La technique de montage des mouches articulées s’est développée il y a plusieurs dizaines d’années aux États-Unis et en Angleterre. Certains pêcheurs cherchaient à reproduire au mieux la nage des grandes larves de demoiselles et de libellules. Ces deux espèces d’insectes pullulaient parfois dans les lacs et les réservoirs tant et si bien qu’elles représentaient, à certaines époques de l’année, 100 % du régime alimentaire des truites. Ils eurent alors l’idée de dissocier l’abdomen du thorax. Chaque partie fut montée sur un hameçon distinct, reliée par une petite boucle de nylon. La première mouche articulée venait de naître et allait, en très peu de temps, se forger une réputation de mouche à gros, voire à très gros poissons ! Elle eut pourtant beaucoup de mal à traverser l’Atlantique, et même la Manche, et ne connut pas le succès qu’elle méritait sur le vieux continent.
Une autre technique a été mise au point un peu après. Elle est née de l’imagination fertile des pêcheurs de Steelheads de la côte ouest des États-Unis. Ce poisson mythique, qui déchaîne toutes les passions en Amérique du Nord, est à l’origine de nombreuses évolutions dans le montage des streamers. Celle-ci consistait à utiliser une bandelette souple de lapin entre deux hameçons reliés par un morceau de backing en dacron. Il ne restait ensuite qu’à couper ou pas l’hameçon de tête qui pouvait être plus ou moins lesté. Après maintes évolutions donc, et l’apparition des tresses de pêche modernes, les « Snake Fly » sont nées. Elles ont été énormément utilisées ensuite en Angleterre pour pêcher les grands réservoirs, notamment où elles ont vite prouvé leur efficacité sur les grosses truites.
Des aimants à poissons
Loin d’être de simples gadgets, ces modèles sont de véritables aimants à poissons et ont vite fait leurs preuves sur d’autres espèces de salmonidés, mais aussi de carnassiers et même de poissons marins. Une fois dans l’eau, la « Snake Fly » ondule de façon incroyable, créant une sensation de vie qui ne laisse aucun prédateur indifférent !
Bien-sûr, la rançon du succès a un prix et ce montage est long à réaliser correctement, surtout si l’on veut de belles mouches avec la tresse cachée dans la bandelette de lapin que l’on traverse de part en part avec une aiguille de couture. Pourtant, il y a quelques mois, au détour d’une conversion avec Stéphane Warnier de la société TOF, il m’évoque une nouvelle fibre synthétique parfaite pour les articulées, plus souple que le lapin et surtout très solide, même plus besoin de mettre de tresse pour renforcer le montage ! Il n’en fallait pas plus pour que je lui demande quelques échantillons à tester !
Le produit est en effet très mobile et ressemble un peu à de la Polar Chenille que j’ai pu utiliser un moment, mais dont l’âme cassait à cinq cents grammes de pression à peine. Il fallait donc la traverser avec une tresse comme le lapin, mais l’avantage était qu’elle ne durcissait pas en séchant dans les boîtes. Premier test, je tire dessus comme un beau diable et en effet ça tient très bien ! À moins de pêcher en quarante centièmes en pointe, l’âme ne cassera pas avant la pointe. Cela rend ce type de montage d’une facilité déconcertante !
Une mouche articulée en trois minutes !
Je vous montre ici quelques modèles très simples que j’ai pu tester. Une mouche articulée en trois minutes, c’est exactement ce que je recherchais depuis longtemps ! Le montage est, à quelques poils près, le même pour toutes ces articulées. Ensuite, vous n’avez qu’à laisser votre imagination guider vos montages. De la grosse larve de libellule au chabot articulé, tout est possible. Le poids en tête qu’il soit apporté par une bille, un casque ou des yeux lestés permet aux snake fly de vraiment onduler dans l’eau à chaque relâché et apporte un supplément de vie et donc d’attractivité à vos streamers. Au contraire, vous pouvez fabriquer des « Snake Boobies » en plaçant en tête des yeux en mousse ou une languette de foam. Il faut ici utiliser des soies intermédiaires ou plongeantes suivant l’effet recherché. Bien entendu, si vous voulez vous attaquer à de plus grosses bêtes ou des poissons marins par exemple, il faudra assurer la mouche avec un double brin de tresse, mais pour la truite ou le black-bass par exemple, cette nouvelle chenille permet de faire très facilement et rapidement des Snake fly redoutables !
MONTAGE Snake naturelle
HAMECON : TOF ou Tiemco pointe rentrante et court n° 10 à 2 suivant la taille de la mouche + un second hameçon classique coupé (ou pas) pour réaliser la tête.
FIL DE MONTAGE : Nano Silk 12/0
QUEUE ET CORPS : Snake Chenille et dubbing de poils de dos de lièvre et colle cyanoacrylate