Ce poisson, que les anciens sur la côte atlantique appelaient une « mauvaise loubine », n’est pas de la famille de notre bar commun. Il s’agit d’un sciaenidé, comme son cousin l’otholite qui porte le nom de cette concrétion minérale à base de carbonate de calcium, proche de l’ivoire ou de l’albâtre, du grec otos (oreille) et lithos (pierre), située dans la cavité auditive du maigre lui permettant d’améliorer son positionnement et son équilibre. Le maigre présente la particularité d’atteindre des tailles impressionnantes avec plus de 2 mètres pour un poids pouvant dépasser les 100 kg. Ce poisson est un migrateur qui suit des « routes » pour rejoindre les sites de reproduction dans les estuaires de la côte française occidentale. En raison de la proximité côtière, il subit une forte pression de pêche par les professionnels qui tendent leurs filets sur les zones de frai, repérant les bancs de poissons grâce aux sondeurs mais aussi grâce à leurs oreilles collées à la coque du bateau à l’écoute du grognement si caractéristique des poissons durant la reproduction, mais il subit aussi la pression des pêcheurs plaisanciers qui convoitent ce qui est la plus grosse prise accessible à la ligne en zone côtière !
Misez sur les coloris « flashy »
De mars à fin avril le maigre se reproduit dans ces zones peu profondes avant de ressortir des estuaires, affamé, en se mettant à la traque de toute proie pouvant lui permettre de récupérer des forces afin de reprendre sa migration méridionale au début de l’automne en quittant la côte pour un retour par les eaux plus profondes… Seiches, maquereaux, tacauds, orphies et même les bars sont au menu ! J’ai personnellement déjà assisté à des attaques de maigres dans les chasses de bars mouchetés à proximité des plages croquant tout ce qui passe… Tout doit être calculé pour espérer pouvoir piquer et tenir au bout de sa canne un tel poisson, les pêcheurs bretons qui tombaient de manière rarissime sur des maigres les années passées (avant que cela ne devienne plus régulier) en ont fait les frais, se faisant littéralement vider une bobine de plus de cent mètres de tresse en quelques secondes sur le premier rush d’un poisson qui ne montre aucun signe de faiblesse, véritable tracteur ou sous-marin suivant son chemin jusqu’à la casse ou le décroché lorsque, gêné par cette pointe dans la gueule, ce dernier s’arrête pour asséner de grands coups de tête avant de repartir de plus belle ou revenir sur l’embarcation. Pour les maigres de taille moyenne, un ensemble un peu fort pour le bar conviendra parfaitement ans un premier temps.
Cherchez-le au leurre souple avec des têtes de 15 à 40 g suivant la profondeur. Contrairement au bar, le maigre ne cherche pas les obstacles et un banc de beaux poissons peut parfaitement mordre dans une zone tout à fait plane à condition que le courant leur convienne. Les couleurs chaudes ont la préférence des pêcheurs de maigres, les coloris orange, rose et jaune fluo donnent très souvent de bons résultats. En pointe ne descendez pas en dessous de 40 centièmes fluorocarbone, c’est inutile. En ce qui concerne la zone de pêche, il est possible de cibler les chasses de maquereaux car il est très régulier de voir les maigres venir se « servir » dans ces poissons ou bien récupérer les proies blessées par ces derniers. Le sondeur annonce en général la présence des maigres en fin de dérive, à l’affût derrière le banc de pélagiques. L’animation est minimaliste et doit permettre au leurre d’évoluer dans le dernier mètre au-dessus du fond. En l’absence de chasses, les plateaux isolés doivent être prospectés méticuleusement en insistant sur les tombants de ces derniers en effet le maigre est souvent plus « bas » que les autres prédateurs, n’aimant pas le bruit et la lumière il reste à l’affût et à l’écart des zones fréquentées par les bars.