Le genre Rhithrogena regroupe des espèces physiquement très proches, rendant l’identification souvent compliquée même pour un œil aguerri. R. semicolorata est certainement l’espèce la plus commune. Elle est presque partout et occupe une très large proportion de notre réseau de première catégorie. Elle se plaît aussi bien en plaine qu’en cours d’eau de piémont. On retrouve cette espèce dans tout type de biotope, des grandes rivières de plaine aux ruisseaux. Seuls quelques départements du nord et le sud-ouest de notre pays n’abritent pas ce bel éphémère. Ces grandes capacités d’adaptation lui font néanmoins déserter les zones à grandes fluctuations de température, mais aussi les lits des rivières sablonneuses et vaseuses.
Cycle
Rhithrogena semicolorata est une espèce univoltine (une génération par an) dont les émergences se concentrent uniquement sur les mois de mai et juin. La larve pétricole dont la taille se situe autour du centimètre s’adapte parfaitement à la vie dans les zones de courant. Sa croissance est lente. Lors des premières émergences printanières, les pics sont concentrés sur les deux ou trois heures les plus chaudes de la journée. Avec l’avancement de la saison, les émergences ont tendance à gentiment se décaler vers la fin de journée voire en soirée. À la métamorphose, les subimagos mâles comme femelles sont toujours très clairs, mais c’est seulement après que ces éphémères changent de nuances pour arborer des teintes variables allant du brun au gris verdâtre. Les ailes sont de manière assez récurrente grises et opaques. Avec leurs yeux proéminents en demi-sphère, les mâles se distinguent déjà parfaitement des femelles. Comme souvent, la métamorphose ultime se déroule dans les quelques heures qui suivent, discrètement à l’abri de la ripisylve. Au stade ultime, les imagos mâles et les femelles arborent des couleurs très proches : l’abdomen surmonté de deux longs cerques sans motif particulier est de couleur brun/roux. Il contraste parfaitement avec les segments abdominaux jaune doré qui s’harmonisent parfaitement avec les pattes. Les ailes, avec la métamorphose imaginale, sont maintenant transparentes, nervurées de brun et possèdent à leur base des nuances de bronze très clair. Les mâles adeptes du vol pendulaire se retrouvent au-dessus des cours d’eau pour former de belles nuées en fin de journée. Une fois la fécondation et la ponte effectuées, les dernières heures de pêche offrent dès le « pré-coup du soir » de belles retombées de spents !
En langage moucheur, ça donne quoi ?
Sa période de vol restreinte sur deux mois impose un timing de réalisation prémédité. C’est inévitable, on ne peut pas se priver de l’apparition de cette mouche si commune à cet instant de la saison ! R. semicolorata jouit d’une abondance telle, que nombreux d’entre nous auront à un moment ou à un autre rendez-vous avec. Le modèle présenté met en avant les caractéristiques parlantes de ce bel éphémère, à savoir un corps globalement brun clair aux segments visibles, ses ailes bronze et contrastées, et ses pattes plus claires. Si cette imitation est la représentation type de l’imago, les montages en spent donnent aussi certains soirs de fin de printemps et de début d’été d’excellents résultats…
Fiche montage
- Hameçon : TMC 900 bl
- Fil : nano silk 12/0 MDC noir
- Cerques : flanc de sarcelle
- Abdomen : royal quill roux + fil cuivre fin or
- Thorax : lièvre naturel
- Ailes : pointe de plume de flanc de sarcelle