Un cône est une figure géométrique à trois dimensions qui est engendrée par une droite mobile, passant par un point fixe (nommé apex) et s’appuyant sur une courbe fermée. Nous pourrions développer l’intérêt de cette figure au-delà de ces deux familles voire au-delà du vivant, mais restons dans notre domaine de connaissances. Si l’on observe la forme d’une truite, d’un ombre, d’un brochet ou d’une autre espèce devant faire face à l’élément liquide pour se déplacer, on remarque que cette forme conique revient en permanence. Elle leur permet un meilleur hydrodynamisme et leur évite une trop grosse dépense d’énergie qui compromettrait leur survie.
Chez les invertébrés aquatiques
Pour la plupart de nos invertébrés aquatiques, c’est exactement le même principe. Au stade larvaire comme aux stades subimago ou imago, ils gardent cette forme bien spécifique. Certaines larves adoptent en plus un aspect aplati qui leur garantit une tenue parfaite sur le substrat et les cailloux. Une fois adultes, ces insectes deviennent aériens et gardent cette forme conique à l’extérieur de l’eau. Elle leur permet de se mouvoir efficacement face aux mouvements d’air. La partie avant de ces animaux ou la « base du cône », est toujours relativement dure et solide. Elle sert de « bouclier » au reste du corps beaucoup plus fin et fragile.
Et en fly tying ?
Nos partenaires de jeu ont donc cette forme conique naturellement ancrée dans leur système biologique et restent instinctivement intéressés par tout ce qui s’y rapproche de près ou de loin. Nos imitations doivent alors respecter ces principes, ainsi que les proportions tête-thorax-abdomen-cerques, qui vont de la partie la plus large à la partie la plus fine. Par exemple, il serait contreproductif de monter des nymphes avec des abdomens plus imposants que leurs têtes ou des sèches dotées d’abdomens plus gros que leurs thorax.
Alors même si, en eaux rapides, l’opportunisme des poissons peut devancer leur méfiance, en eaux lentes c’est une autre paire de manches… Nos salmonidés prennent bien plus le temps d’observer les insectes qui dérivent et une silhouette bâclée peut vite devenir une cause de refus. Face à l’étau, veillez à former des sous-corps coniques et à utiliser juste la quantité de matériaux nécessaire pour bien respecter les proportions. L’aspect général de votre artificielle fait la différence, notamment lorsque le poisson fait la fine bouche.
Pour les carnassiers également
Outre les poissons gobeurs, nos carnassiers répondent aussi très bien à cette forme qui peut figurer du poisson fourrage. Tous nos streamers doivent donc posséder une tête plus massive que leur « caudale ». De ce fait, ils garderont un aspect pisciforme et pousseront beaucoup d’eau lors des tirées. Leurs vibrations n’en seront qu’amplifiées, attirant de loin les prédateurs. Il faudra évidemment adapter la taille de nos imitations en fonction des espèces recherchées. Outre les poissons, ce concept de conicité s’adapte également très bien à nos batraciens d’eau douce. En pleine action de nage, une grenouille qui s’étire pour avancer possède également cette forme de cône bien caractéristique. N’oublions pas qu’aux moments les plus chauds de l’année, elle devient un mets de choix pour nos prédateurs aquatiques (brochets et black-bass en tête) et compose, avec les autres animaux de surface, près de 30 % de leur menu quotidien. On mesurera donc l’importance d’avoir quelques imitations de ces « bébêtes » dans nos boîtes…
Deux imitations pour les carnassiers
J’utilise essentiellement, en soie flottante, deux types de montages :
• Quelques divers avec une grosse tête en poils de cervidés qui poussent de grands volumes d’eau. Ils seront montés dans des tons olive verdâtre et jaunes sur des hameçons de 1/0 à 6/0 selon l’espèce recherchée.
• Des poppers, de tailles identiques, mais plus agressifs en coloris et vibrations, avec une tête en mousse ou en balsa. À utiliser sur chasses ou lorsque les carnassiers sont actifs en inculquant de courtes tirées sèches plus ou moins espacées.
Pour être efficace, une artificielle doit non seulement posséder cette forme conique indispensable et largement présente dans la nature, mais surtout elle doit être correctement proportionnée afin de garder une allure réaliste qui saura séduire nos adversaires de jeu.