Alors que la monture Drachko a fait et continue de faire de nombreux adeptes pour les pêches du sandre au mort manié ou au leurre souple, le montage cheburashka, également connu sous les termes de bottom jig ou flex jig, ne séduit pas les pêcheurs français. Les deux se ressemblent pourtant sur certains points, notamment le lest articulé. Dans certains pays européens, c’est le montage numéro 1 !
Crédit photo : Lyonel Chocat
Anatomie de la bête
Deux parties distinctes composent ce montage très simple. À l’avant, vous trouvez un lest, sphérique et percé en son centre. Une simple agrafe en acier traverse cette balle en plomb ou en tungstène. D’un côté, vous attachez le corps de ligne, par une agrafe rapide ou en nouant le bas de ligne. De l’autre côté, vous fixez l’hameçon ou un autre leurre. L’agrafe ne peut pas sortir du lest puisqu’elle est bloquée de part et d’autre ! Intérêt majeur, le leurre dispose d’une très grande liberté de nage et vous pouvez jouer sur la taille de l’hameçon indépendamment de celle du lest. Ce montage est issu des pays de l’est de l’Europe. Il est très utilisé en Russie et en Ukraine, où il est plus courant que la tête plombée classique. Le nom cheburashka vient peut-être du personnage de fiction, très populaire en Russie. Créé en 1966 par l’auteur russe Edouard Ouspenski, le petit animal devient la star de plusieurs longs-métrages d’animation à partir de 1971. Cheburashka à la tête ronde et de grandes oreilles, ce qui peut ressembler au lest utilisé, avec l’agrafe traversante qui reproduit les oreilles. Ce peut être aussi la signification du mot en russe : « qui bascule tout le temps ! » Et pour sûr, ce système de fixation provoque une nage très saccadée du leurre !
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De la mousse à l'origine
« Le montage cheburashka est très utilisé avec des leurres en mousse flottante, précise Jérôme Riffaud, chef de produit Gunki. J’ai lancé les têtes G-Flip en 2016 à la suite d’un voyage à Moscou. J’avais rencontré de nombreux pêcheurs qui m’ont expliqué leur technique de pêche et le besoin d’un lest articulé sur lequel ils fixaient des leurres fabriqués en mousse. Leur technique de pêche du sandre est assez agressive, au moulinet, canne assez basse. Ils surplombent le montage. Une fois au fond, ils donnent quelques tours de manivelle afin de ramener le leurre rapidement, puis marquent une pause plus ou moins longue. Lors de cette phase d’arrêt, le leurre flottant se relève à la verticale, d’où l’intérêt d’une articulation avec le lest. Avec une tête plombée classique, cela ne fonctionnerait pas ! Depuis, les leurres en PVC flottants sont apparus et remplacent les imitations artisanales en mousse. »
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Une offre qui s'étoffe
Si ce montage n’est pas ou peu connu en France, il est vraiment plébiscité dans d’autres pays. « L’accueil en Allemagne et en Autriche de notre gamme Cheboo a été incroyable », se souvient Pierre Chapelle, responsable de la marque chez VMC. Le fabricant français a lancé il y a quelques années toute une gamme de lests, de différents poids et couleurs, mais aussi des séries d’hameçons offset et droits permettant de fixer tous les leurres possibles sur ce montage. « Notre gamme est assez technique, avec des hameçons comportant des revêtements de surface pour améliorer la pénétration au ferrage et une qualité d’acier haut de gamme. De même pour les lests, certains sont en tungstène, donc plus coûteux. Ce n’est pas le plus adapté au marché des pays de l’Est, qui n’ont pas le même pouvoir d’achat que l’Europe de l’Ouest, mais les ventes progressent », précise-t-il.
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Quand l'utiliser
J’ai beaucoup testé ce montage durant ces derniers mois. Il est parfait dans les zones encombrées, bois morts, mais aussi pierriers et éboulis. Vous pouvez l’utiliser en linéaire ou avec une action type mort manié. On peut jouer rapidement sur le poids du lest pour obtenir une nage saccadée, ou au contraire planante, du leurre. C’est l’une des grosses différences avec le montage texan traditionnel. Le lest articulé donne des actions plus marquées. Le gros atout, c’est de pouvoir monter un hameçon texan qui limite beaucoup les accrocs, même dans les herbiers denses. Je découvre peu à peu l’utilisation de leurres souples flottants avec ce montage, car je n’y avais pas pensé au départ… Les écrevisses à pinces flottantes sont redoutables sur les sandres et belles perches !
Témoignage : Hugo Gallinaro, au top aussi sur les truites
Ce guide de pêche, très spécialisé dans la traque des salmonidés, ne tarit pas d’éloges concernant le montage cheburashka ! Il enregistre moins de décrochés par rapport à une tête plombée traditionnelle. La truite étant un poisson qui prend énormément appui sur les leurres lors des coups de tête, des rotations ou des vrilles, l’utilisation d’un montage articulé diminue la perte de poissons. Il pratique souvent dans des milieux rocheux. Ce montage articulé limite les accrochages sur le fond, selon lui. Enfin, il a noté que sur des gros poissons, très éduqués, le cheburashka permet une meilleure aspiration des leurres souples sur des touches timides, du fait du lestage décalé et du montage articulé.
