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Sandre, l'éternelle question des coloris

Lors d’une partie de pêche, la prise du premier sandre est souvent une indication précieuse pour savoir ce qu’il recherche ou accepte de se mettre sous la dent. Dans la plupart des cas, on se pose naturellement la question : est-ce la couleur, le type, la taille ou l’animation du leurre qui a permis de prendre ce poisson ? Il est évident que chaque paramètre, voire une association de ceux-ci, peut être l’élément déclencheur. Le choix du coloris en harmonie avec la tendance du moment et avec l’endroit s’avère très souvent l’élément qui va permettre de finaliser et concrétiser les touches. Pourquoi choisir un coloris plutôt qu’un autre, et dans quelles conditions les utiliser, voici quelques règles de base et retours d’expériences pour tenter de répondre à la question.

Lorsque vous parcourez le rayon leurres chez un détaillant ou les catalogues des différentes marques, vous remarquez vite la quantité incroyable de coloris différents pour un même leurre. S’il ne fait aucun doute que l’achat de plusieurs variantes de chaque couleur peut s’avérer intéressant, est-ce vraiment nécessaire de tomber dans l’excès – nécessitant un budget conséquent et surtout une capacité de stockage qui devient souvent ingérable – ? Certains vous diront que oui. Et feront l’apologie du dernier coloris tendance à absolument avoir, et qui n’est en réalité qu’une déclinaison supplémentaire d’une couleur existante en de nombreuses variantes. D’autres vous diront que non, en argumentant qu’avec le blanc, le rouge et le chartreuse, on peut couvrir 100 % de la pêche du sandre !

Les coloris naturels, ici le headlight, imitent parfaitement la robe des poissons fourrage.
Crédit photo : Benoît Degraux

Avoir confiance sans tomber dans l’excès

Dans la réalité, on peut dire que les deux parties ont à la fois tort et raison ! On peut évidemment admettre que le blanc et le chartreuse, ou encore le fire tiger, sont des coloris très efficaces pour le sandre. Mais on peut constater qu’ils bénéficient surtout d’un capital confiance énorme auprès des pêcheurs, qui les utilisent parfois exclusivement, au détriment d’autres qui auraient pu donner de meilleurs résultats dans certaines situations. Dans le même cas, quand un nouveau coloris permet de prendre à la première sortie un très gros poisson, il marque assurément le moral du pêcheur, qui lui vouera une confiance aveugle pour les prochaines sorties. Vous l’aurez compris, faire confiance aux leurres et aux couleurs que l’on affectionne par expérience est sans nul doute le meilleur moyen pour pêcher correctement ! Toutefois, si vous arrivez à sortir de vos habitudes ou à être plus rationnel, il ne fait aucun doute que vous profiterez encore davantage de vos journées de pêche.

La diversité des coloris rebute parfois les débutants.
Crédit photo : Benoît Degraux

Perception des couleurs par les sandres

Les sandres peuvent-ils percevoir les couleurs, les distinguer, et dans quelles conditions ? Des questions pertinentes auxquelles la science peut en partie répondre. S’il s’avère que tous les carnassiers peuvent voir les couleurs ; on peut affirmer que le système oculaire des sandres ne leur permet pas de les distinguer de la même manière que les brochets. L’œil du sandre dispose d’un grand nombre de cellules visuelles composées par des cônes et des bâtonnets qui ont chacun un rôle très différent. Les cônes sont utilisés dans la vision de jour pour distinguer les couleurs. Les bâtonnets sont utilisés pour la vision nocturne. Ils ne peuvent pas distinguer les couleurs mais uniquement le blanc et le noir, qui procurent aux sandres une vision nuancée de gris par faible luminosité ou durant la nuit. Tel un animal nocturne, le sandre possède une rétine particulière capable de réfléchir et d’amplifier la lumière, ce qui lui permet d’avoir un meilleur discernement visuel dans les environnements de faible intensité lumineuse. Les études scientifiques tendent à démontrer que si le sandre perçoit bien les nuances de couleurs visibles du rouge au vert et l’UV, il semble ne pas pouvoir distinguer le bleu.

Pénétration des couleurs en eau claire avec bonnes conditions d’ensoleillement
Crédit photo :

Effet des couleurs dans la couche d’eau

L’eau qui laisse passer la lumière agit comme un filtre qui absorbe la longueur d’onde des différentes couleurs et les fait disparaître au fur et à mesure que la profondeur augmente. Dans le spectre des couleurs qui s’étend de l’infrarouge à l’ultraviolet, qui sont les deux couleurs invisibles à l’œil nu, on retrouve la gamme des couleurs visibles, du rouge au bleu. Sur l’échelle de profondeur, on peut constater que celles-ci ne pénètrent pas de la même façon la couche d’eau. Le rouge est la couleur qui disparaît le plus vite, suivi de l’orange, du jaune, du vert puis du bleu, la couleur qui pénètre le plus dans la couche d’eau. Si l’altération des couleurs visibles se produit en fonction de la profondeur sur un plan vertical, elle se produit également de la même manière sur un plan horizontal de la couche. Une couleur sera perçue plus ou moins fortement en fonction de la distance qui la sépare du poisson. La vitesse à laquelle cette perte de couleur se produit dépend également de l’intensité de la lumière du soleil, de la quantité de couverture nuageuse, de la clarté et de la couleur de l’eau ainsi que de la présence de matière en suspension. Si dans une eau claire par grand soleil, le rouge orangé est perceptible dans les premiers mètres, il perd 50 % de sa pénétration par ciel couvert, et il sera quasi invisible après quelques centimètres dans l’eau teintée. Dans ce cas, ce n’est plus la couleur du leurre qui domine mais bien une nuance de clair ou de foncé.

Le coloris ayu, le choix radical en matière de coloris naturel.
Crédit photo : Benoît Degraux

Une meilleure compréhension dévoile des évidences

Cette petite analyse technique nous aide à comprendre pourquoi les sandres peuvent distinguer plus facilement une nuance de couleur plutôt qu’une autre. Elle confirme aussi en partie les raisons pour lesquelles un leurre chartreuse est souvent très efficace pour le sandre. Cette théorie peut être une base de réflexion pour aborder la pêche, en sachant que dans tous les cas, c’est toujours le sandre, animé par son tempérament imprévisible, qui décide de jeter son dévolu sur l’une ou l’autre des couleurs, sans que nous puissions toujours comprendre pourquoi ! En conséquence, le seul moyen de trouver la meilleure couleur du moment est de pratiquer une approche basée sur l’analyse des conditions de pêche à l’instant T (luminosité, clarté de l’eau, profondeur de pêche…). En fonction de celles-ci, on peut ensuite opter pour deux solutions : un coloris naturel qui se rapproche des proies convoitées par les sandres, ou un coloris que les sandres perçoivent parfaitement afin de faire réagir leur instinct d’agressivité. Voici une petite sélection non exhaustive de neuf coloris de référence sur lesquels vous pouvez vous baser (sur la photo, de gauche à droite) : headlight, official roach, baitfish, pearl sand, fire perch, fireflake, slime curd, green tomato et motor oil gold.

Le slime curd, un coloris méconnu que Benoît n’hésite pas à utili
Crédit photo : Benoît Degraux

Évaluez la turbidité de l’eau

Dans la pratique, une petite astuce qui consiste à laisser descendre un leurre de couleur vive dans la couche d’eau est un très bon moyen pour vous permettre d’évaluer la clarté de l’eau et ainsi de vous orienter vers le type de couleur à privilégier. En eau claire, optez pour la discrétion. Lorsque vous pouvez distinguer votre leurre au-delà de deux mètres de profondeur dans une eau claire, privilégiez davantage des leurres de couleurs naturelles dont la nuance se rapproche de la teinte de l’eau (vert, brun…). Par forte luminosité, un coloris muni d’une partie translucide qui laisse passer la lumière et se confond dans son environnement s’avère souvent le meilleur choix (pearl sand, ayu). Alternez le naturel et le flashy. Quand vous apercevez votre leurre à environ un mètre sous la surface dans une eau propre (conditions normales), vous avez l’avantage de pouvoir opter pour un panel bien plus large et de choisir entre des coloris naturels ou des coloris plus voyants afin de cibler le mieux possible la pêche. Dans ces conditions, alterner une gamme composée de coloris naturels comme les headlight et official roach, qui provoquent des éclats de lumière au moindre mouvement, et des coloris très flashy, comme le slime curd et le fire perch, offre l’assurance de pouvoir trouver une solution pour provoquer les touches.

Le brun reste une valeur sûre
Crédit photo : Benoît Degraux

En eaux teintées, jouez la carte du contraste

Si votre leurre disparaît dans les premiers centimètres d’une eau teintée par une crue ou le ruissellement d’eau boueuse… vous devrez obligatoirement opter pour une couleur totalement opaque qui se démarque fortement dans la couche d’eau. Le blanc, le chartreuse et le brun foncé font partie des coloris qui offrent le plus de contraste. Dans ces conditions, il est évident que la taille, la forme et les vibrations du leurre jouent un rôle nettement prioritaire par rapport à la couleur, qui servira uniquement de guide pour localiser précisément le leurre dans la phase finale de l’attaque (fireflake, blanc/noir).

Le coloris motor oil, trop largement inusité
Crédit photo : Benoît Degraux

Bicolores ou encore impopulaires

Pour ma part, même si j’utilise volontiers des coloris unicolores, mon choix se porte principalement vers des coloris bicolores avec une différence bien marquée entre le dos et le ventre du leurre. Ceux-ci ont l’avantage de mieux s’apparenter à la robe du poisson fourrage pour les teintes naturelles, et de présenter une combinaison de couleurs flashy capables d’agir à différents niveaux. À l’inverse d’un leurre blanc ultra-populaire, certains coloris sont souvent boudés par les pêcheurs alors qu’ils peuvent se révéler hyperefficaces. À titre d’exemple, on peut citer le rose associé à une partie translucide pailletée, qui s’avère très opérant en eau claire sous un rayon de soleil. On peut en dire de même pour le coloris motor oil, une valeur sûre en toutes conditions. Depuis quelques années, la couleur UV, invisible à l’œil nu mais perceptible par les carnassiers, a fait son apparition et intègre désormais de nombreux leurres souples. Très efficace dans les conditions de faible luminosité, elle peut véritablement faire la différence avec des leurres « standards ». Lorsque l’on parle d’un coloris naturel pour imiter le poisson fourrage, on pense instinctivement aux gardons et aux ablettes, en omettant souvent les gobies qui ont envahi de nombreux plans d’eau et rivières. Sur certaines zones, ils sont parfois devenus la source de nourriture principale des sandres, ce qui donne du crédit à l’utilisation de dominance foncée composée de gris/brun/noir (baitfish).

Une sélection de finess présentée dans une charte de coloris variée
Crédit photo : Benoît Degraux

Adaptez les coloris au fil de la journée

En action de pêche, lorsqu’on a évalué les conditions de base qui ont permis de déterminer le choix d’un coloris, les premiers lancers sur une zone propice donnent de précieuses indications sur l’activité des poissons. Dans une situation classique, si vous commencez par un coloris très visible comme le jaune/orangé sans enregistrer la moindre touche après cinq ou six lancers, n’hésitez pas à changer de coloris pour une dominance vert/jaune fireflake. Il est très fréquent que la différence de ton qui offre une perception plus puissante provoque les touches. Si rien ne se passe, ne perdez pas de temps et optez pour un coloris naturel de référence, comme le blanc argenté/dos foncé headlight, qui confirmera si les sandres se focalisent sur le poisson fourrage. En fonction des résultats, variez les nuances naturelles en passant graduellement vers un coloris doré brillant official roach, ensuite un modèle légèrement translucide avec paillettes pearl sand, en finissant par un coloris ultra-discret tel que le ayu, que je vénère en eau claire.

Lorsque l’on a trouvé le bon pattern, inutile de compliquer le choix
Crédit photo : Benoît Degraux

L’élément incontournable pour finaliser le bon pattern

Sans hésitation, on peut considérer que la couleur d’un leurre peut avoir un rôle déterminant pour la pêche du sandre. Que ce soit pour attirer son attention de loin, simuler sa proie favorite ou lui permettre de cibler parfaitement son attaque, on peut dire (du moins c’est mon avis) que les couleurs servent principalement à finaliser le pattern d’une pêche en accentuant le pouvoir attractif d’une combinaison choisie. Passer un shad en dix coloris différents ne sert strictement à rien si les sandres se focalisent sur un leurre finess. En revanche, si vous associez le finess à la bonne couleur du jour ou du moment, les résultats et le nombre de prises peuvent littéralement exploser ! Si, personnellement, je suis convaincu que disposer d’une bonne variété de coloris s’avère vraiment nécessaire pour aborder la pêche du sandre, je suis néanmoins d’avis que « penser devoir » posséder toutes les variantes d’un même leurre est totalement inutile et souvent contre-productif. Cependant, il sera judicieux de faire une sélection qui intègre vos coloris de confiance complétée par quelques coloris de référence qui seront adaptés aux différentes conditions. Au bord de l’eau, n’oubliez jamais que si vous utilisez toujours votre couleur préférée, vous ne pourrez jamais découvrir qu’une autre pourrait vous donner de bien meilleurs résultats.

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Magazine n°124 - Juillet à septembre 2021

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