C’est à Port-Camargue, près du Grau-du-Roi (30), que je retrouve Éric Arnaud pour ce qui s’annonce être une journée marathon et haute en couleurs ! Détaillant en articles de pêche à L’Isle-sur-la-Sorgues, dans le Vaucluse, cet amoureux de la mer rejoint régulièrement sa marina pour profiter de la richesse des eaux camarguaises. C’est ici en effet qu’Éric s’est découvert une véritable passion pour la pêche du loup. Mais pas n’importe laquelle : en surface, uniquement en surface !
Technique exclusive
« À l’origine, je suis un pêcheur de truite à la mouche, en sèche et à vue, justifie-t-il. Aujourd’hui, je pêche moins à la mouche, mais je retrouve dans la traque du loup aux leurres ce type d’approche technique et prenante ! » Éric a donc fait de la pêche du loup en surface sa technique exclusive. Cette approche passe par une impeccable connaissance des secteurs où les loups sont potentiellement enclins à lever les yeux ! Éric, après analyse de la météo, a d’abord prévu une rapide tentative du bord. C’est sur son vélo électrique, spécialement équipé pour rouler sur le sable, qu’il rejoint la vaste plage. Si d’ordinaire le littoral méditerranéen est bétonné, le secteur est ici très sauvage, avec plusieurs kilomètres de plage.
Devant cette apparente uniformité, je m’interroge. « Si l’on observe bien la bordure, on distingue des irrégularités avec des bancs de sable, des couloirs et des trous plus profonds, me rassure Éric. Les loups arrivent du large et transitent le matin sur ces zones pour chasser. Aujourd’hui, le petit clapot est à mon avantage, car les poissons sont moins méfiants et devraient monter plus facilement. » Lunettes polarisantes sur le nez, notre pêcheur peigne rapidement les zones de passage, n’hésitant pas à remonter sur son vélo pour filer quelques centaines de mètres plus loin sur d’autres postes marqués. Éric anime rapidement son Patchinko (Xorus), précédé d’un teaser (voir plus bas) en potence, canne basse, guettant le moindre indice. Le voilà prospectant la cassure d’un vaste plateau de sable. Dans les derniers mètres d’animation, première touche et premier poisson ! Mais ce n’est qu’une orphie, piquée sur le teaser. Éric continue en avançant sur le grand plat, vers la rupture du fond, de plus en plus marquée. Sur un long lancer, parallèle à la cassure, le stickbait disparaît dans une gerbe d’éclaboussures. L’attaque est foudroyante, le contact immédiat. Un gros sujet qui, malheureusement, se décroche dans la seconde qui suit.
L’intérêt du teaser
Le secteur semble intéressant car quelques lancers plus tard, Éric pique un premier loup d’une trentaine de centimètres qui, comme l’orphie, s’en est pris au teaser. « Ce montage qui simule la poursuite d’un alevin déclenche souvent l’intérêt des loups, parfois même les plus gros, confirme-t-il. C’est assez net lorsqu’ils sont focalisés sur de petites proies. » Dans l’heure qui suit, les beaux sont aux abonnés absents et Éric enchaîne les poissons de taille modeste. Il est temps d’aller récupérer son bateau pour tenter l’aventure au large de Port-Camargue.
Retour au bateau
C’est en direction des Saintes-Maries-de-la-Mer qu’Éric gagne un secteur privilégié pour la pêche en surface. La mer est belle, le petit clapot maintenu par la brise marine tend à légèrement retomber en fin d’après-midi. Des dizaines d’épis rocheux artificiels succèdent à la plage sur plusieurs kilomètres. Fixant une grande quantité de proies, ces enrochements sont d’excellentes zones d’affût pour les loups. Éric prévoit de prospecter rapidement chaque digue, jusqu’à trouver les secteurs où se concentrent les poissons les plus actifs. Le moteur électrique est un véritable plus pour cette approche discrète. Notre pêcheur commence par une prospection large avant de s’avancer au plus près des épis car il n’est pas rare de trouver des poissons mordeurs légèrement décalés des rochers. Canne basse, il anime rapidement son stickbait, battant un maximum de terrain. Au troisième épi, première sommation avec un beau remous derrière le leurre. Éric relance rapidement mais ménage quelques pauses dans sa récupération : c’est la touche ! Un joli poisson d’une quarantaine de centimètres rejoint l’épuisette… et le vivier. Éric s’empresse de relancer car, excepté pour les très gros spécimens, les loups ne sont jamais seuls et il faut profiter des moments d’effervescence. Dès le lancer suivant, il s’offre un doublé avec un poisson de taille correcte et un plus petit, pris sur le teaser. Le rythme retombe légèrement, forçant Éric à décaler sa prospection un peu plus loin.
Moins d’un mètre
Les épis s’enchaînent et les touches à nouveau aussi, toujours avec ces pics d’activité et de concentration très marqués durant lesquels plusieurs poissons sont capturés en un temps record, sur un périmètre très serré. « Je vais changer de secteur et me rapprocher d’une longue langue de sable, décide Éric. Les faibles profondeurs y accentuent les mouvements d’eau. Avec un peu de chance, je pourrai attaquer quelques poissons à découvert ! » Coup de poker pour notre pêcheur qui ne me cache pas que pour lui l’important n’est pas forcément de pêcher les plus gros poissons. Ce qu’il aime, c’est que la pêche reste ludique et visuelle. Dans la plus grande discrétion, il s’approche pour localiser d’éventuels poissons en maraude dans moins d’un mètre d’eau. Il pense que nous devrions apercevoir beaucoup de mulets parmi lesquels se fondent toujours discrètement quelques beaux loups.
Comportement étrange
Tout est une question de rapidité d’identification. À l’avant du bateau, Éric cherche attentivement toute ombre ou indice qui trahirait leur présence. Le comportement étrange de deux poissons longeant la cassure l’alerte. Il lance le plus discrètement possible, anticipant leur déplacement. Dès les premières animations, leur réaction vis-à-vis du leurre confirme qu’il s’agit bien de loups en chasse. L’attaque sur le stickbait est franche et un beau spécimen rejoint l’épuisette de notre pêcheur, heureux d’avoir leurré ce poisson à vue. La traque reprend, un autre poisson est aperçu mais ne montre aucun signe de curiosité. Quelques minutes plus tard, alors qu’Éric s’attarde sur une silhouette lointaine, une violente attaque sortie de nulle part le surprend, suivie d’une seconde aussi brutale. Et c’est un nouveau doublé, avec deux très jolis poissons ! Ce beau remue-ménage, ayant largement calmé l’activité sur le plateau, annonce par la même occasion la fin de cette escapade en bateau. « Nous allons repartir à vélo puis à pied, m’annonce l’infatigable Éric. J’ai tout de même envie d’explorer une petite lagune le temps de quelques derniers lancers, pour mon coup du soir.»
Une consolation
Dans la lumière rasante du soleil couchant, nous gagnons une étendue saumâtre où notre pêcheur continue d’animer ses leurres en surface. La malchance fait qu’il enregistre trois attaques toutes décrochées tandis que de magnifiques envols de flamants roses s’affichent sous nos yeux à la manière d’une jolie consolation.
Le matériel d'Eric
Cannes
- Injection 73M (Tenryu) 5/28g
- Super Shoot (Tenryu)
Moulinets
- Certate 4000 (Daiwa)
- Vanquish 5000 XG (Shimano)
Tresse
- UF PE line x8 (Ultimate fishing)
Bas de ligne
- Fluorocarbone Shock leader (Varivas) 28/100
Leurres
- Patchinko (Xorus)
- Asturie (Xorus)