Le rubber jig désigne en fait cette tête plombée, souvent équipée d’une brosse anti-herbe, agrémentée d’une jupe. Composée de fibres de caoutchouc (rubber) ou de silicone, celle-ci donne à notre leurre un look un peu atypique. Mais il suffit de le plonger dans l’eau pour se convaincre de son efficacité. Rappelant le comportement d’une écrevisse quand on le fait tressauter sur le fond, son attractivité semble alors évidente. Le but de cet article n’étant pas de rentrer dans un descriptif précis des différents modèles existants, nous allons simplement nous contenter de brosser les situations dans lesquelles vous pourrez tirer le meilleur parti de ces formidables joujoux.
Agrémenté d'un leurre souple
Le rubber jig est pêchant partout et tout le temps. Il n’existe pas à mon sens de leurre plus polyvalent et régulier. Pour décupler son pouvoir de séduction, il faut lui adjoindre un trailer souple enfilé sur l’hameçon ; trailer signifiant littéralement « remorque ». Celui-ci aura pour effet, par exemple, d’augmenter le volume du leurre, d’en accentuer les vibrations, de ralentir sa descente et/ou de permettre de le skipper (faire ricocher) sous les frondaisons. Que vous le sélectionniez plutôt « nageant » comme un soft-swimbait, vibrant comme une créature, ou plus discret, les possibilités seront innombrables. Concernant le brochet, il faut tenir compte du fait que ce poisson est d’abord un opportuniste qui n’est pas taillé pour poursuivre longuement sa proie. Pour lui, notre piège est donc une prise facile. Car si le jig permet de pêcher en pleine eau, c’est lors de courtes frappes chirurgicales qu’il pourra le mieux s’exprimer.
Aux abords du poste
J’aime particulièrement pêcher les bordures encombrées. Mais c’est malheureusement le cas de beaucoup d’autres pêcheurs et ces postes sont donc hyper sollicités. Les poissons qui les occupent ont ainsi tendance à s’abriter au fin fond de leurs enchevêtrements de branches et autres obstacles… C’est dans cette situation que le rubber jig excelle. Équipé d’une bonne brosse anti-herbe, c’est un véritable leurre tout terrain. Je procède généralement depuis un bateau ou un float-tube. Même si ce n’est pas indispensable, cela facilite néanmoins pas mal la pratique de cette technique. Avant toute chose, je choisis le modèle le plus léger possible en fonction de la configuration pour garder une action assez planante. Dans l’immense majorité des cas, 10,5 ou 14 g suffisent. Concernant les coloris, je les choisis en principe en fonction de la turbidité de l’eau, prioritairement de façon que mon leurre soit repérable sans être trop agressif, et j’associe à mon jig un trailer dans les mêmes tons. Je joue parfois au contraire la carte de l’excentricité et utilise des couleurs plus éclatantes et/ou je fais contraster radicalement la jupe et le trailer. Après avoir peigné au préalable le contour du poste, je m’attaque à la zone encombrée. Armé de bonnes lunettes polarisantes, je commence toujours par une phase d’observation. Si un gros arbre est couché sous l’eau, je me tiens dans son alignement, je propulse mon jig en direction de la berge, sur le tronc, et je le récupère lentement jusqu’à hauteur des premiers embranchements. Ensuite, je tricote méthodiquement le houppier, passant de branche en branche sans descendre très profondément… Il n’est pas rare de distinguer un poisson, alors jusque-là suspendu sous les ramifications, se décaler et venir sanctionner l’imprudent.
Au coeur de l'obstacle
Ensuite, ou en présence de simples bois noyés ou de végétation éparse, je lance au plus profond des structures et laisse couler en contrôlant le mieux possible ma bannière. Toute la subtilité est là. Il faut conduire le leurre jusqu’au fond sans contrarier sa chute. À cet instant, le contact visuel avec la ligne est indispensable. Le moindre décalage doit être sanctionné par un ferrage soutenu et une extraction puissante. Une fois au fond, je laisse le jig posé quelques secondes et lui imprime de légers tremblements. Il n’y a pas de recette miracle mais j’alterne alors des phases de très lente récupération, de tressautements et de pauses, avec des animations plus violentes et rapides. Tout peut fonctionner et il convient à chaque fois de s’appliquer à trouver la formule du jour. Et les brochets, même gros, peu habitués à ce que l’on vienne les déranger au plus profond de leur tanière, répondent extrêmement bien à cette façon de procéder…
Le bon matériel
Pour opérer efficacement et optimiser mes résultats, j’utilise une canne très sensible mais néanmoins puissante spécifiquement conçue pour cela : la Legend Tournament Pike Cover Sniper de St Croix (2,13 m, 15-55 g, Fast). Le moulinet, fiable, doit quant à lui bénéficier d’un ratio assez élevé afin de récupérer promptement le mou de la bannière entre chaque phase de traction. J’utilise un BB1 Pro 7.1 de chez Lew’s garni d’une tresse Power Pro 28/100 en 4 brins avec une tête de ligne de deux mètres en 40/100 de fluoro si les structures sont agressives. Le bas de ligne en fluoro de 80/100 termine le montage.