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Pêche de la carpe au coup... à la chinoise !

La Chine compte des milliards d’habitants et une importante proportion de pratiquants tous sports confondus. La pêche au coup est très populaire. Pas de poissons blancs dans cette contrée éloignée, mais des carpes, carassins, esturgeons et poissons-chats. Le matériel utilisé est incroyable.

La pêche en Chine se pratique en milieu artificiel, sur des plans d’eau que l’on peut qualifier de carpodromes. J’ai rencontré Xiaxun Laï lors d’un reportage en France. J’ai tout de suite été intrigué et fortement intéressé par son approche importée de son pays natal. Nous n’avons pas tardé à nous rencontrer afin que je décortique et vous partage sa technique hors du commun.

Tant en carpodrome qu’en lac et étang, cette technique est redoutable et, surtout, attire les autres pêcheurs et les promeneurs, ce qui permet à Laï d’échanger sur sa passion.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Une approche curieuse

La passion de Laï, comme il apprécie de se faire appeler, n’a d’égale que sa gentillesse et sa volonté de faire connaître sa technique surprenante. Installé en France depuis plus de 30 ans en région parisienne, il n’hésite pas à parcourir des centaines de kilomètres pour pratiquer la pêche au coup à la chinoise. Il visite tous les carpodromes des environs et les lacs d’ornement (Enghein, Vincennes…) quand la pêche y est autorisée. Partout où il passe, les curieux s’attardent et le dialogue s’installe rapidement. Non content de ne pas faire comme tout le monde, Laï prend des poissons, parfois même beaucoup, et le spectacle est garanti. Alors, qu’est-ce qui différencie tellement une approche à la chinoise de la nôtre ? « Je n’utilise que des cannes télescopiques de différentes longueurs et puissances. Je n’emploie jamais d’élastique intérieur, mais ne joue qu’avec la souplesse et la solidité de mon matériel. En guise d’appât, je n’ai que ma pâte, que je confectionne moi-même. Elle me sert à la fois d’esche et d’amorce. » Laï résume bien. Ce qui m’a frappé bien évidemment, c’est que le seul rempart entre les poissons et Laï est sa canne ! Aux prises avec une belle carpe, elle se voûte littéralement, le Nylon siffle, sans compter la gestuelle du pêcheur... le spectacle vaut le détour, car on se dit qu’à n’importe quel moment, l’un ou l’autre va lâcher. Je n’ai aucun mal à comprendre Laï quand il me dit que « c’est du sport ! » Les sensations du combat sont décuplées, car tous les mouvements du poisson sont transmis au pêcheur jusqu’au talon de la canne.

De toutes les longueurs, de toutes les puissances et de toutes les couleurs, les cannes téléscopiques de Lai sont vraiment étonnantes et très bien finies !
Crédit photo : Olivier Wimmer

Les différentes cannes

Qui dit pratique particulière dit matériel particulier. Les cannes télescopiques chinoises de Laï n’ont rien à voir avec celles que nous utilisons. Beaucoup plus souples, leur travail s’effectue sur toute la longueur. Une action qui n’est ni de pointe, ni vraiment parabolique donc, mais juste hors du commun. À l’instar des élastiques intérieurs, chaque modèle possède une longueur et une puissance différentes selon la taille des poissons visés et la distance de pêche. « Je suis un véritable amoureux du matériel, je possède des dizaines de cannes. De très courtes à plus longues, de 4 à 8 mètres, toutes ont une action précise que j’adapte à la taille des poissons. Avec les plus fines, je pêche les carassins, les brèmes, et avec les plus fortes, je peux traquer les grosses carpes ou les esturgeons. » Et en effet, Laï m’a apporté une panoplie de modèles différents. Certains noirs et sobres et d’autres qui ont l’air de sortir tout droit d’un manga ! Leur design est incroyable. Le look est non seulement superbe, mais chaque élément jouit d’un degré de finition poussé à l’extrême. Les zones sensibles ou exposées, jointures, talon, poignée, scion, sont toutes renforcées. Ces cannes sont tout bonnement incassables. « Ça plie fort, ça plie parfois à tel point qu’un arc de cercle se forme entre le talon et le scion ! » Comme toutes les cannes, la qualité des matériaux employés, fibre de verre et carbone, influent sur la maniabilité. Ainsi, malgré leur incroyable solidité, pour laquelle on pourrait s’attendre à une certaine lourdeur en main, ces cannes chinoises sont aussi des petits bijoux à manipuler. La tenue des cannes permet de ferrer efficacement, alors que leur souplesse encaisse les premiers rushs des poissons, plutôt violents ! La combinaison avec le montage de la ligne doit être parfaitement réfléchie pour qu’un équilibre parfait soit observé.

En prise directe avec le poisson, le pêcheur ressent chacun de ses mouvements durant le combat. C’est du sport !
Crédit photo : Olivier Wimmer

La confection de la pâte

La pêche au coup se pratique quasi exclusivement à la pâte en Chine. Les pêcheurs en font une véritable institution. Sa popularité est telle que la science s’en est mêlée et les fabricants proposent le petit plus qui donnera les meilleurs résultats. La pression de pêche est énorme et, pour faire la différence, la technique seule ne suffit pas. Il faut bien sûr aller vite pour escher sa pâte, mettre le bon rythme dans son amorçage, ramener les poissons, mais une bonne pâte est capitale, confirme Laï : « Tout est important dans la recette, puisqu’elle sert à la fois d’amorce et d’esche. Elle doit posséder la bonne texture, la granulométrie juste et la vitesse de dissolution adaptée au lieu de pêche. » Laï nous propose des recettes simples et dont la base est facile à confectionner. Il faut peaufiner et toujours garder un peu de mélange sec à proximité et de l’eau pour ajuster si besoin. « La pâte ne doit pas être trop ferme. Sa consistance doit se trouver à la limite de la désagrégation, ainsi le poisson va l’aspirer sans s’en rendre compte. Les doigts donnent la mesure de la pression. Cela demande de la pratique, tout comme le fait de la déposer sur le coup avec une longue ligne, il faut beaucoup pratiquer ! »

Deux recettes

Recette de pâte pour la pêche des carassins

  • 2 parts de farine de krill
  • 1 part de fécule de pommes de terre
  • 1 part de gluten de blé
  • Fibres de protéines de blé (le dosage dépend de la texture souhaitée)

Recette de pâte pour la pêche des carpes

  • 2 parts de farine de poisson
  • 1 part de farine de soja
  • 1 part de farine de blé
  • Additif et/ou colorant liquide au choix

Montage et réglage de la ligne

LES NYLONS

L’action de la canne et l’importante courbure occasionnée par une capture ne compensent pas l’absence d’un élastique intérieur. Ce dernier jouant le rôle d’amortisseur impose à Laï l’emploi d’un Nylon plus fort depuis le corps jusqu’au bas de ligne. L’extrême souplesse de la canne exige davantage de rigidité pour que le ferrage soit réactif. Ce Nylon costaud permet à Laï de garder le contrôle sur sa prise et de ne pas trop éterniser le combat. Il recourt toujours à un bas de ligne qu’il relie par un nœud boucle dans boucle. Cela fait office de fusible en cas d’accroc sur le fond et lui permet de varier taille et force de l’hameçon si nécessaire.

L'hameçon

Laï possède des boîtes à bas de ligne bien remplies : « J’emploie des hameçons assez forts de fer. Leur solidité est proportionnelle à la vigueur du ferrage et à l’intensité des combats. » En les montant au préalable, le pêcheur limite la perte de temps au bord de l’eau et dispose de tailles différentes, greffées sur des Nylons de diamètres variés.

Le flotteur

À l’image des cannes qu’il utilise, les flotteurs de Laï sont de véritables œuvres d’art eux aussi. Tout comme elles, ils n’ont rien à voir avec les modèles utilisés pour la pêche en carpodrome. Ces flotteurs possèdent la forme de ceux destinés aux pêches à la grande canne traditionnelles, mais adoptent le mode de fixation d’un waggler. Ils sont reliés au corps de ligne à la base de leur quille imposante par une attache spéciale. Ceci permet de noyer la longue bannière comprise entre le scion et le flotteur et de limiter la dérive. Stabilité garantie ! Le corps des flotteurs est assez longiligne avec une surprenante très longue et multicolore antenne. « Comme je ne pêche qu’à la pâte, j’ai besoin d’un indicateur précis m’informant de la dissolution progressive de mon appât. » Chaque centimètre de l’antenne est alternativement recouvert de peinture jaune et orange. Quand la pâte se dissout, l’antenne émerge au fur et à mesure. S’il n’a pas de touche, il sait quand il est temps de remplacer l’esche. Construits en balsa et revêtus de plusieurs couches de vernis, ces flotteurs sont très solides.

L'équilibrage

Laï possède de nombreuses lignes montées à l’avance avec des diamètres de Nylon et poids de flotteurs variés. Mais il ne s’empêche pas de peaufiner ses réglages au bord de l’eau. Il n’utilise pas de plombs sphériques ni d’olivette pour équilibrer son flotteur. Le lest consiste en une chape de plomb enserrant une bague de silicone préalablement enfilée sur le corps de ligne. La masse de plomb malléable est ajustée à coups de ciseaux jusqu’à ce que seule l’antenne pointe à la surface et que le corps soit immergé. Le poids de la boule de pâte est évidemment supérieur à celui du flotteur et le fait couler. On s’interroge sur l’intérêt du lest en plomb. « Lorsqu’il ne reste qu’un peu de pâte à l’hameçon, le montage doit rester bien en position, pile à l’endroit où je l’ai déposé. C’est capital ! Même en étang, il peut y avoir un léger courant qui peut faire se déplacer la ligne », indique-t-il. Pour s’assurer que le flotteur ne disparaisse pas sous l’eau à tout bout de champ, il faut régler sa position afin que l’hameçon repose sur le fond. En guise de sonde, Laï enferme son plomb dans une boule de pâte et démarre le réglage. Tant que l’antenne disparaît, il rajoute du fond, et inversement. Il ajuste la profondeur afin que seule la moitié de l’antenne émerge à la surface. Chaque test lui permet en prime de procéder à un amorçage préalable de son coup !

Halte aux fausses idées

J’ai pu lire et entendre çà et là que le fait de ne pas utiliser d’élastique pouvait blesser les poissons. Je ne suis pas d’accord, pour l’avoir vérifié moi-même. À taille de poisson équivalente, les combats de Laï sont plus rapides que la moyenne de ceux qui pratiquent avec un élastique. Le fait d’utiliser un montage adapté à la canne empêche l’hameçon de s’extraire et/ou de provoquer des blessures malgré une traction plus forte.

Laï stocke et transporte tout le nécessaire dans son caisson à roulettes qui fait office également de siège tout équipé.
Crédit photo : Olivier Wimmer

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Magazine n°939 - Août 2023

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