L'équilibre
Le leitmotiv dans notre sport est l’équilibre. Qui dit équilibre entend d’une part celui de l’ensemble canne/moulinet, dont le point doit se trouver au niveau de la position de votre index en action de pêche, mais également celui qui sera conditionné par la technique de pêche. Pêche sous la canne ou en lançant, volume ou poids des mouches, diamètre des fils à utiliser, taille et puissance des poissons ciblés…. De l’équilibre de l’ensemble des paramètres de ce système découlera celui du matériel à utiliser. Pour prendre un exemple absurde mais qui est criant, on n’utilisera pas une mouche à brochet de 20 cm montée sur un 10/100 et propulsée avec une 7’6 pour soie de 3 ! Le choix d’un ensemble rivière sera donc conditionné, dans l’ordre, par :
• la technique : sèche, nymphe au fil, nymphe à vue… ;
• la rivière : sa taille, son profil, sa puissance ;
• la finesse à employer : en fonction du volume des mouches, de l’encombrement du milieu, de la puissance des poissons…
Une fois tous les paramètres identifiés, on en ressortira l’ensemble « idéal » qui permettra d’ajuster au mieux sa pêche afin de l’optimiser.
La gestion du matériel
Plusieurs solutions s’offrent à nous dans le cadre de l’emploi d’un matériel spécifique. Étant donné que l’ensemble nymphe ne peut pas être employé pour la pratique de la pêche en sèche, la soie et le bas de ligne ne pouvant pas propulser une mouche dont le poids est négligeable, il faudra faire un choix. Soit on mise tout sur l’une des deux techniques en laissant le second ensemble dans la voiture, ce qui est parfois une solution selon les conditions du moment. Soit on prend les deux cannes sur nous, ce qui nous permettra d’être plus réactifs en cas d’éclosion et de passer très rapidement d’une technique à l’autre. Quand on part avec deux cannes, il est possible de faire suivre celle qui ne nous sert pas dans l’immédiat sur la berge. On peut également laisser la canne montée en deux éléments coincés dans le dos du chest-pack. Enfin, la troisième solution est de laisser la seconde canne montée devant nous coincée dans le chest-pack ou dans le wader. Cette dernière solution est la plus efficace car elle permet une réactivité immédiate, mais demande un peu de pratique pour gérer cette canne supplémentaire, dans les déplacements et lors des lancers. Après s’être emmêlé une bonne dizaine de fois et avoir pris autant de crises de nerfs, cette seconde canne fera complètement partie de votre paysage, et ne sera plus du tout un obstacle à votre pratique !
Pêche en sèche en rivières de plaine
Dans ce contexte, on cherchera à pêcher bien souvent à une distance maximale de 10 m en parvenant à faire des dérives relativement longues. Le matériel devra donc être capable de lancer à bonne distance et de faire des posés particuliers, plus ou moins détendus.
Longueur de la canne : de 9’ à 9’6
La longueur de la canne influera sur sa vitesse. En petite et moyenne rivière, on se servira de cette vitesse pour accentuer la précision des lancers. De ce fait, une canne de 9’ (canne courte selon les standards actuels), aura cette faculté. Également plus maniable qu’une canne longue, elle facilitera les lancers et les posés techniques ainsi que les mendings à courte et moyenne distance.
Puissance de la canne : de 4 à 5
Ce choix de puissance garantira une grande plage de pratiques. Avec un bas de ligne lent ou un bas de ligne rapide, petites ou grosses mouches, bien que cet ensemble soit spécifique, son spectre d’utilisation sera relativement large. Elle aura également la capacité à envoyer un ferrage assez énergique nécessaire à bonne distance.
Moulinet : manuel large arbor
Dans ces conditions de pêche, on devra sortir un ou plusieurs mètres de soie, soit pour atteindre les gobages à distance pour rester discret, soit pour faire des présentations courbes nécessitant l’utilisation d’une longueur de soie plus importante que la distance de pêche. De ce fait, il faut absolument que notre soie ne présente aucune mémoire, d’où l’importance de l’utilisation d’un moulinet large arbor.
Soie : WF5F avec un fuseau long ou DT4F
On cherche ici de la discrétion et de la réactivité au ferrage. De ce fait, une soie avec un long fuseau peu marqué, comme une R2T ou un profil « parallèle » qu’offre une DT, répondra très bien au ferrage, au contraire d’un fuseau très marqué qui aura beaucoup de friction et de prise à l’eau, ce qui retarderait le ferrage.
Bas de ligne
Autant il y a de pêcheurs, autant il y a de bas de ligne, voire plus ! Progressif, dégressif, à nœuds, queue de rats… il y en a pour tous les goûts ! Personnellement, pour leur polyvalence, j’utilise beaucoup de queues de rat dont vous retrouverez les cotes dans les numéros précédents, mais je vous présente ici un modèle plus spécifique au profil de rivière cité.
Type de fil | Nylon | Nylon | Nylon | Nylon | Nylon | Nylon | Nylon | Nylon | Nylon |
Diamètre (en /100) | 50 | 45 | 40 | 35 | 30 | 25 | 20 | 16 | 10 |
Longueur (cm) | 70 | 60 | 50 | 40 | 40 | 40 | 40 | 60 | 150 |
En plus de la pointe, on jouera sur la longueur du porte-pointe pour diversifier les posés. Plus cet élément sera long, plus le posé sera tendu. Plus court il sera, plus le posé sera détendu (de 0 à 60 cm). Ici, le choix du Nylon est incontournable pour plusieurs raisons. La première est sa densité. En effet, moins dense que le fluoro carbone, le Nylon tiendra plus la surface que son homologue, ce qui assurera l’efficacité du ferrage. Sa souplesse donnera de la maniabilité au bas de ligne notamment si l’on veut faire des posés courbes ou détendus. Enfin son élasticité permettra de descendre dans les diamètres de pointes car elle servira d’amortisseur lors des ferrages. Choix du Nylon pour sa souplesse, son élasticité et sa flottabilité.
Pêche des longues dérives en nymphe au fil
La technique de la nymphe au fil a fortement évolué ces dix dernières années sous l’impulsion de la compétition. En parallèle de l’évolution technique se développe un matériel spécifique, les deux étant interdépendants. De ce fait, les fabricants ont développé des produits spécifiques répondant à de nombreuses conditions de pêche, la nymphe au fil moderne (European Style, technique pyrénéenne, technique espagnole…) ayant des variantes selon les profils de rivière pratiqués. Nous nous concentrerons ici sur les rivières peu tumultueuses avec des grandes veines à prospecter.
Longueur de la canne : 11’
Une longueur importante que cette 11’, mais ô combien importante pour avoir un bras de levier nécessaire pour faire de longues dérives. Elle permettra non seulement de propulser les nymphes à bonne distance, mais surtout d’avoir un contrôle parfait de la dérive, tant plein amont qu’en aval. Là où une 10’6 permettrait une dérive correcte de 6 ou 7 mètres (amont) on gagnera presque 2 mètres avec une canne de 11 pieds, qui pourtant ne fait que 15 centimètres de plus !
Puissance de la canne : de 2/3 à 3/4
Le choix de la puissance ne sera pas lié à un numéro de soie, étant donné que ce n’est pas la soie qui charge la canne mais le simple poids des nymphes. Nous allons parler ici en taille de bille tungstène pour simplifier la donne. Pour couvrir une grande dérive, nous utiliserons généralement deux nymphes séparées de 50 centimètres. Dans le cadre de l’utilisation d’une association de deux nymphes de 2,3 à 3mm, l’idéal sera d’utiliser une puissance de 2/3. Si l’on souhaite pêcher plus lourd, si les profondeurs ou les vitesses de courant sont élevées, et bien que la 2/3 puisse le supporter, une puissance de 3/4 sera beaucoup plus adaptée.
Moulinet : semi-automatique
L’utilisation d’un moulinet semi-automatique est indissociable de la pêche en nymphe au fil. Il permet de récupérer l’excèdent de fil avec la main qui tient la canne sans arrêter de contrôler la dérive, ce qui n’est pas faisable avec un manuel, étant donné qu’on est obligé de lâcher le fil de la main qui contrôle la dérive pour pouvoir mouliner. C’est une perte de temps, d’efficacité et un risque de perruque accru. Il est important de faire attention au poids de votre moulinet. En effet, au vu de la longueur des cannes utilisées, il est primordial de se servir du poids du moulinet pour rétablir l’équilibre de l’ensemble au niveau de la poignée. Un moulinet trop léger vous forcera à serrer fortement la canne, ce qui occasionnera une source de fatigue, mais également un taux de décroche plus élevé du fait de la raideur de votre poignet lorsque vous serrez fortement la canne.
Soie : parallèle 0.55
Dans les techniques de nymphe au fil, deux écoles s’opposent. L’école espagnole, qui n’utilise pas de soie (son règlement en compétition le tolère), l’école pyrénéenne (aussi dite « european » style) qui utilise une soie parallèle de 55 centièmes (minimum toléré par la compétition internationale). Personnellement, même en dehors du cadre de la compétition, j’utilise ce type de soie (visiolight 0.55), car il est beaucoup plus confortable de maîtriser une dérive avec la soie, que du bout des doigts avec le Nylon. Il est également beaucoup plus simple de contrôler un poisson avec un diamètre important dans la main, plutôt qu’avec un fil qui arrive à glisser très facilement des mains sur le rush, même amorti par la flexibilité de la canne, d’un poisson même modeste. Bas de ligne Ici, c’est le poids des nymphes qui permet de lancer et non l’énergie fournie par la canne à la soie et transmise par le bas de ligne. De ce fait, l’utilisation d’un bas de ligne conique sera contre-productive. Un élément principal en fluoro carbone d’un seul et même diamètre sera donc nécessaire à cette pratique.
Type de fil | Fluoro 100% PVDF | Nylon bicolore | Fluoro | Potence en fluoro | Fluoro |
Diamètre (en /100) | 16 ou 18 | 16 ou 18 | 8 à 12 | 8 à 12 | 8 à 12 |
Longueur (en cm) | 400 | 50 | 70 à 150 | 10 | 60 |