La Miuras Mouse est restée confidentielle durant de nombreuses années. J’en avais deux dans mes boîtes, que Maurizio Carini, l’inventeur, m’avait envoyées il y a une dizaine d’années, lorsque je travaillais dans un autre magazine. Ce n’est pas le leurre le plus sexy et, suite à quelques tests, pourtant couronnés de succès, elles dormaient sagement dans le noir. C’est lourd, on ne sent rien au bout de la canne et on arrose son copain de pêche à chaque lancer. Il a suffi de quelques épisodes d’une émission diffusée sur YouTube et consacrée à la traque du brochet pour que je me souvienne de ce leurre.
Succès médiatique
On voyait un guide français, Pierre Montjarret, pro staff de la marque CWC (Catch With Care), enchaîner les gros carnassiers avec cette « souris ». Il n’en fallait pas plus pour que je ressorte, dès le lendemain, cette drôle de bête. La Miuras Mouse était fabriquée artisanalement par Maurizio, qui assurait aussi la commercialisation. CWC a repris la production et l’a industrialisée, mais le principe demeure le même. La grosse tête est conçue en résine, sur laquelle sont collés des poils de cervidés, du Bucktail. Ce poil ne se gorge pas d’eau, il ne s’agglomère pas comme du poil de lapin et garde donc sa forme et son épaisseur. Cela offre un gros volume et, surtout, la face avant de la tête pousse beaucoup d’eau, créant des vibrations particulières. La Miuras Mouse est disponible en deux tailles, mais c’est sûrement la plus grosse, de 23 cm et d’un poids de 95 g, sèche, qui se vend le plus ! Une fois mouillée, elle est plus lourde et demande une canne solide, si possible casting, pour la propulser à bonne distance.
Tout doucement
Et de la distance, il en faut justement, car ce leurre se ramène en linéaire, assez doucement, afin que la grosse silhouette et les fameuses vibrations décident les brochets à venir la cueillir entre deux eaux. Cette Miuras coule très lentement ; la tête étant en résine, elle ne pèse pas lourd. On peut s’en servir sur les zones peu profondes ou au-dessus des herbiers, mais il est aussi possible de fixer des lests amovibles pour la faire plonger. Mieux vaut positionner des plombs à clipser ou à agrafe sur l’anneau qui accueille le triple, plutôt qu’à l’extrémité de la tête. La nage sera plus horizontale !
Le modèle français
Le succès de la Miuras Mouse se confirmant, le fabricant français VMC travailla sur une tête lestée reprenant un peu le même concept. La Mustache Rig est née en début d’année. Elle est disponible en trois tailles (10, 20 et 30 mm de diamètre) et se décline en trois poids (11, 20 et 40 g). C’est intéressant, car cela permet au pêcheur d’adapter la tête en fonction des poissons convoités ou des milieux prospectés, mais aussi de la puissance de sa canne. Les deux plus grosses tailles me semblent les plus propices à la recherche spécifique du brochet. Gros atout de la Mustache Rig, elle n’est pas fabriquée en résine, mais en zinc; elle coule donc plus vite que sa cousine italienne! Bien souvent, il n’est pas utile de lui adjoindre de lest additionnel. Inconvénient : elle pêche moins facilement les zones peu profondes et les herbiers. Quoique… En levant un peu la canne et en moulinant un peu plus vite, on peut la faire passer presque partout. Petit scoop : une tête en bois, donc flottante, arrive cet automne !
Pourquoi ça marche ?
Ces deux leurres ne font pas tout le temps des miracles et doivent être complétés par des poissons nageurs ou par des leurres souples classiques dans les boîtes du pêcheur, mais Miuras et Mustache Rig prennent beaucoup de brochets, et en général des beaux ! Pourquoi ? Ils sont silencieux, offrent une très grosse bouchée au carnassier, se déplacent lentement et produisent des vibrations que peu d’autres leurres sont en mesure de créer en poussant l’eau vers l’avant. Les Miuras sont équipées d’origine avec un leurre souple à double queue qui vibre beaucoup et qui porte bien le leurre dans l’eau. On peut le changer si nécessaire. Les Mustaches Rig sont vendues nues. On peut les doter du même type de trailer que les Miuras, mais aussi de shads dont la queue émettra de forts signaux dans l’eau. Sélectionnez des shads plutôt souples, car la vitesse de récupération est assez lente et avec une grosse caudale. Les modèles à section cylindrique, comme le Bullteez Shad Tail ou Curltail de Westin ou le Pig Shad de CWC, dans les plus grandes tailles, sont parfaits. Ils se vissent sur la tête grâce un système métallique efficace, identique à un tire-bouchon.
L'avis du guide, Pierre Montjarret : « J’utilise la Miuras toute l’année »
« Je guide en Irlande sur le brochet et j’utilise la Miuras Mouse toute l’année. Elle est efficace partout ! Dans les zones de pleine eau profondes, je pêche à mi-hauteur. S’il y a 8 m de fond, je laisse descendre le leurre à 4 ou 5 m et je le ramène en linéaire. Je joue sur la vitesse de récupération, mais je ne fais jamais de pause. Même s’ils sont posés sur le fond, les brochets vont monter le chercher. J’utilise de petits lests en tungstène pour l’alourdir si besoin. Je pêche beaucoup avec le trailer à double queue fixé d’origine sur la Miuras, mais nous avons aussi de très bons résultats avec de très gros shads, comme le Giant Pig Shad de 26 cm de CWC. En ce qui concerne les coloris, je choisis souvent le blanc, le noir et le marron, pour créer des contrastes avec les corps. Le top, en été, c’est de laisser le leurre toucher le sommet des potamots et de donner un grand coup de canne pour le dégager des plantes aquatiques. Cela réveille les brochets qui attaquent dans l’instant ! »