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Les becs de la Hardouinais

Je vous invite en Bretagne intérieure, en pays celte, pour croiser le fer d’un streamer avec de magnifiques brochets, mais aussi des sandres et de grosses perches. Le Domaine de La Hardouinais et son massif forestier s’étendent sur 2400 ha, l’un des plus vastes de la région Bretagne. C’est dans ce cadre enchanteur que je vous propose de lancer vos mouches… En route !

À peine arrivés sur place, nous sommes impressionnés par la taille de cette immense propriété. René Ruello, industriel breton, est à l’initiative de ce magnifique projet, tourné vers un tourisme vert au parfum authentique et aux valeurs du terroir local. Pas moins de 10 étangs sont disponibles dans ce vaste domaine forestier où la nature est préservée et choyée. Après une collation bien méritée, l’ami David se charge de nous conduire sur les rives d’un lac aux eaux couleurs de thé. C’est le plus grand plan d’eau et il s’étend sur 60 ha, bordé par des zones humides et une ripisylve très abondante en face de nous et sur notre droite. À première vue, les nombreux hauts-fonds, recouverts de plantes aquatiques, sont de très bonnes zones de reproduction des carnassiers. Ce superbe lac est alimenté par une rivière, le Meu, qui traverse en partie la forêt. Selon David, la profondeur moyenne est de 2 mètres, avec des fosses de 3 à 6 mètres. Alors que je discute avec mes amis, un bruit en bordure attire mon attention ! Des centaines de gardons de 10 à 12 cm sont en pleine reproduction et défilent entre la végétation rivulaire ! Le phénomène est tout récent, et il y a de fortes chances que cela mette les carnassiers en appétit ! Décidément, le timing est parfait…

Le grand lac offre une surface de 60 ha pour les pêcheurs à la mouche
Crédit photo : Laurent Guillermin

Touches surprises

Un léger vent de travers assure une bonne dérive du bateau, et nous avons décidé avec Arnaud, avec qui je partage notre confortable embarcation, de tester cette zone de plateau où de grandes quantités de poissons fourrage sont rassemblées. Côté matériel, je monte une soie intermédiaire sur ma 9 pieds soie de 10, un bas de ligne d’une fois et demie la canne, un avançon en kevlar ultra-souple et un grand streamer de teinte chartreuse. Après plusieurs dérives, pas de touche. Nous décidons quand même d’insister encore, mais je change de mouche pour un streamer blanc argenté, plus petit, de type « clouser minnow ». Sans doute faut-il davantage coller à la taille du fourrage disponible. Au premier lancer, une touche lourde coupe ma récupération ! Les coups de tête sont sérieux, mais cette défense n’est pas celle d’un brochet. En effet, un magnifique sandre arrive en surface et se laisse glisser dans l’épuisette ! David nous avait parlé des sandres en nous précisant qu’ils n’étaient pas faciles à trouver et à décider ! Sans doute la fraie des gardons par centaines a-t-elle changé la donne. Quoi qu’il en soit, je reprendrai quelques jolis spécimens de plus de 70 cm sur le secteur, tout comme Arnaud qui m’accompagne.

C’est un joli sandre qui prendra le premier streamer lancé
Crédit photo : Laurent Guillermin

Brochets bagarreurs

Nous nous éloignons un peu de la zone en dérivant par le travers. Je remonte un grand streamer afin de croiser la route de « maître Esox », car c’est bien pour lui que nous avons fait le voyage. Je saisis ma seconde canne avec une soie S3 afin de pêcher plus lentement, et surtout plus creux. Alors qu’Arnaud pique une très jolie perche, ma soie se bloque un instant sur le fond. Instinctivement, je ferre sur le côté, et le départ est musclé ! Cette fois, pas de doute, il s’agit bien d’un joli brochet qui essaye de me fausser compagnie. Ma canne TFO prend une belle courbure, le moulinet chante son doux refrain, l’instant est aussi magique que les lieux préservés que nous avons la chance de pêcher ! Ce brochet qui passe les 90 cm va terminer sa course dans notre large épuisette. Il aura même les honneurs du photographe tout près de la bordure ! Nous prendrons au cours de la journée de beaux brochets, et de grosses perches dans ce superbe plan d’eau très agréable à pêcher en float-tube tout comme en bateau. Si vous préférez le wading, c’est tout à fait possible côté route.

Dans le plan d’eau de 10 ha, la pêche s’est faite en float-tube contre la digue enrochée
Crédit photo : Laurent Guillermin

Des écrevisses contre la digue

Le lendemain, David nous propose de tester un second étang, plus petit. Sa surface, de 10 ha tout de même, n’en est pas moins passionnante, car sa découpe et sa queue remplie de nénuphars inspirent naturellement le pêcheur. Nous sautons dans nos float-tubes à la recherche des premières touches. Curieusement, les beaux postes cités plus haut ne nous rapportent pas la moindre attaque. Jean-Didier, Arnaud et moi-même n’obtenons aucun succès jusqu’à une ultime tentative le long de la digue enrochée. Alors que Jean-Didier anime son streamer devant l’enrochement, la soie lui file entre les doigts, et c’est un bec de 80 cm qui saute dans tous les sens que nous parvenons à glisser dans l’épuisette ! Nous mettons en pratique la séquence, et plusieurs brochets de taille identique feront les frais de notre petit manège. À l’aide d’une imitation d’écrevisse, Arnaud parvient à prendre aussi plusieurs très belles perches. Il semblerait qu’ici, ces imitations de crustacés aient un pouvoir très attractif sur les carnassiers. Un streamer en lapin olive ou marron lesté en tête nous a rapporté de nombreuses touches. Grosses perches et jolis brochets au programme de cette très belle matinée. D’ailleurs, un très gros brochet sera décroché tout contre la bordure par l’ami JD. Ce n’est que partie remise…

Les prises de poissons de 80 cm furent les plus nombreuses lors de notre passage.
Crédit photo : Laurent Guillermin

Brochet métré

De l’avis de tous, nous avions envie de faire le coup du soir dans le grand lac, car la présence de gros brochets est certaine selon David. Bien nous en a pris, car Jean-Didier prendra un poisson d’1,09 m, et Pascal dépiquera un brochet énorme à l’aide de son petit streamer inversé à palette. Nous allons enchaîner un grand nombre de prises sur le fameux plateau très prisé de nuées de gardons. De beaux brochets, quelques sandres et de grosses perches de 45 cm qui, pendant une certaine période, se jetaient littéralement sur nos streamers à condition de rester dans les tonalités blanches, olives et bleues. Selon David, la réussite du site provient du fait qu’il y a une forte demande en Bretagne pour la pratique de la pêche à la mouche, et rares sont les lieux de qualité où l’on peut rechercher le brochet à la mouche en no-kill. Sur la berge sud, cerclée par une digue en pierre, on trouve les secteurs les plus profonds, avec 3,50 m en moyenne au niveau de la bonde. Nous avons touché ici de nombreux brochets au coup du soir. La pression de pêche étant encore faible selon David, les brochets sont peu méfiants mais, comme partout, il convient de trouver la technique du moment pour réussir !

Les grosses perches de plus de 45 cm ont eu une bonne période alimentaire dont nous avons su profiter
Crédit photo : Laurent Guillermin

Guides de pêche

Éric Hamon
À la carte, Éric vous propose aussi de combiner votre « séjour brochet » avec la pêche des truites fario sauvages du Léguer. Contacts : 06 31 11 61 61 et erichamon.blogspot.fr

Solène Le Bourhis-Beyer
Monitrice-guide de pêche depuis 2014, Solène partagera avec vous ses quinze années d’expérience dans la pêche à la mouche. Championne de France de montage de mouche en 2015 et vice-championne de France en 2014 et 2016, elle vous proposera aussi un catalogue de mouches de qualité. Contacts : www.somouche.fr, somouche.bzh@gmail.com et 06 43 65 92 50.

L’Auberge de La Hardouinais et ses 3 étoiles font face à la petite chapelle de Saint-Launeuc, magnifiquement restaurée. Cet hôtel de charme comprend 16 chambres à la décoration personnalisée et soignée, chic et moderne, propices à la détente après une bonne journée de pêche ! C’est aussi trois restaurants : au « Terroir » où vous pourrez déguster une cuisine du jour savoureuse en toute simplicité, à « La Crêperie » où vous goûterez aux crêpes et galettes bretonnes, à la « Rotisserie » où vous pourrez savourer des viandes et des poissons. Le chef, Sébastien Colleux, et son épouse Viki vous proposent une cuisine raffinée, élaborée à partir de légumes du potager et de produits locaux.
Crédit photo : Laurent Guillermin

Comment y aller ?

David Gauduchon
www.lepoissonvoyageur.fr
contact@lepoissonvoyageur.fr
Tél. : 06 70 81 65 83

 

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