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Appâts pour carpes sauvages : comment bien choisir sa bouillette

Des micro-pellets : une bonne association à la bouillette.

Crédit photo Augustin Carré
Pêcher dans une destination dite sauvage est toujours synonyme d’aventure ! Entre les grands barrages oubliés, les rivières abandonnées, les fleuves démesurés et les petits étangs délaissés, notre territoire est riche en espaces préservés où de très jolies carpes coulent des jours heureux sans rencontrer trop d’hameçons. Bien sûr, le « pioneering » n’est plus vraiment d’actualité en France ; néanmoins, il reste un très grand nombre de sites où la pression de pêche est très faible et où les carpes évoluent dans un cadre peu impacté par la pêche. Sous cet angle, on arrive rapidement à la préoccupation suivante : comment les carpes vont-elles réagir face à l’introduction d’un élément aussi surprenant qu’une bouillette ?

Au travers de cet article, l’objectif est de traiter le rapport entre les poissons « sauvages » et les bouillettes ainsi que de développer les méthodes pour sélectionner et employer la bonne bouillette pour ce type de poisson. Tout est ouvert au débat et aux discussions, mais je vais essayer de m’appuyer sur des éléments concrets ainsi que sur mon humble expérience pour traiter un sujet aussi épineux !

Certaines berges du Rhône sont encore peu fréquentées.
Crédit photo : Augustin Carré

Une carpe reste une carpe

C’est une phrase toute faite, qui sonne bien et qui rassure le pêcheur. Au-delà de la tautologie et du fond de vérité qui se cache derrière, il reste néanmoins des nuances et des précisions à apporter. Certes, une carpe reste un animal curieux, omnivore à tendance carnivore, et qui est susceptible de s’alimenter sur toute source de calories qu’elle peut rencontrer. Pourtant, si vous prenez deux destinations, vous observerez des réactions différentes des poissons vis-à-vis de nos appâts, preuve que l’environnement et l’habitude conditionnent fortement notre cyprinidé de cœur. Pour commencer, comment réagissent les carpes face à un inconnu tel qu’une bouillette ? Pour avoir comparé avec une caméra subaquatique, le comportement de poissons conditionnés à la bouillette avec celui de poissons soumis à une très faible pression de pêche, je suis arrivé à la conclusion que la taille des appâts est l’élément le plus répulsif. Cela se comprend parfaitement : 90 % de l’alimentation naturelle de la carpe ne fait que quelques millimètres, et c’est pour cette raison qu’une bille de 24 mm paraît intrigante. Partant de ce premier point, je préconise autant que possible de pêcher avec de petits appâts pour se rapprocher de la taille classique de l’alimentation naturelle de la carpe. Après cette première rencontre, j’ai pu constater qu’une fois assimilée une première fois, la carpe « sauvage » n’a plus d’appréhension face à nos bouillettes et s’en délecte à l’image d’une carpe de carpodrome ! En d’autres mots, pêcher avec une bille de 24 mm peut retarder la première touche, mais peut aussi ouvrir la porte à une très belle pêche sur le moyen-long terme : la carpe apprend vite.

Un trempage préalable pour accentuer l'attractivité.
Crédit photo : Augustin Carré

Pourquoi la bouillette ?

Pêcher dans un milieu sauvage signifie pour le pêcheur sortir des sentiers battus et des zones où les facilités sont nombreuses. C’est donc une première difficulté. La bouillette est un appât pratique et polyvalent : faire le choix de pêcher à la bouillette permet de se simplifier la logistique, ce qui est intéressant lorsque l’on sort de sa zone de confort. Par ailleurs, soyez-en convaincu : peu importe l’endroit et l’expérience des carpes, une bouillette restera attractive et sera tôt ou tard consommée. Il n’existe pas de lac où les carpes sont allergiques aux bouillettes, et c’est pour cette raison que ce n’est pas une grosse erreur de pêcher à la bouillette dans un lieu très sauvage. Cependant, toujours en quête de perfectionnement, nous ne pouvons-nous arrêter à ce postulat : nous souhaitons obtenir un appât spécifiquement adapté aux pêches en milieu sauvage et qui nous permettra de réaliser la meilleure pêche possible.

Une micro-tigger : de quoi séduire toute carpe sur Terre.
Crédit photo : Augustin Carré

Quelle bouillette pour un milieu sauvage ?

Rentrons dans le vif du sujet, au cœur du débat ! Le choix de la bouillette se fait en fonction de trois critères : attractivité, acceptabilité et durabilité.

  • L’attractivité permet de jouer sur la rapidité avec laquelle les poissons vont détecter votre amorçage et comment ils vont réagir gustativement à ces appâts. Ce critère se détermine en fonction du cheptel de poissons et de la durée de la session. En milieu sauvage, si la destination est sous-peuplée, c’est particulièrement important !
  • L’acceptabilité est un critère selon lequel les poissons vont « naturellement » consommer l’appât et y revenir. La durée de la pêche et le type de poissons recherchés conditionnent ce critère. C’est le véritable défi en milieu sauvage que de faire accepter sa bouillette face à la nourriture naturelle.
  • La durabilité correspond au besoin de posséder un appât qui va durer dans le temps et résister à l’immersion et aux indésirables. La présence ou non d’indésirables influe sur ce critère.

Mes esches qui sèchent au soleil et au vent.
Crédit photo : Augustin Carré

Commençons par le plus simple : la durabilité de l’appât. Pour une destination ou une saison durant laquelle les indésirables sont susceptibles d’être actifs, il faut rechercher des appâts fermes, quitte à les faire sécher au vent et au soleil avant de les employer. Cette durabilité doit être mise en relation avec le temps de pêche : pour une partie de stalking de 2 heures, inutile de s’embêter avec des appâts renforcés. Pour pêcher 15 jours, c’est totalement différent. Si vous avez un doute, il vaut mieux employer un appât trop dur plutôt que trop mou : seule la connaissance du lieu permet d’ajuster ce facteur. L’objectif est simple : être certain que les appâts seront encore présents lorsque les carpes passeront. L’acceptabilité est une partie difficile à évaluer. Comme nous l’avons vu précédemment, plus l’appât est petit, plus il sera accepté rapidement, mais cela doit évidemment tenir compte de la présence ou non de brèmes, gardons, chevesnes, etc. L’acceptabilité se joue également au cœur de l’appât. Pour qu’un appât soit accepté, il doit être préféré à la nourriture naturelle disponible que les carpes ont l’habitude de consommer. L’idée est de proposer une bouillette digeste (les carpes re viendront plus régulièrement sur votre spot), nutritive (un appât présentant un intérêt gustatif) et non effrayante (choix de la couleur). Pour l’aspect nutritif, il faut éviter les appâts composés de protéines renforcées de type albumine et privilégier des acides aminés libres qui seront plus rapidement assimilés. La présence de levure de bière facilite le transit et accélère la digestion. Côté glucidique, il y a peu de lien entre le temps de digestion et la proportion de glucides dans l’appât.

Un booster parmi tant d'autres.
Crédit photo : Augustin Carré

Couleur et attractivité

Enfin, au niveau de la couleur, tout est possible. Personnellement, je préfère des appâts sombres, sobres, et évite les billes de couleurs trop vives. En ce qui concerne l’intérêt gustatif, c’est là que tout se complexifie. Aucune étude sérieuse ne démontre l’intérêt de tel ou tel élément dans le choix gustatif des poissons. Au-delà de quelques expériences qui tentent d’aboutir à des conclusions, nous sommes assez démunis face à ce sujet. Gardons tout de même en tête qu’un simple grain de maïs reste l’esche la plus attractive et, par conséquent, il vaut mieux s’orienter vers quelque chose de simple mais fiable plutôt que vers quelque chose de très sophistiqué qui pourrait malencontreusement s’avérer « répulsif ». Enfin, pour l’attractivité, plusieurs stratégies sont valables. Pour décupler l’attractivité d’un amorçage, j’aime employer des liquides qui s’imbibent dans les bouillettes et ainsi libèrent rapidement et de façon intense des attractants. Typiquement, le fait de faire tremper mes appâts une poignée d’heures dans un mélange de booster et d’eau le prépare pour qu’il soit ultra instantané et attractif. Une autre stratégie qui fonctionne en milieu sauvage consiste à panacher ses bouillettes avec d’autres éléments tels que des noix tigrées, du maïs doux, du blé, du chènevis ou des pellets, pour ne citer que les plus connus. Cette association permet alors de jouer sur plusieurs tableaux en libérant différents éléments olfactifs, mais aussi d’attirer d’autres poissons qui, par l’activité générée, finissent par attirer les carpes sur votre coup et atténue l’effet « ovni » que peut déclencher une bouillette.

Une jolie miroir prise sur un lit de bouillettes.
Crédit photo : Augustin Carré

Pour conclure

Pour finir sur ce sujet, il faut garder en tête que le choix du poste et du spot sera toujours prioritaire sur le choix de l’appât, surtout dans une destination très sauvage ! Cependant, il est pertinent de réfléchir à deux fois au choix de sa bouillette pour cibler des poissons peu éduqués. Nous avons vu qu’il faut miser sur trois critères qu’il convient d’adapter à son lieu de pêche : l’attractivité, l’acceptabilité et la durabilité. Si je devais citer quelques produits intéressants vers lesquels je peux vous orienter, ce seraient : Probiotic « The Red One », Le Carpiste Artisanal Français « Mars », Bouillette Maison « Fraise Épice » ou encore Kowa Baits « Kowa des Bois ». Bien sûr, ce n’est qu’un petit échantillon avec lesquels j’ai pu constater de très bons résultats en destination sauvage, mais il en existe beaucoup d’autres. Dans l’ensemble, quel que soit votre, vous finirez par attraper des carpes, mais avec un peu de réflexion, on parvient à ajuster son choix d’appât pour capturer des poissons supplémentaires. Qui sait, ce seront peut-être les plus beaux de la saison ?

Un poisson capturé sur un grand lac fréquenté uniquement par les connaisseurs...
Crédit photo : Augustin Carré

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