Ouverture brochet : vive les bordures
- Partie 1 : du bord, discrétion et observation (par Gael Even)
- Partie 2 : en float-tube, une quête méthodique (par Cyril Martinez)
- Partie 3 : en bateau, la traque rapide (par Kevin Hernandez)
Le printemps est de loin ma période favorite pour rechercher le brochet depuis la rive. Les bordures des plans d’eau et rivières sont les premières à bénéficier d’une élévation de température. Ces endroits grouillent de vie, les poissons blancs et les amphibiens colonisent les herbiers indispensables à leur reproduction dans les faibles profondeurs. Les brochets ne sont jamais bien loin et les phases d’activité peuvent être aussi fréquentes qu’intenses. Si j’aime tant les pêches printanières, c’est qu’en plus de leur aspect visuel, elles offrent une multitude de possibilités et que, du jour au lendemain, tout peut changer.
Pour quelques degrés
La température de l’eau est le facteur principal à prendre en compte. Il ne faut pas se contenter d’immerger un thermomètre pour savoir à quoi s’en tenir ! Il convient de surveiller les tendances. Si les températures augmentent, l’activité des carnassiers fait de même. Les vitesses de prospections sont alors plus rapides et les poissons peuvent se tenir dans très peu d’eau. Dans le cas contraire, si le thermomètre baisse, les brochets ont tendance à se redécaler légèrement de la bordure et les phases d’activité vont se concentrer dans la seconde partie de journée. Dans tous les cas, plus la lumière diminue, plus les poissons remontent sur les bordures et sur les zones les moins profondes dans les étangs. En tout début de saison, voire en avril pour ceux qui pratiquent dans le privé, je vous encourage à rechercher des plans d’eau de petite taille et peu profonds. Vous pouvez programmer vos sorties par ordre de grandeur des plans d’eau et rivières. Pour vous aider un peu, aux alentours de 16°C on commence à faire de belles séries de brochets avec des prospections encore assez lentes. La barre des 18°C marque vraiment le début des pêches plus rapides et plus proches de la surface. Arrivé à 20°C, on est pour moi dans ce qui se fait de mieux comme conditions. Tout est possible et les poissons sont au top de leur activité.
À pas de loup
Le fait de pêcher dans très peu d’eau impose des règes de discrétion. J’aborde les postes en me déplaçant lentement et sans geste brusque. Les premiers lancers sont courts et précis. Moins il y a d’eau, plus la délicatesse du poser a de l’importance. Quelques coups en éventail en restant légèrement en retrait me permettent d’accéder ensuite à la rive. Il convient de toujours marquer une pause avant de sortir le leurre de l’eau. En effet, quand ils sont embusqués dans les bordures, les brochets adorent se jeter sur leur proie au tout dernier moment. Notre leurre ne fait pas exception ! Une fois parvenu à proximité immédiate de la rive, je réalise une série de lancers parallèles aux bordures avant d’élargir ma prospection. En rivière, je concentre davantage mon attention sur la partie aval. En plan d’eau en revanche, il convient de pêcher des deux côtés, et ce, même si vous avez déjà prospecté l’une des deux parties. Le simple fait de changer l’angle d’arrivée du leurre vers la berge permet bien souvent de déclencher la touche. Dans ces pêches courtes et précises, l’utilisation d’un ensemble casting est un réel avantage. Cet équipement permet de pêcher plus vite et plus précisément. Si le plan d’eau est de faible profondeur et que la nature du fond le permet, j’aime avancer lentement dans l’eau en faisant le moins de vagues possible. La silhouette du pêcheur est alors moins repérable et les angles de lancer sont meilleurs. Une paire de cuissardes ou des waders peu coûteux suffisent largement. Et quel plaisir d’être encore plus près de l’eau !
Les bons postes
Les bordures encombrées de bois noyés, de touffes d’iris, de joncs, roseaux et autres massettes sont à prospecter en priorité, tout particulièrement si elles sont bien ensoleillées et abritées du vent. Elles seront les plus précoces. Les anses, arrivées d’eau dans les étangs, ainsi que les bras de rivières et autres ballastières sont également à visiter en priorité. Si vous avez un doute sur le secteur pour commencer votre pêche, utilisez vos yeux et vos oreilles. Les chants des grenouilles, ainsi que la présence d’oiseaux comme les poules d’eau, les foulques, les cygnes et les canards vous indiquent la présence d’herbiers et par conséquent celle des brochets.
Ne pas s'accrocher
Une fois la destination déterminée, il reste à choisir le bon leurre. L’avantage avec ces pêches printanières du bord, c’est qu’elles éliminent d’emblée tous ceux qui plongent trop et aussi ceux qui coulent trop vite afin de ne pas vous accrocher sans cesse et risquer casses et pertes. Pour les prospections au cœur des végétaux, les hameçons apparents seront également écartés de la sélection. On se retrouve avec une boîte assez minimaliste qui prend peu de place dans le sac et ce n’est pas pour me déplaire, je dois l’avouer. Dans ma sélection, il y a systématiquement un rubber jig avec plusieurs trailers de type grenouille et shad pour pêcher vraiment contre le bord et dans les végétaux immergés ou bois morts. Ces trailers peuvent également être montés sur un hameçon texan pour les zones les moins profondes ou s’il faut pêcher lentement. J’ajoute à ma sélection un spinnerbait, un stickbait, deux Deraball pour prospecter la zone de transition entre l’extrême bordure et l’eau « libre », et enfin un Dunkle et un ou deux swimbaits avec des densités assez faibles pour peigner la zone plus au large. J’ai ainsi construit ma boîte en fonction de la profondeur d’eau que je vais pêcher et je change de leurre ou d’ensemble canne moulinet au fur et à mesure que je m’approche de la rive et que je commence la pêche plus au large.
Mes ensembles dédiés à ces pêches
- Un ensemble casting pour pêcher jig, texan et spinnerbait : une Night Shadow Jungle Blast Illex avec un moulinet en taille 200 garni avec une tresse 4 brins fluo de 0,20 ou 0,22 mm. Si l’eau est vraiment claire, je monte une pointe de discrétion en 0,40 mm avec un bas de ligne de 20 cm en 0,75 mm. Si l’eau est un peu piquée, je passe directement de la tresse à un bas de ligne de 70 centimètres de 0,75 mm.
- Un ensemble plus puissant pour les pêches vers le large, une Night Shadow swimbait Driver Illex avec le même type de moulinet et la même tresse. La pointe est constituée de 70 centimètres de 0,75 mm.
- Un ensemble spinning pour les pêches au leurre de surface : une canne de 2,10 ou 2,20 m d’une puissance comprise entre 10-30 g et 10-40 g, associée à un moulinet en taille 3000 garni d’une tresse en 0,17 mm fait parfaitement l’affaire. Je rajoute un bas de ligne constitué directement de 30 cm de 0,64 mm.
Partie 1 : du bord
Partie 2 : en float-tube
Partie 3 : en baeau