Situé sur la commune de Château Chervix dans la Haute-Vienne, je n’ai qu’une grosse demi-heure de trajet pour arriver à destination depuis Limoges.
Je découvre le plan d’eau depuis la route… Ma première impression est qu’il est minuscule, et qu’une large partie semble impêchable avec toutes ces têtes d’arbres et tourbières qui affleurent en surface… Pas vraiment ma tasse de thé ces espaces réduits. J’imagine la promiscuité avec les autres pêcheurs en pleine saison… Le terrain arboré qui entoure le plan d’eau s’étend sur plusieurs hectares.
On s’attend à y croiser quelques chevreuils le matin au lever du jour. Je me gare et sort tranquillement de mon véhicule pour prendre une bonne bouffée d’oxygène. Le temps est gris, froid, hivernal. Le ciel est chargé, je crois qu’on ne verra pas le soleil ces prochains jours. J’entends un chien aboyer au loin, un tracteur s’affairer dans un champ voisin. Tout est calme. La nature semble s’endormir, engourdie par ce froid précoce. On est loin de tout et ça c’est un vrai bon point ! J’avais besoin de calme pour me ressourcer.
Christophe m’accueille depuis la terrasse du superbe chalet qui surplombe l’étang. La vue d’ici est magnifique ! Il me présente le domaine et ma crainte de promiscuité s’envole quand il m’explique que quand on réserve à Bel’ecaille, on réserve l’entièreté de la propriété ! Terrain et étang compris !
Là ça change totalement ma vision des choses. On a donc à disposition un poste de pêche unique ouvert sur 2.5ha d’eau sur un terrain clos de 6ha, de quoi se sentir chez soi pendant quelques jours, seul ou en famille. On fait un tour rapide où Christophe me renseigne sur les spots et le cheptel de carpes existant. Il me raconte l’historique des lieux, comment Thierry et son père ont façonné leur rêve au fil des années… Ce qu’il me raconte me plait, j’ai hâte de rencontrer les propriétaires.
C’est Jean Claude que je rencontre en premier. Il ne reste pas trop longtemps, il voulait juste être sûr qu’on était bien installés. Thierry passera en fin de journée. Il prend le temps de nous parler de « son » domaine, sujet sur lequel il est intarissable.
La création
Ils ont acheté la propriété en 2014, sur un coup de cœur. Bel’ecaille ne ressemblait bien sûr pas encore à ce qu’il est aujourd’hui. L’aménagement a pris plusieurs années.
L’étang est alimenté à l’origine par le ruisseau de Mandeix qui traverse des tourbières. L’eau est donc plutôt acide et la première vidange a d’ailleurs laissé apparaître un cheptel de carpes maigres et de petite taille. Il était évident qu’aucune ne rejoindrait le plan d’eau. De plus, Thierry et Jean-Claude se sont vus dans l’obligation de remettre leur étang aux normes imposées par la législation. Il a donc été fermé pendant deux ans durant lesquels des travaux de dérivation du ruisseau ont été accomplis, le curage d'une partie de l'étang, ainsi que le consolidement d'une partie des berges, notamment au niveau de l'arrivée d’eau. Le terrain a été aménagé et une cinquantaine d'arbres ont été enlevés pour aérer l'espace. Des chemins ont aussi été aménagés pour faciliter l'accessibilité autour de la propriété.
A la remise en eau en 2016, il a été procédé à un premier empoisonnement avec 50 carpes choisies avec soin chez un pisciculteur et dont l'origine est entièrement tracée. Le projet final prévoit d’en introduire chaque année selon l’évolution de la population.
Le poids moyen des carpes présentes à l’heure actuelle est de 14kg. Les plus gros poissons font 24kg avec une bonne population entre 18 et 20 kg. Et pour ceux qui auront la chance de le capturer, un véritable koï de plus de 20kg est présent, mascotte du plan d’eau. On a la chance de les admirer car Thierry a pris soin de les prendre en photo un par un lors de la vidange. Quand il évoque ses poissons, il en parle avec beaucoup de respect, il les aime réellement. Il est attentif à leur bien-être et peut être très affecté lors de la perte de l’un d’entre eux ou quand il en sait un blessé.
Construction du chalet
Véritable plus-value de la prestation proposée à Bel’ecaille, le chalet en bois domine la propriété et offre un niveau de confort vraiment très appréciable en toutes saisons et encore plus lors de notre séjour hivernal.
Il existait sur le terrain une cabane métallique qui a vite laissé place à une habitation en bois entièrement pensée et montée par Thierry et Jean-Claude. Sa construction a duré un an et le résultat est tout simplement magnifique. Il peut accueillir quatre personnes avec un excellent niveau de confort. Il est composé de deux chambres, une salle de bain avec douche et un grand espace de vie avec salon et cuisine équipée. Le poêle à granulés présent dans la pièce de vie allait être un énorme plus les jours suivants notre arrivée. Une terrasse abritée et carrelée permet de prendre ses repas à l’extérieur sans crainte des intempéries ou d’un coup de chaleur en plein été. Il s’inscrit dans ce lieu avec une telle évidence qu’on n’imagine pas un seul instant le domaine sans sa présence. La décoration intérieure ainsi que les aménagements ont été réalisés avec goût et un tel confort dans un tel environnement sont déjà un réel argument pour séjourner à Bel’ecaille, même si on n’est pas nécessairement pêcheur.
On pêche ?
Après avoir pris un repas à l’abri et au chaud, il est temps de s’intéresser à ce qui nous amène ici, la pêche et les poissons !
Le bateau étant autorisé, il y en a un à demeure sur l’étang, Christophe et moi partons en exploration, espérant découvrir quelques rassemblements de poissons ou quelques signes d’activité. Le plan d’eau est juste remis en eau depuis une semaine suite à la vidange périodique, le poisson est très certainement encore stressé et peu disposé à se nourrir. L’arrivée soudaine du froid n’est pas faite pour nous aider non plus et c’est sans surprise que nous rentrons bredouilles dans nos recherches. Waterloo morne plaine ! La pêche s’annonce délicate.
Une pluie d’hiver, fine, froide, commence à tomber. On monte nos abris et on s’installe confortablement sur le poste. Je pêcherai sur la partie profonde de l’étang à gauche et Christophe tentera sa chance sur la partie de droite, beaucoup moins profonde parsemée de souches et de tourbières. Cette partie du lac attire forcément l’œil avec tous ces obstacles, mais sa faible profondeur ne m’inspire pas du tout en cette saison, encore moins suite à cette vidange encore proche, et j’imagine plutôt les carpes rassemblées sous une bonne couche d’eau plus rassurante.
Comme le règlement l’exige, j’ai tout monté en nylon et avec des hameçons sans ardillon. Côté appât, j’ai roulé deux sortes de billes maison à base de birdfood. Une sur un arôme pêche additionné d’huile essentielle de poivre noir, et une autre avec un arôme fraise additionné d’une huile essentielle de géranium qui rappelle quelques souvenirs de rouleur au rédacteur en chef. Thierry tient à ce que les appâts introduits dans son plan d’eau soient certifiés sans conservateur. Il travaille d’ailleurs en partenariat avec « Bouillettes maison » qui lui fournit des bouillettes à la demande.
Ne voulant pas rajouter de stress aux poissons, j’ai d’ailleurs demandé à Christophe d’éviter toute la zone profonde lors de notre exploration en bateau, je décide de lancer mes montages du bord mis à part un qui sera placé à l’aide du bateau amorceur. Je ne suis vraiment pas fan de navigation sur de si petits espaces. Christophe de son côté dépose les siens à l’aide du bateau amorceur. Une limite est matérialisée sur la zone encombrée afin d’éviter une dépose de montage derrière les obstacles. Même si le bateau est autorisé, il semble bien compliqué et surtout très risqué pour les poissons de s’aventurer au-delà de cette limite. Christophe a introduit dans son bait-boat un mix de sa composition, à base de Particules Flakes. C’est un mélange qu’il apprécie et c’est aussi la base de l’alimentation distribuée par Thierry en addition à la nourriture naturelle du plan d’eau. « Alea jacta est », nos six montages sont posés, l’attente débute, et toujours aucun signe d’activité.
La nuit se passera sans aucun signe d’activité, mis à part un vrai bon poisson qui se tournera dans ma bordure, à gauche du poste. J’y dépose un montage au lever du jour. Le temps n’a pas changé, il fait froid et il pleut. Je décide de « gratter » un peu pour en savoir un peu plus sur ce plan d’eau. Les postes susceptibles de provoquer des touches ne manquent pas. Berges abruptes, changements de substrats, bordures encombrées… Je fais un rapide schéma pour les garder en mémoire. En sondant depuis la berge, je détecte des rassemblements dans la partie profonde. Un montage sera également déposé sur cette zone.
En concertation avec Christophe, on explorera différents postes, différentes approches mais rien n’y fera. Pendant ces quatre jours, aucune carpe ne sera capturée. La pêche reste la pêche, même sur de petits espaces et c’est très bien ainsi. Christophe qui reste deux jours de plus bénéficiera d’une fenêtre d’activité et réussira à photographier trois magnifiques poissons en pleine santé dont il m’enverra les photos alors que j’ai repris le boulot. Je suis heureux pour lui et en même temps déçu de ne pas avoir partagé ce moment en sa compagnie. Il les a capturés dans la partie encombrée, dans très peu d’eau, cette partie qui ne m’inspirait pas….
Durant ce séjour, on aura pu apprécier la qualité de l’accueil réservé par Thierry et Jean-Claude, ainsi que le confort du chalet et le côté apaisant des lieux. La terrasse nous aura accueillis lors d’un déjeuner, le temps d’une accalmie et j’imagine le plaisir que ce doit être à la belle saison, en famille lors de vraies vacances où on peut conjuguer pêche, confort, farniente dans ce cadre verdoyant…
Règlementation
- Hameçons sans ardillons obligatoires (Ardillons écrasés)
- 4 cannes max, si 2 pêcheurs 3 cannes / pêcheur)
- Têtes de lignes interdites
- Sacs de conservation interdits, remettre les poissons à l’eau immédiatement après la capture
- Bateaux amorceurs autorisés
- Barque sur place
- Embarcation pneumatiques autorisées ainsi que le moteur électrique
- Obligation d’utiliser le matériel No Kill mis à disposition (Sac de pesée, Cradle de réception et épuisette).
- Nylon 30/100 minimum et 45/100 maximum
- Tresse interdite (bas de ligne et corps de ligne)
- Leadcore interdit
- Montages avec plomb libre obligatoire
Côté appâts, il faudra montrer patte blanche car, comme je le disais plus haut, le règlement demande une traçabilité prouvant que les appâts utilisés sont sans conservateur, dans un souci de qualité de l’eau et surtout de la santé des poissons. Les graines sont également interdites, mis à part le chènevis et le maïs doux. Thierry propose à la vente sur place différents appâts, bouillettes, graines, pellets…
Le règlement complet ainsi que les tarifs sont consultables sur le site http://belecaille.fr/ .
Lors de votre séjour, vous pourrez tenter de capturer au leurre les carnassiers présents dans le plan d’eau, brochets (dont certains poissons de très belle taille) et perches. Il est également possible de pêcher au coup les gardons, tanches et rotengles pour le plus grand plaisir de toute la famille ! Bon séjour à Bel’ecaille !!