Comme chaque année, les passionnés de pêche au leurre en mer trépignent d’impatience, en attendant que les belles journées reviennent au plus vite, afin de sortir les nouveautés de l’année et ainsi les tester. Cela dit, pour les férus de pêche au leurre qui n’attachent guère d’importance au froid, cette trêve hivernale est une véritable aubaine pour la pêche des lieus jaunes, et il serait vraiment dommage de ne pas en profiter. Idéalement, prévoyez vos sorties avec de bonnes conditions météo. Vous aurez plus de chance d’atteler ces beaux spécimens en bateau, et non loin des côtes. Très amusante et tout aussi sportive, la pêche des lieus jaunes permet de jolis coups de ligne avec des captures régulières de poissons de plus de 6 kg à cette époque de l’année.
Conditions et zone de pêche
Les lieus jaunes, comme bien d’autres prédateurs, sont des poissons à la fois vulnérables et affectés par le changement climatique incessant et instable. L’irrégularité des températures, le changement des vents dominants et la variation de pression atmosphérique inopinée ne facilitent en aucun cas la pêche en hiver. Les poissons sont impactés par ces perturbations et adoptent des comportements différents, qui les rendent quasiment inactifs. Même si l’alimentation devient un besoin vital en cette période hivernale, nos gadidés sont capables de ne plus se nourrir et d’attendre patiemment que les conditions climatiques se stabilisent, avant de reprendre une activité croissante. Pour ma part, je vous conseille de réunir tous les bons paramètres dans les jours qui précèdent votre sortie en mer, afin qu’elle se déroule dans les meilleures conditions possibles. Les journées étant relativement courtes en cette saison, il est judicieux de connaître précisément les zones de pêche sur lesquelles vous allez rechercher les lieus jaunes, afin de réduire votre temps de prospection et d’enregistrer les touches dès les premières dérives. Vous pouvez, même chez vous, définir sur votre cartographie le parcours que vous allez effectuer. Étant donné que les lieus jaunes se trouvent sur des bases profondes allant de 40 à 70 m pour certaines, il est nécessaire de sortir par mer calme, sur des coefficients moyennant les 60 à 70.
Pics rocheux et cassures
Le courant est assez soutenu pour faire bouger les poissons, sans que la marée génère trop de marnage durant les premières heures de renverse, où le courant s’accentuera davantage. Cela vous permet de pêcher efficacement en verticale les secteurs où les prédateurs se déplacent. En arrivant sur les zones de pêche définies précédemment, effectuez votre prospection à l’aide du sondeur en analysant la topographie du fond et notez vos points sur des pics rocheux, des cassures, qui génèrent davantage de courant, même si la profondeur est importante. Le moindre relief et obstacle accentuent systématiquement la vitesse de flux d’eau au fond, lorsque la marée est lancée. Une fois cette étape passée, reprenez le même cap en effectuant vos dérives une à une. Insistez bien sur l’enregistrement des accords de roches dans la continuité du plateau que vous prospectez, la détection apparaît bien souvent à ce moment précis où vous comptabilisez vos premières touches. À noter également que les épaves sont forcément des spots à prospecter en hiver, les gros lieus jaunes résident sur ces bases où la position GPS est extrêmement précise. Ici, les gadidés disposent à la fois de refuge pour se cacher et du fourrage nécessaire pour s’alimenter.
Le choix des leurres
L’usage de gros leurres est bénéfique pour faire mordre les gros lieus en hiver, ils produisent des signaux vibratoires plus perceptibles en animation lente, ce qui accentue l’agressivité des prédateurs. J’utilise essentiellement des shads plus ou moins effilés sur des fonds de 40 à 70 m quand le marnage est faible. Leur rolling génère davantage de vibrations et de résonance dans le blank, ce qui me permet de mieux ressentir le leurre dans son évolution au fond, tout en le remontant par palier. L’autre avantage de ces shads est que ces derniers disposent de souplesse et d’une forte densité, offrant la possibilité de les animer plus ou moins vite, en s’appuyant sur le courant pour intensifier les vibrations. J’utilise essentiellement des couleurs chaudes comme les coloris orange et rose. Néanmoins, quand l’eau est trouble et chargée, je préconise le blanc nacré, le gris et le bleu clair. Lorsque vous pêchez des secteurs dépassant les 70 m, utilisez des leurres souples qui exercent beaucoup moins de pression et de résistance. Les slugs et les worms sont parfaitement adaptés aux grands fonds et aux courants transversaux ne facilitant pas toujours une descente homogène et rapide. Armez-les de têtes plombées longilignes et fusiformes afin de bien les équilibrer. Soyez également vigilants et cohérents sur le grammage de la tête plombée que vous montez sur le leurre, elle doit être en phase et proportionnée avec son gabarit. Pour ce faire, observez l’intensité du courant et la profondeur à laquelle vous allez descendre votre leurre. Généralement, pour des leurres de 15 cm, on adapte des plombées de 60 g à 90 g, et de 100 g à 150 g sur des modèles plus conséquents. A noter que le jig est également productif car il est à la fois compact et effilé, il gagne rapidement le fond en perçant les couches d’eaux, et papillonne davantage lors de sa récupération.
Une récupération lente
Durant cette saison, la combinaison de l’environnement de la période hivernale et du comportement supposé du prédateur à évoluer dans une eau froide, avec des conditions particulières, oblige ce dernier à se déplacer uniquement pour se nourrir. Lors de leur phase d’alimentation, les lieus jaunes repèrent alors les proies les plus fragiles, et portent l’ultime attaque, quand elles se trouvent à leur portée. En adoptant cette méthode, ils ne se dépensent que très peu et conservent ainsi l’énergie nécessaire pour s’emparer d’une autre proie. Pour éviter ainsi l’indifférence des lieus jaunes à la vue de vos leurres, vous devez exclusivement réaliser des animations très lentes de très faibles amplitudes, afin de ne pas éveiller les soupçons sur la proie artificielle en question. Le mouvement de votre leurre doit reproduire la nage naturelle d’une proie dans une eau froide. En misant sur une récupération à faible vitesse, vous vous octroyez les chances d’obtenir davantage de touches de nos prédateurs, qui se placent stratégiquement au plus proche des zones d’alimentation. Selon la configuration des postes sur lesquels vous vous trouvez, il est judicieux de gratter le fond avec votre leurre sur des secteurs uniformes, ou bien de le remonter en effectuant des arrêts tous les quatre à cinq mètres le long des accords. Cela s’applique selon le positionnement du fourrage et des lieus jaunes sur la zone choisie.
L’efficacité de l’attractant
L’usage d’attractant est bénéfique lorsque les prédateurs sont peu actifs. Dans ce cas, il m’arrive parfois de faire la différence avec ces boosters, qui dégagent des effluves de poissons marins, rendant les lieus jaunes plus mordeurs. Mon premier choix se porte sur l’usage d’une pâte d’enrobage dense et collante concentrée, à base de poisson, que j’applique sur les flancs du leurre. La forte diffusion qu’elle provoque dans l’eau assure des résultats rapides sur les poissons dans une eau froide. Je vous conseille de l’appliquer la veille sur les leurres, pour que la matière s’imprègne parfaitement bien. Très attractive, cette pâte d’enrobage permet de mieux disperser ses effluves, surtout si le déplacement du leurre est réaliste. Le second attractant qu’il m’arrive d’utiliser se présente sous forme de gel, fabriqué à partir de protéines marines qui font nettement réagir les lieus calés au fond. Je l’utilise exclusivement avec des leurres souples qui possèdent un ventre creux, afin d’y mettre le gel. Le fait de disperser cs.e type d’effluves à l’aide du leurre augmente l’instinct de prédation des lieus jaunes et occasionne une concurrence alimentaire, qui incite les prédateurs à se nourrir, et donc à obtenir de belles touches.