Native Spoon de chez Illex (3,8 cm - 3,5 g) sont parfaites pour prospecter lentement les trous et les lisses de profondeur moyenne. Grâce leur large débattement mais leur faible densité, je joue beaucoup sur les relâchers en frôlant les obstacles. Quant à la fameuse Mepps n° 2, est-il nécessaire de la présenter tant elle fait partie de notre patrimoine halieutique? Un leurre indispensable dans ma boîte, notamment quand je suis une panne d’inspiration. À noter : à l’ouverture, j’utilise des émerillons à agrafe type micro rolling de coloris noir. Les attaques sont plus franches que sur des nickelés moins discrets, que je réserve plus tard en saison.
L’ouverture de… Maxence Vanderclause : « Les truites du bassin de la Meuse »
Maxence, en qualité de belge de ce dossier, merci de te présenter.
Maxence Vanderclause : J’aurai bientôt 50 ans (mais chut!) et je suis membre de la team Illex pour la Belgique. J’officie aussi en tant que garde sur la rivière la Lomme. Je pêche principalement la truite dans le bassin de la Meuse, non loin de la frontière française.
Que représente pour toi ce rendez-vous de l’ouverture ?
M. V. : Comme pour beaucoup d’entre nous, il sonne le retour à la rivière. Non pas que je sois en manque de pêche, car, pêcheur polyvalent, je traque les carnassiers tout l’hiver, mais j’avoue avoir un petit faible pour la pêche de la truite. J’aime évoluer à pied sur les berges, prendre le temps d’observer et d’analyser. L’ouverture n’est pas toujours la meilleure période pour réussir de belles pêches. Les truites sont souvent apathiques, peu enclines à se déplacer pour se saisir d’une proie. Mais l’appel de la rivière est si fort. C’est encore l’occasion de faire nager ses petites nouveautés et de mettre en pratique les stratagèmes élaborés en préparant ses boîtes de leurres.
Parle nous de ta rivière de cœur, la Lomme.
M. V. : C’est une belle rivière de plaine, affluent de la Lesse, située en région wallone, qui se prête merveilleusement bien à la pêche aux leurres en début de saison, puis à la mouche, dont je suis par ailleurs adepte. Elle présente l’une des plus fortes déclivités et a un débit moyen de 7,4 m3/s, avec généralement des eaux claires. Bien entendu, en crue elle change de faciès : ses eaux deviennent crayeuses. La population de truites fario est très satisfaisante et fait l’objet de nombreux suivis. Leur taille moyenne avoisine les 30 cm avec de nombreux individus de 40 cm et plus. Sa largeur se situe entre 10 et 20 m selon les secteurs plus ou moins boisés. Elle offre de nombreux lisses qui se resserrent au gré de ses larges méandres, plus creux, où le courant s’accélère. De nombreux seuils artificiels ou naturels rythment son parcours entre les pâturages.
Sur un plan technique, comment abordes-tu cette période de l’ouverture ?
M. V. : Au lancer léger, avec une prédilection pour une pêche de prospection aux leurres durs coulants. Il faut pêcher creux pour décider une truite calée sur son poste. La connaissance de son parcours est un plus indéniable, au risque d’enregistrer peu de résultat, même si les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas toujours. Avec le réchauffement climatique avancé, il arrive d’avoir des épisodes météo cléments dès le mois de mars. Au gré de quelques belles journées ensoleillées, les truites peuvent se mettre à bouger et à gagner des hauts-fonds ou des têtes de courant afin de s’alimenter. Il faut savoir profiter de ces fenêtres d’activité lorsqu’elles se présentent.
Tu utilises donc ces jerks coulants. Comment opères-tu ?
M. V. : Je ne m’égare pas dans un large panel de leurres. Cinq ou six jerk minnows de densité différentes, plongeants ou très plongeants, des coloris de base plus ou moins agressifs suffisent. Il est important de bien connaître la nage de chacun et leur comportement dans l’eau. J’attache personnellement de l’importance aux contrastes de valeur. Mon approche est méthodique puisque je découpe le poste en différentes tranches, selon un angle 10 h/14 h, tout en relevant chaque point marquant qui me sert de point de visée en quelque sorte. Je quadrille chaque zone toujours en commençant par une série de lancers amont, puis revient sur mes pas, discrètement, afin de croiser les lancers et ainsi minimiser les angles morts. Un lancer sur deux, je m’attache à varier l’animation en linéaire simple donc, ou plus nerveuse ponctuée d’effets jerk. Je pars du principe qu’un poste est occupé. Ma démarche consiste à aller au-devant du poisson en essayant de trouver les bons stimuli. Je privilégie une pêche de prospection même si, à l’ouverture, peigner consciencieusement un poste n’est jamais du temps perdu. L’éloge de la lenteur en quelque sorte.
Tu transportes aussi une boîte de leurres souples. Est-ce vraiment la saison ?
M. V. : Non ce n’est pas la période pour pêcher de façon classique en linéaire, bien qu’il ne faille pas écarter les pêches à gratter lentes sur des postes profonds. Quelques belles surprises peuvent parfois récompenser ce type d’approche, avec des shads dotés d’un bon rolling et d’un battoir puissant. À l’ouverture, j’utilise les leurres souples en drop shot afin d’insister dans le creux des berges encombrées. Une belle truite peut alors surgir et te sauver ta sortie lorsque la pêche est compliquée.
Un matériel pour prospecter
J’utilise une canne Illex Stream Master S 2102 ML Twitch & jerk (D) (2,5 à 15 g - 2,10 m). Mon moulinet Shimano Cardiff CI4+ C 2000 HGS est équipé d’une tresse Illex PE 0,5 (7 lbs) prolongée d’un fluoro Varivas Dead Or Alive Finess Master, résistance 3 à 5 lbs. Je n’utilise pas d’agrafe. Je préfère fixer mes leurres par un nœud boucle qui offre davantage de discrétion et une meilleure liberté de nage à mon goût. Mes leurres durs : Flat Tricoroll 54 S et 55 S, Tricoroll 47 HW, Tricoroll 55 SP. Mes leurres souples : Magic Slim Shad 6,5 cm, I Shad 7 cm, Rhythm Wave TC.