Cela faisait quelques années que j’avais envie d’aller en amont de Nantes pour retenter l’expérience. Ne connaissant pas les spots, c’est avec Jean-Luc, du magasin Fishing Box de Montaigu, et un ami, Pascal, que nous irons finalement les tenter à la mouche. « Tu vas voir, c’est une pêche intéressante, mais fastidieuse. Il faut couvrir du terrain et pas mal d’abnégation, mais le jeu en vaut la chandelle ! » m’avait prévenu Jean-Luc lors de notre échange au téléphone pour préparer nos deux jours de pêche. Effectivement, du bord et à la mouche, il faut une bonne motivation, du matériel adapté et un peu d’huile de coude ! Armés de cannes à deux mains, de 14 pieds soie de 8, une soie flottante, une pointe en 30° et des mouches typées ablette, nous allons peigner les spots, les épis du bas de Loire. J’avais monté pour l’occasion de petits streamers de 8 à 12 cm de coloris plutôt verdâtre, bleuté, gris et blanc, montés sur des hameçons mer, robustes (Arhex SA 280 taille 2) pour contrer leurs attaques puissantes. Après quelques explications et informations de notre hôte, nous voici en train de lancer à plus de 25-30 m en lancer Spey ou Overhead pour couvrir le maximum de terrain. À l’aspe, il faut non seulement lancer loin, mais aussi ramener très vite. Lorsque l’on voit la façon de pêcher des pêcheurs aux leurres, on comprend vite qu’à la mouche, ce n’est pas le même tableau !
Un énorme bouillon en surface
Lancer après lancer du matin au soir, rien n’y fait. Pas un suivi, pas une attaque et deux micro-chasses aperçues ! Les niveaux sont très bas pour un mois d’octobre et les eaux très claires. Les poissons semblent être aux abonnés absents, mais la motivation est là. Jean-Luc nous quitte en fin d’après-midi et nous espérons un peu d’activité au coup du soir, car ce poisson semble apprécier le crépuscule surtout dans ces conditions. Toujours rien. Un peu déçus et bien fatigués, nous rejoignons notre hôtel Le petit pêcheur à Varades (44), sur les bords de Loire. Un bon repas et une bonne nuit de repos n’étaient pas de trop pour reprendre des forces afin de remettre le couvert dès le lever du jour. La matinée sera identique à la veille. Aucune activité. Pas de touche ni de suivi. Nous commençons à nous décourager avec Pascal. Vers midi, je lui dis : « On pêche 30 minutes puis on rentrera. Je ne pense pas que cela vaille la peine d’insister. Les conditions ne sont pas là pour réussir. » Dix minutes plus tard, après avoir lancé des streamers en tout genre, tous azimuts, je décide de tenter le tout pour tout et de monter un gurgler blanc que j’avais monté pour l’occasion mais pas encore noué sur mon bas de ligne. Cinq minutes plus tard, un énorme bouillon explose en surface et mon gurgler disparaît dans l’écume ! Ça y est, j’en ai un au bout ! L’adrénaline remplit mes veines, mais finalement le combat est décevant, car en l’absence de courant, les aspes sont de piètres combattants. C’est un aspe moyen de 55 cm qui aurait littéralement « englouti » ma mouche de surface pourtant de bonne taille. Le bouillon impressionnant m’a laissé croire à un gros spécimen. Une belle satisfaction tout de même, car cela me permettait de sortir mon premier aspe à la mouche et de valider le séjour. Plus rien ne se passe pendant les deux heures suivantes et nous décidons de rentrer en Bretagne avec l’envie de revenir sous de meilleurs auspices.
Il faut de bonnes conditions
Lorsqu’en mai dernier, Patrice, un fidèle client, devenu ami, m’invite à me joindre à lui pour un séjour à l’aspe sur la Loire, j’accepte volontiers. Une nouvelle expérience et tentative est toujours intéressante, et cette fois ce sera en bateau, avec un guide de pêche local, sur un secteur où visiblement les aspes sont bien présents. Lionel guide surtout au lancer mais prend de temps à autre des moucheurs. Je pose rapidement quelques jours de congé pour mettre en place ce séjour de deux jours sur les hauts de la Loire, à une vingtaine de kilomètres en aval de la confluence avec l’Allier. Quelques jours avant le séjour, Lionel appelle Patrice et lui annonce que les conditions sont mauvaises. Depuis deux jours, des algues vertes dérivent du matin au soir et empêchent toute pêche sous la surface. Nous prenons la décision de maintenir le programme et de nous adapter. Dans tous les cas, cela nous fera un « break » et, avec un peu de chance, tout ira bien ! Après un accueil très sympathique à l’un des gîtes de Lionel, en sirotant une bière fraîche, notre guide nous dresse les conditions et le programme du lendemain. Pas folichon, car la rivière est extrêmement basse et beaucoup d’algues sont en suspension, avec une canicule annoncée !
À 7h45, Lionel passe nous prendre, avec son Carolina Skiff fixé sur son attache remorque. La météo annonce 36°C et un gros soleil. Des conditions similaires à une pêche dans les Caraïbes ! Nous allons dériver sur 17 km de Loire depuis le Bec d’Allier. À 8h30, nous commençons les hostilités. Nous avons choisi des cannes à une main de puissance 8 et 9 équipées de soies flottantes pour pêcher en surface et subsurface. Nous écoutons les conseils de Lionel et ne pêchons qu’en surface pour éviter de crocher les algues. Les postes sont nombreux et prometteurs. Il faut lancer en permanence soit le plus loin possible, soit près de la bordure et sous les frondaisons avec précision, pour débusquer les poissons en vadrouille ou postés. À chaque lancer, nous y croyons dur comme fer, car des chasses éclatent ici et là, même si Lionel nous prévient qu’on ne les prend jamais sur chasse, tellement ils se déplacent vite. Un premier chevesne vient taper sur le gros « attractor » noir de Patrice. Un poisson moyen mais qui récompense ses efforts. De mon côté, je pêche avec un gros gurgler blanc, le même que celui avec lequel j’avais pris mon aspe deux ans auparavant. Il nage bien, produit une belle vague et un joli « pop ». J’y crois. Une petite perche bien gourmande vient l’engloutir. J’y ai cru quelques secondes. Puis plus tard, je passe au streamer pour tenter le coup et j’ai un premier suivi d’aspe. Il le poursuit juste en dessous la surface sur quelques mètres. Ni les accélérations ni les ralentissements ne le déclencheront. Le palpitant en a pris un coup. Quelle belle action ! Patrice refera un beau « chub » comme on les appelle, mais toujours pas d’aspe.
Un pari réussi
Lionel accoste le bateau pour la pause pique-nique à l’ombre afin de souffler un peu et de se rassasier. Plusieurs aspes s’en donneront à cœur joie et chasseront devant notre nez. Un à moins de 10 m du bateau dans un trou profond sous une souche et l’autre en plein courant. La pause nous aura fait du bien et détendu un peu les bras. Lancer en double traction et stripper à perdre haleine est bien fatigant, surtout sous cette chaleur écrasante. Mais la motivation y est et il ne faut rien lâcher ! Nous continuons donc à enchaîner les lancers. Je reste au streamer malgré les conditions qui se détériorent avec les algues vertes qui commencent à encore plus se décoller du fond et dériver entre deux eaux. Dans un mètre d’eau, on ne pouvait plus voir le fond ! Pas très encourageant. Mais nous sommes là, et la pêche reste la pêche. Plus la mouche est dans l’eau, plus elle a de chances de prendre un poisson ! Malgré nos efforts nous ne prendrons pas d’aspe, même si quelques suivis nous encouragent et continuent à nous donner confiance. Retour au bercail, et une bière bien fraîche s’impose. Avec modération ! Après un bon restaurant et une bonne nuit, nous repartons pour la deuxième journée. Finalement, nous retournons sur le même parcours, car les niveaux sont trop bas pour aller sur l’autre parcours de Lionel. Au lieu de pêcher en surface, je décide de me mettre au streamer dès le début de la journée, car finalement il y a beaucoup moins d’algues que l’après-midi. Lionel me conseille de couper un peu la queue de mes streamers, ce qui me fit mal au cœur, mais je suis ses conseils. Toujours écouter le guide ! J’utilise un streamer ventre blanc et dos bleu/vert. Il nage moins bien, mais d’après Lionel nos refus et suivis d’hier étaient peutêtre dus à des mouches trop longues. Mettons toutes les chances de notre côté ! Après un peu plus d’une heure de pêche, une chasse se produit non loin du bateau et, après deux lancers dans la direction de ces remous, je prends un arrêt. À l’instinct, je ferre immédiatement et fermement. Le poisson part en trombe. Est-ce un aspe ? Les gros chevesnes pouvant prendre les streamers, il faut attendre quelques instants pour valider ma prise. Oui, c’en est bien un, et un joli !
Le poisson se sert du courant et c’est un combat bien plus puissant que lors de mon premier aspe. Je suis super content, car il se mérite ! Nous l’amenons à l’épuisette et tout le monde éclate sur le bateau ! Ça fait plaisir ! Après tout le mal que nous nous sommes donné. Cela met du baume au cœur pour la suite de la journée. Séjour validé, et mon plus bel aspe avec ce joli spécimen. Je regrette un peu de ne pas avoir pêché au streamer le matin, la veille. Car finalement c’était possible. Mais bon, j’y croyais aussi en surface vu ma précédente prise. Une expérience très intéressante. Un secteur avec un fort potentiel. Une rivière magnifique. Un guide qui connaît ses coins comme sa poche et bien agréable. Un joli coin de France où l’on peut refaire sa cave à vin avant de rentrer chez soi...
Contact
Si vous aussi vous souhaitez tenter l’aspe à la mouche, n’hésitez pas à contacter Lionel Guirado pour être guidé en bateau à l’aspe sur ce beau secteur de la Loire. Il connaît le coin comme sa poche.
Lionel Guirado, moniteur-guide de pêche
« Les soucis »
18140 Herry
02 48 79 96 92 ou 06 82 17 99 79
Lionel possède plusieurs gîtes refaits à neuf, à proximité de la Loire. Un hébergement parfait pour pêcher ce secteur de Loire avec ou sans ses services de guide. Il pourra néanmoins vous conseiller. Petite embarcation ou float-tube nécessaire.