Comme chaque année, à la saison du printemps bien avancée, les daurades grises et grisets reviennent en nombre le long des côtes. La température de l’eau étant en hausse, ces sparidés ont besoin d’un apport énergétique, et entrent dans une phase d’alimentation excessive. À la fois voraces et opportunistes, ces daurades contournent les obstacles et les roches les uns après les autres, afin de trouver une nourriture riche et diverse. Une fois sur zone, les pêches sont souvent fructueuses, avec de beaux sujets sur cette période précise de l’année. Les prises sont souvent multiples, généreuses, et nous donnent du fil à retordre. Néanmoins, de nombreuses daurades grises sont grainées, donc en phase de reproduction. Cette pêche est avant tout une approche ludique et sportive, pratiquez le no-kill en relâchant bon nombre d’entre elles, afin qu’elles puissent se reproduire sereinement.
Postes et conditions de pêche
Les zones de pêche sont assez variées parce que les daurades colonisent en nombre les côtes. Elles occupent essentiellement les grandes baies formant des plateaux de roches, parsemés d’algues, de petites roches, de sable et de merle. Les estuaires sont également des secteurs à ne pas négliger, les daurades grises regagnent ces zones riches où l’on trouve quantité de mollusques et de petits crustacés. Concernant la profondeur où elles se tiennent, concentrez votre approche sur de petits fonds allant de 8 à 15 m, la température d’eau est plus élevée sur ces secteurs peu profonds. On retrouve de nombreuses espèces, dont les daurades grises qui sont également guidées par cette hausse de température. Lors de votre sortie, privilégiez les marées de coefficient 60-65, avec de bonnes conditions climatiques, afin de retrouver une mer calme et des vents faibles. Cela vous permet de pêcher dans des eaux suffisamment vives en surface, tout en disposant de faibles courants de fond. Ces conditions vous permettent à la fois de vous ancrer et de pêcher à soutenir sans utiliser de gros plombs, et de maintenir aussi votre montage perpendiculaire à l’aplomb du bateau.
Canne et montage
La pêche à soutenir se pratique avec des cannes courtes, légères et résonantes, avoisinant les 2,10 m. Elles sont à la fois équipées d’un scion nerveux très fin pour sentir les touches furtives et puissantes, afin de brider les plus beaux sujets. Ces cannes à scions fins vous permettent de détecter des touches timides, grâce à la sensibilité très pointue qu’elle procure lors de la touche. Votre montage est équipé d’un bas de ligne de 1,20 m munie de deux empiles de 20 cm, espacées pour qu’elles ne s’emmêlent pas. Le montage doit être discret et armé d’hameçons simples de taille 4 à 6 afin d’éviter les loupés successifs. À cause de leur bouche étroite, les grises se prennent mal à l’hameçon, surtout lorsqu’elles sentent une tension, comme une difficulté à s’approprier l’esche. Cela est fréquent chez les jeunes sujets, elles mâchouillent, déchiquettent l’appât sans qu’elles se piquent. Attendez que les touches soient franches et ferrez sur le rush. Si vous décrochez de nouveau, raccourcissez vos bas de lignes.
Amorçage et esches
L’amorçage est nécessaire dans cette approche, étant donné que l’on pêche avec le bateau ancré. Il permet de maintenir les poissons dans un périmètre restreint durant un bon laps de temps. Pour assurer trois à quatre heures de pêche, je préconise 5 à 7 kg de sardines broyées mélangées à du micropellet marin ou à de l’amorce de mer. En malaxant l’ensemble, vous réalisez une « strouille » que vous versez dans une bourriche, ou bien dans un filet à petite maille, le tout lesté par un poids afin de le maintenir au fond. Lorsque vous arrivez sur le poste, ancrez votre bateau le nez face au courant. Cette stratégie permet de pêcher à l’arrière du pont, en ayant le plus de place possible. Effectuez le mouillage sur une zone dégagée, où les risques d’accrocs sont minimes. D’ailleurs, utilisez un grappin avec des tiges assez souples qui se plient et se décrochent, au cas où il se bloque dans une roche. Le mouillage effectué, vous descendez la « strouille » raccordée par un boot fixé au davier. Une fois au fond, elle diffuse des effluves qui suivent le courant. Les micromorceaux de sardines se laissent alors porter au gré des flots, et finissent par rejoindre les premières daurades, quic à leur tourc remontent la filière jusqu’au bateau. Concernant vos esches, les daurades grises ne sont pas difficiles sur leurs choix, vous pouvez utiliser aussi bien des crevettes, des lamelles de céphalopodes et de maquereaux, et, pour finir, des coques. Cependant, elles doivent être fraîches, elles sont nettement plus productives en matière de pêche, et tiennent également beaucoup mieux sur l’hameçon. Prévoyez un vaste choix sur le bateau, afin de varier les esches, et de voir lesquelles sont plus pertinentes d’un jour à l’autre.