Il faut se rendre en Normandie dans l’Eure entre Aigle et Verneuil sur Avre pour tremper ses mouches dans ce réservoir, un des premiers créés en France et qui reste encore aujourd’hui unique en son genre. La particularité du Moulin de la Chaise Dieu, est de proposer sur 12 hectares, 6 plans d’eau dont certains communiquent entre eux, ainsi que 3 kilomètres de rivière, artificielle, alimentés par les eaux claires de l’Iton, géré par Jean et Léa Pucci depuis sa création en 1968. Les deux plus grands lacs sont Nessie (le tout dernier créé en 2022) et Émilie (1989), permettent une pêche typique en lac mais avec la présence de très gros poissons qui s’alimentent naturellement grâce à une présence de nourriture abondante (larves d’insectes, crustacés, mollusques et de poissons fourrage) mais qui répondent bien également aux techniques de pêche modernes.
De gros spécimens
Le peuplement est principalement basé sur des truites arcs-en-ciel, avec certains très gros sujets qui peuvent largement dépasser les 5 kg ! Il va de soi, qu’il ne faut donc pas pêcher trop fin si l’on ne veut pas rapidement alléger ses boîtes à mouches. Néanmoins, parfois la finesse est de rigueur notamment lorsqu’elles deviennent sélectives et éduquées, ce qui rend la pêche encore plus attrayante. Des truites fario et saumons de fontaine (plus rares) complètent le peuplement. Depuis 2003 les poissons sont produits sur place ce qui permet aux propriétaires de pouvoir rempoissonner à leur guise. Les lacs et rivières sont d’ailleurs très bien peuplés en truites, qu’il est facile de voir évoluer dans les nombreux bras de rivières alimentés par l’Iton et dans certains plans d’eau comme Nessie aux eaux très claires du fait de leur alimentation par des résurgences. Ma mère habitant à 45 minutes, j’ai pu y pêcher à plusieurs reprises et à différents moments de la saison lors de séjour « famille » dans la région. J’ai pu tester de nombreuses techniques de pêche sur ce domaine assez incroyable.
Pêche à vue en rivière et sur les bordures
Personnellement, ce sont les pêches fines qui m’attirent en général et quoi de plus sympa que de pêcher à vue même en plein hiver ! Il fait bon se balader sur les berges à la recherche de poissons en vadrouille. Après quelques réglages, je trouve une petite nymphe de chiro casquée mais peu lestée pour attaquer les poissons en maraude. Elle fera un malheur que ce soit en inerte ou sur animation ! Les petites oreilles de lièvres sont également très efficaces. Ce que j’ai apprécié, même si la pêche est plus simple que sur des poissons sauvages, c’est que les refus sont monnaie courante. Il faut donc affiner sa pêche en trouvant les mouches du jour et bien présenter pour rencontrer un certain succès. Car au fond toutes les pêches faciles deviennent vite lassantes et ici c’est rarement le cas ! La visibilité en hiver n’était pas aisée, car le soleil reste bas, mais selon la zone pêchée il est possible de repérer quelques poissons, même si ce jour-là les eaux étaient légèrement piquées, ce qui ne simplifiait pas la tâche !
Pensez aux chironomes
Après plusieurs poissons, je change de crémerie et pars sur le premier plan d’eau, près du parking. J’en fais le tour et trouve quelques truites qui longent la bordure en quête de nourriture naturelle, principalement des chiros en cette saison. Les relevés lents imitant la nymphe ascendante seront les plus efficaces ce jour-là ! Un petit streamer noir en taille 10, sera également très apprécié. C’est aussi très amusant de les voir suivre puis engouffrer mon petit streamer bien animé. Avec un léger réchauffement de l’air et donc de l’eau, les chiros se mettent à sortir et de jolis museaux et dos de truites pointent à la surface. Je monte un train de deux chiros émergents, un sous la surface et l’autre dans la pellicule. Après une belle prise assez rapide, voilà que les truites montent et refusent mes mouches. De beaux remous se forment sous ma mouche. Est-ce la mouche, ou la pointe ? Je descends en 15/100 pour affiner mon bas de ligne et tenter plus fin. Tout de suite les résultats ne se font pas attendre, mais comme vous le savez certaines touches au chiro sont violentes et je perdrais un certain nombre de poissons et de mouches ! Il y a de très grosses truites dans chaque pièce d’eau et le 15/100 est parfois bien trop léger. Les chiros qui fonctionnaient ce jour-là se sont réduits comme peau de chagrin dans mes boîtes ! Mais que cette pêche est captivante et agréable à pratiquer !
Pêche fine en sèche
J’ai rarement pu pratiquer cette pêche en sèche comme je sais qu’elle est possible par l’intermédiaire d’amis et clients qui y sont allés, mais les scarabées, sauterelles et autres mouches sèches, comme notamment les gros sedge Goddard y fonctionnent à merveille. La période des cousins ou tipules est à ne pas manquer non plus. Les truites en sont toujours aussi friandes et cela permet de très belles pêches en surface. Je l’ai pratiqué dans d’autres réservoirs et le plus dur est souvent de ne pas ferrer trop tôt ! Car lorsque l’on voit ces grosses truites monter ou la vague arriver sur votre mouche, il faut un certain sang froid pour ne pas lui ôter de la gueule ! Cependant, même en plein hiver il est fréquent de pouvoir les prendre sur des chiros bien flottants. C’est toujours très sympa de voir avec quelle douceur elles peuvent venir les prendre alors que sous la surface ce n’est pas la même histoire ! De belles pêches sur de gros poissons toujours aussi plaisantes.
Mais aussi au streamer
Bien entendu il est tout à fait possible de pêcher au streamer notamment dans les différents plans d’eau, pour tenter de prendre de belles truites et là-bas peut-être la truite de votre vie ! Des spécimens de près de 10 kg y ont été capturés et ces « monstres » sont souvent plus discrets et près du fond. Elles se nourrissent de plus grosses proies et en conséquence prennent très bien les streamers. En misant sur de l’olive, du noir ou du blanc, il est rare de se tromper. Attention à bien garder un angle ouvert lorsque vous ramenez votre ou vos mouches (potence possible) car sur une touche violente cela pourra vous permettre d’éviter la casse. Personnellement, j’aime beaucoup les mouches en lapin même si plus difficiles à lancer, car elles ondulent et vibrent même avec des animations minimalistes, très fréquentes en plein cœur de l’hiver.
Les eaux claires de Nessie
Lors de mon précédent passage l’hiver dernier, une importante crue a eu lieu et dès mon arrivée j’ai déchanté car Jean Pucci m’annonce que seuls Émilie et Nessie sont pêchables. Moi qui aime tant pêcher à vue dans les bras de rivière, quelle déception ! Malheureusement, tout le reste du domaine est sous l’eau. Impossible de voir les rivières complètement inondées par l’Iton qui débordait et provoquera des dégâts dans le nouveau bâtiment en construction. Du coup, je décide de ne pêcher qu’une demi-journée (forfait de 4 heures possible) vu les conditions et me dirige vers Émilie pour aller voir ce plan d’eau que je n’ai jamais pêché auparavant. Je passe devant Nessie, le dernier plan d’eau imaginé et créé par les propriétaires des lieux où les eaux sont très claires. Émilie me paraîtra moins attrayant avec une eau beaucoup moins belle et j’opterai donc pour tenter ce nouveau lac qui me semble un peu plus abrité du vent qui souffle par rafale à plus de 40 km/h et également plus joli à pêcher à cause de la couleur de l’eau. Le nom du lac, Nessie, fait référence au monstre du Loch Ness. J’ai donc des attentes et espère y piquer de grosses truites !
Une farandole de truites
Je commence par un streamer blanc en lapin, corps argenté et casqué orange pour imiter un petit alevin, monté sur une soie intermédiaire transparente. Une valeur sûre. J’aime pêcher light, et j’utilise donc une canne de 9 pieds soie de 6 pour m’amuser un peu plus à combattre ces gros poissons sans pour autant descendre en dessous de 20/100 pour les ramener suffisamment rapi dement et les remettre à l’eau dans les meilleures conditions. Après quelques lancers dans les vagues du fait des rafales, ma soie s’arrête net, et je pique un premier poisson de taille modeste. Il fait plaisir car c’est le premier de la journée. Elle doit faire 50 cm. C’est une truite bien combative dans ses eaux fraîches et acrobatique de surcroît ! Puis je fais suivre un gros poisson qui viendra refuser ma mouche au dernier moment en me voyant. Plusieurs lancers plus tard, le même poisson ou une truite de taille identique m’arrache la soie des mains. Cette fois ce n’est plus la même histoire ! Le poisson me prend plusieurs mètres de soie qui fuse à la surface et créé une gerbe d’eau en remontant au vent ! Après quelques minutes et plusieurs rushs et coups de tête, elle donne des signes de faiblesse et monte en surface. Une très belle truite qui doit faire 70 cm pour plus de 3 kg. Un superbe poisson qui aura fait monter le palpitant surtout en soie de 6 ! Après plusieurs poissons avec ce petit « stream » les touches deviennent plus rares. J’avais repéré quelques remous difficiles à apercevoir dans les vagues tant le vent souffle et je décide de monter un Fab (foamarse blob = blob avec un cul en mousse) en pointe et un gros chiro olive en potence à 1,5 m au-dessus. Les truites sont peut-être sur des chiros, me dis-je et de toute façon le Fab est un incontournable en réservoir, et peut être peu utilisé ici ? Je vais donc tenter en washing line sous la surface dans un premier temps puis chercher la bonne couche d’eau. Il ne me faudra pas longtemps pour me dire que c’était un bon choix. Cependant il aura fallu trouver l’animation, car en inerte, aucune touche.
Comme des fusées
Je choisis donc de laisser descendre un peu ma soie « inter » puis d’animer par de petits strips très courts et mais très rapides suivis de pauses. Les arcs me prenaient avec une violence inouïe et partaient comme des fusées quasiment uniquement sur la pause ! Même en 20/100 j’ai perdu quelques poissons et mouches. La couleur ne semblait pas importer, car j’ai dû changer à plusieurs reprises notamment quand mon dernier blob fétiche se fit arracher par une truite qui me prendra à moins de 50 cm du bord tout en se retournant ! L’animation fonctionnait à merveille et après avoir enchaîné plus d’une dizaine de poissons dont certains à vue, sans bouger de poste, je me déplaçai sur un resserrement du lac pour voir si c’était la mouche ou la zone de pêche. Finalement peu importe où je pêchais, les résultats étaient identiques. Une seule truite, la plus grosse, prendra le chiro. Toutes les autres étaient complètement folles sur mes Fab dont certains montés par un ami, Kévin qui adore cette pêche ! Il aurait été heureux d’être là à mes côtés et j’ai bien pensé à lui car nous partageons souvent des parties de pêche en réservoir en Bretagne.
Une question d'animation
À chaque changement de poste, même résultat ! J’avais trouvé la pêche visiblement et je me suis vraiment bien régalé. Deux autres pêcheurs, bredouilles de leur côté, sont venus me voir pour me demander ce que j’utilisais. Je leur donnerai un Fab chacun avant de rentrer en leur souhaitant une belle fin de journée ! C’est toute la magie de cette pêche en réservoir. Les poissons sont là. Souvent déjà piqués et éduqués. Mais parfois on trouve ce qui fonctionne et on peut faire de véritables scores qui font bien plaisir de temps en temps. Partager fait aussi partie de notre passion et je n’ai pas su s’ils avaient pu passer un bon moment après mon départ, mais il y avait de grande chance qu’ils réussissent. Car bien souvent en réservoir la mouche ne fait pas tout. Le montage, la profondeur d’évolution des mouches, et surtout l’animation peuvent faire toute la différence.
Informations et réglementations
Horaires 2024-2025 : ouvert toute l’année de 8h30 à 20 heures du 31 mars au 24 octobre puis de 8h30 à 18h00 du 30 octobre au 30 mars – Fermeture hebdomadaire le mardi. Réservation obligatoire. Le parcours peut être réservé en exclusivité pour un groupe, un CE ou un club par exemple. Abonnement annuel possible.
Ardillon écrasé obligatoire - Lodge chauffé à disposition des pêcheurs (bar, frigos pour la conservation des prises, frigidaire alimentaire, réchaud électrique et micro-ondes) - Boutique de matériel de pêche - Location de matériel de pêche (cannes équipées et épuisettes) - Restauration possible sur place (sur réservation 72 heures à l’avance). Liste des possibilités de logement et tarif (hôtels ou chambres d’hôtes) envoyés sur demande.
Comment y aller ?
- Moulin de Chaise Dieu du Theil - Jean et Léa Pucci
- 27580 Chaise Dieu du Theil
- +33 (0)6 07 60 72 67 / +33 (0)2 32 32 65 94
- Mail : pucci.jean@wanadoo.fr
- Site : http://www.moulin-de-chaise-dieu.fr