Dans la grande famille des sparidés, on rencontre plusieurs types de sars : le sar tambour, le sar à museau pointu et le sar commun, ce dernier étant le plus courant sur nos pourtours méditerranéen et atlantique. Les sars méditerranéens ont une taille moyenne plus petite qu’en Atlantique. La taille légale de capture est de 25 cm en mer de Nord, en Manche et en Atlantique alors qu’elle n’est que de 23cm en Méditerranée. Les plus gros sujets se rencontrent surtout sur le pourtour atlantique, pouvant dépasser les 2,5kg.
Le bon garde-manger
Très reconnaissable à son corps trapu, argenté, marqué de raies noires plus ou moins prononcées, ce poisson se remarque par sa dentition. De solides incisives et molaires lui permettent en effet de broyer coquillages et crustacés. Il se déplace en banc dont la densité diminue avec la taille des individus. Quoiqu’omnivore, le sar a ses préférences et ne refuse pas une crevette ou une moule… bien présentées ! Il se régale aussi d’une lanière de calamar, d’un filet de sardine, d’un pied de couteau, d’un chapelet de palourdes ou d’un bulot. L’idéal est de dénicher un coin avec une certaine profondeur pour le mettre en confiance, avec à proximité des rochers couverts de moules. Lorsque l’eau est assez claire, on peut parfois repérer ces garde-manger qui forment de grandes taches noires aisément identifiables.
Il faut que ça bouge
Le sar se réfugie dans les anfractuosités et ne sort de son gîte que s’il se sent en sécurité. Il faudra donc le solliciter tout près du bord, contre les parois rocheuses et faire preuve de discrétion. S’il se pêche toute l’année, le sar est particulièrement actif de l’été à l’automne. Contrairement aux daurades, il affectionne une mer agitée, les secteurs où le ressac est bien marqué. Les vagues, venant cogner contre les rochers, décrochent ou brisent les coquillages dont il raffole. Il est donc judicieux de pêcher face au vent, en plein dans la mousse. Ce poisson étant très méfiant, le ressac fait en outre écran et le met en confiance. Si la mer ne remue pas suffisamment, il est recommandé de privilégier les coups du matin et du soir. Les gros sujets (1,5 à 2kg) sortiront alors plus volontiers de leur tanière.
Au toc
Première approche possible : la pêche au toc. On utilise une longue canne (5 à 7m), afin de rester bien en retrait, pour la discrétion et la sécurité. Elle doit être à la fois sensible et puissante (10-100g) pour contrer le rush d’un beau poisson et, si possible, le sortir directement de l’eau sans épuisette. Il est néanmoins possible d’utiliser une canne plus courte (3,30 à 3,60m), plus agréable par vent latéral. L’action de ce type de canne n’est pas sans rappeler celle d’une canne feeder. Pour résumer, quelle que soit sa longueur, il faut disposer d’une bonne réserve de puissance et d’une grande sensibilité. En taille 2500 ou 3000, le moulinet est garni d’un nylon en 26/100 ou d’une tresse en 12/100.
Le juste lest
On raccorde une tête de ligne (4m de 33/100) suivie d’un bas de ligne de 80cm en fluorocarbone (30/100) sur lequel on installe un hameçon simple moyen de fer à palette n°4 à 2/0 en fonction du type d’appât utilisé. Il suffit de pincer une ou deux chevrotines sur le bas de ligne, de les rapprocher, de les espacer ou de les éloigner de l’hameçon en fonction de l’humeur du poisson. Au toc, il faut présenter un appât le plus naturellement possible. La difficulté est de trouver le juste lest, qui n’entrave pas le comportement de l’appât et permet de pêcher à la bonne profondeur. Le tâtonnement est donc de rigueur. On pêche à ses pieds. Il faut une bonne lecture de l’eau pour prospecter là où ça mousse et conduire sa ligne de telle manière que l’appât emprunte les veines de courant, suffisamment en profondeur.
Une belle défense
Ballotté par le ressac, l’appât se promène alors en toute liberté dans les anfractuosités rocheuses, là où se tiennent les sars. Le poisson se trouvera souvent dans le moins chahuté du plus chahuté et quittera rapidement sa zone de confort pour s’emparer d’une moule à la dérive. Cette touche est généralement brutale et la défense du poisson est particulièrement musclée. Un régal ! Dès que les touches cessent, il faut bouger.
Au flotteur
Pour pêcher au flotteur, une longue canne télescopique (4 à 5 m) de même puissance est indispensable. Le moulinet (2500 à 3000) est garni d’un nylon en 30/100 suivi d’un bas de ligne de 60cm de 26/100. Pêcher plus fin est inutile surtout lorsque la mer est agitée. Pour le flotteur coulissant, il faut privilégier les modèles effilés. Si la mer est agitée, une portance de 15 à 25g est parfaite. Par mer calme, 8 à 12 g seront suffisants. Il faut toujours bien équilibrer ce flotteur afin que le sar ne sente pas de résistance à l’enfoncement. Il doit même, par moments, couler légèrement dans la vague. Avec l’habitude, par mer agitée, on identifie parfaitement les vraies touches, souvent très franches. La forte dentition du sar et la pression exercée par ses mâchoires obligent l’utilisation d’un hameçon assez fort de fer. Un hameçon Spécial dorade (VMC) renversé, n°4 ou 2 en fonction du type et du volume de l’appât, convient parfaitement. Si la pêche au toc est le plus souvent itinérante, le flotteur se pratique plutôt à poste fixe. On peut alors faire un coup en amorçant souvent mais peu à la fois avec une régularité de métronome. La recette est semblable à celle d’une amorce pour l’eau douce à base de farines (type maïs, arachide) et de chapelure fine, agrémentée de sardine écrasée. Bien d’autres espèces de poissons (dorades grises, bars, maquereaux) seront sans doute attirées, elles aussi, ce qui n’est bien sûr pas pour déplaire même si cette affluence peut parfois gêner les plus gros sars. Le profil des postes à sars impose de disposer d’une épuisette équipée d’un long manche télescopique en carbone, pouvant atteindre plus de 5m.
Longue épuisette
La mise à l’épuisette d’un beau sar n’est pas chose si facile. Seul, c’est quasiment mission impossible. À deux, l’un travaille le poisson, l’autre maniant l’épuisette tant bien que mal compte tenu du ballant et des vagues. On trouve néanmoins, depuis quelque temps, des cannes en carbone renforcé permettant de treuiller sans risque des poissons jusqu’à 2kg. On voit que le sar est malgré tout un poisson qui se mérite. On devient très rapidement addict de cette pêche excitante qui a par ailleurs l’avantage de pouvoir être pratiquée en toute simplicité.
Le matériel de Thierry
Pêche au toc
- Cannes : E-Tensis-900 (Caperlan), Saltist Strong Float (Daiwa)
- Moulinet : Caldia 2500 (Daiwa)
- Tresse : J-Braid 8 brins (Daiwa) 12/100
- Bas de ligne : Fluorocarbone (Varivas) 34/100
- Hameçon : Dorade 7210 BN (VMC) n°2 à 1/0
Pêche au flotteur
- Canne : E-Tensis 900 (Caperlan) 5m
- Moulinet : Caldia 2500 (Daiwa)
- Nylon : 30/100
- Bas de ligne : nylon 28 ou 26/100
- Hameçon : Dorade 7210 BN n°4 et 2
- Épuisette : Iso (Daiwa) 5,90m