Sortir léger ne veut pas dire sortir sans rien, mais il y a sans doute moyen de rationaliser votre équipement en adéquation avec ce type de sorties courtes et rapides, pour essayer de retrouver ce sens de l’eau ou au moins l’entretenir et surtout retrouver des sensations primaires… Pour ce genre de « retour aux sources », il est préférable de le faire l’été et pour plusieurs raisons. D’abord, c’est la période de l’année où le poisson est le plus actif, et, de ce fait, les traces de cette « activité » sont visibles autour de vous. Mais pour cela il faut regarder plus haut que son écran… Je dis souvent à mes collègues de sortie que le meilleur sondeur du monde, ce sont les oiseaux, soit ils sont en attente, car ils sentent qu’il va se passer quelque chose, soit il se passe quelque chose et ils le savent… Observez les oiseaux et ainsi, passez-vous de votre électronique embarquée. Suivez-les, ils ne vont pas tous dans le même sens ou dans la même direction sans une très bonne raison. De même, vous pouvez envisager une séance leurres de surface, en bordure de berges ou à proximité de parcs. Dans ce cas, laissez aussi votre écran et votre batterie à la maison, ils ne serviront pas à grand-chose sur ce type de sorties s’il y a du poisson dans le coin, c’est sur ces endroits qu’il sera cantonné…
Une seule canne
Vous avez réussi à vous passer de votre électronique (pour cette sortie), c’est bien, continuons donc d’alléger le flotteur… Côté matériel, une seule canne suffira, d’une puissance de 7/28 g (c’est une puissance passe-partout). Elle répondra à toutes les possibilités de techniques mises en œuvre, armée d’un moulinet de taille 2500. On en trouve de très légers sur le marché, et habillé d’une tresse qui glisse bien dans les anneaux (c’est préférable pour lancer des leurres de surface), un fluorocarbone de 19 à 26/00 de qualité et le tour est joué. Laissez les autres fleurets à la maison… On emporte aussi souvent trop de boîtes à leurres remplies à ras bord des derniers produits à la mode, et d’autres qui sont dans les boîtes depuis longtemps et qui n’ont pourtant jamais vu l’eau. Alors faites du tri… Une boîte compartimentée, avec trois ou quatre leurres de surface de tailles différentes, cinq ou six leurres souples (j’aime bien les gros shads montés sur un texan plombé, ça passe bien dans le goémon), quelques agrafes, une bobine de fluoro, un petit ciseau et cela suffira pour la sortie. Un accessoire indispensable, incontournable, c’est le gilet. Si en plus il est étudié pour la pêche et muni de poches de rangement, vous pourrez vous passer de la boîte compartimentée et glisser le matériel dans les poches. Si vous décidez d’une séance ciblée sur le bar, pas besoin d’épuisette, on sort très bien un joli poisson de l’eau en le serrant avec sa pince naturelle : la main !
Petit kayak à pagaie
Côté kayak, pour ce type de pêches, un petit kayak à pagaie est préférable si l’on choisit une séance de bordure dans le goémon par exemple. Pas de moteur, pas de batterie, pas de pédalier ou de drive, on a dit retour à l’essentiel et donc une simple pagaie, de préférence « leashée » au kayak, fera l’affaire. Bien sûr, votre flotteur habituel fera l’affaire aussi, la plupart des modèles se manœuvrant aussi très bien à la pagaie… Côté vêtements, là aussi le strict nécessaire suffit. C’est l’été, il fait beau, un short, un tee-shirt et une paire de chaussures, évitez les pieds nus dans le flotteur, une vieille paire de baskets ou des chaussons néoprènes sont suffisants. Profitez aussi d’être sorti en version kayak dépouillé pour faire une séance dessalage volontaire – remontée dans le flotteur en fin de session, l’entraînement à ce geste essentiel est important et ce geste doit être parfaitement maîtrisé par tous, même les plus jeunes. Voilà, vous êtes au bord de l’eau, un beau matin, il est 6 h, le soleil se lève et il fait déjà bon. En deux minutes vous êtes prêts, pas de temps perdu à refaire une cosse oxydée qui a cassé au moment de la brancher sur la batterie…
Tout ce qui peut servir de caches aux poissons
Il n’y a plus qu’à glisser sur le fil de l’eau, à la cadence de vos bras. Longez les bordures et repérez les sillages des poissons en chasse, les oiseaux qui plongent au loin, la veine de courant en surface qui indique la présence d’une anomalie de fond, lancez derrière cette tête de roche qui apparaît à 15 mètres de vous. Peignez les zones de mouillage en lançant sous les coques des bateaux amarrés sur leurs corps morts. Lancez votre leurre de surface le long des enrochements des polders, lorsque la marée est basse et que le bar vient chercher les crevettes et les crabes dans le goémon. Grattez les zones de sable entre deux avancées rocheuses. Testez les piles de ponts, les bords de cales béton, bref, tout ce qui peut servir de caches aux poissons fourrage et donc aux prédateurs qui les suivent. Cette pêche redevient de la chasse. Réveillez votre instinct, écoutez et interprétez les signes, ils sont là, devant vous… Ce poisson piqué au milieu du goémon de bordure avec une créature qui ressemble à tout et n’importe quoi et montée sur un hameçon texan. Après avoir vu ce qui semblait être une dorsale et, dans le doute, lancé votre leurre, un poisson s’est retourné et a gobé votre leurre à peine après avoir touché l’eau. Il restera gravé dans votre mémoire de pêcheur, c’est votre poisson, vous ne le devez pas à un écho de sondeur, vous le devez aux signes que vous avez observés et interprétés, vous le devez à votre sens de l’eau, il n’en a que plus de saveur. Un tel poisson vous donnera encore plus de plaisir en le voyant repartir après la séance photo !