Depuis quelques années, on peut observer une véritable cure de jouvence pour la plombée articulée qui retrouve peu à peu une place dominante dans l’arsenal des pêcheurs. Certains qui ont connu l’époque du manié ne l’avaient pas totalement délaissée en l’intégrant dans leur programme de pêche aux leurres souples. Cependant, il faut avouer que la sacro-sainte tête plombée, beaucoup plus facile à utiliser, s’est imposée depuis très longtemps comme le montage de référence pour la pêche des carnassiers de toutes espèces. Deux décennies plus tard, ce phénomène, qui avait largement contribué à occulter le système de la plombée articulée, s’inverse peu à peu avec l’arrivée du montage Cheburashka, s’affirmant désormais comme une solution incontournable dans de nombreuses situations.
Quand la simplicité ouvre de nouvelles perspectives
Si on peut constater que la plombée articulée est le point commun entre la bonne vieille monture Drachko et le montage moderne Cheburashka, il ne fait aucun doute que la réalisation « complexe » de la première, qui avait en partie causé son déclin, est aux antipodes de la simplicité de la seconde, qui invite naturellement les pêcheurs à s’y intéresser. Dans un monde de la pêche qui évolue très rapidement au fil des modes et des nouveaux produits, il est toujours étonnant et très agréable de voir réapparaître d’anciennes méthodes actualisées, qui suscitent à nouveau un réel enthousiasme.
Une belle opportunité pour tous
Les nouvelles générations de pêcheurs ont vite compris l’intérêt de ce montage, et ils n’ont pas tardé à l’intégrer comme une solution de premier plan dans la pratique du streetfishing. Quant aux plus anciens, surpris de revoir ce montage qui leur rappelle leurs débuts glorieux, ils tentent volontiers l’expérience et s’aperçoivent que leur système « ringard » peut à nouveau leur apporter du plaisir. En résumé, on peut dire que la monture Cheburashka représente une belle opportunité de découverte pour certains et un retour aux sources pour d’autres !
Le Cheburashka en quelques mots
Le système Cheburashka se compose d’une plombée sphérique en plomb ou tungstène, munie d’une fente interne et d’une agrafe préformée que l’on associe dans la plupart des cas à un hameçon texan destiné à recevoir un leurre souple. Pour réaliser le montage, il suffit de passer l’agrafe dans l’œillet de l’hameçon, de glisser le lest sur l’agrafe et de raccorder la ligne à l’extrémité de celle-ci pour obtenir un ensemble prêt à pêcher. C’est aussi simple que cela ! Avec, en prime, l’avantage que chaque élément puisse être échangé ou remplacé en un tour de main.
Des arguments qui ont tout pour séduire
Cette association du montage Cheburashka avec l’hameçon texan offre sans conteste des avantages multiples et les arguments les plus pertinents pour nous séduire. Si, à tous moments, la simplicité et la rapidité de mise en place procurent un réel confort en action de pêche, ses atouts majeurs résident dans sa capacité à limiter les accrochages et, surtout, à pouvoir réaliser des animations particulièrement efficaces sur les carnassiers, et les sandres en particulier.
Le petit détail qui fait toute la différence
Il suffit de faire évoluer deux leurres identiques, l’un équipé d’une tête plombée classique et l’autre d’un montage Cheburashka, pour vite se rendre compte que l’action des leurres est radicalement différente. À l’opposé de la tête plombée classique, qui bride totalement le leurre sur le lest et impose de la sorte une présentation très rigide et saccadée, la plombée articulée offre une liberté totale de mouvement du leurre, qui se traduit par une apparence beaucoup plus naturelle. Que ce soit pour réaliser une récupération linéaire d’un shad dans un milieu encombré, pour animer subtilement un finess en mode manié sur des éboulis de pierres, pour présenter une créature en alternant pauses « pince en l’air » et glissades sur un fond tapissé de moules ou pour pratiquer une pêche à l’aplomb d’un quai, le montage Cheburashka se révèle incroyablement efficace.
Un mouvement particulier irrésistible pour les sandres
Dans tous ces cas, l’articulation joue ici un rôle déterminant qui impose le déplacement du montage en laissant au leurre la possibilité de rester libre dans sa position ou de bouger lentement au gré des mouvements d’eau, de son poids ou d’une légère animation que vous lui imprimez. Lors d’animations plus soutenues, le basculement du leurre sur l’axe de pivot au moment de l’arrêt en suspension est certainement le mouvement « décisif » qui n’a pas d’équivalent pour déclencher l’attaque des sandres.
Une belle expérience qui progresse au fil du temps
Depuis mes débuts, mon engouement indéfectible pour la pêche du sandre m’a permis de découvrir différentes disciplines et plus particulièrement la pêche au manié en compagnie de Michel Naudeau, avec lequel j’ai pu apprécier cette technique fabuleuse. Au fil du temps, j’ai remplacé successivement la petite ablette par un LS finess, l’épingle de Drachko par un tire-bouchon maison, les empiles munies d’hameçons triples par un texan, en terminant par remplacer la chevrotine pincée sur une agrafe par un montage Cheburashka. Au final, je ne peux que me réjouir d’avoir continué à pratiquer avec succès chaque étape de cette évolution sur les canaux de ma région, les rivières et les grands lacs. Car si durant ce long parcours, j’ai pu observer un développement important de la pêche des carnassiers avec l’arrivée de nombreux pêcheurs, j’ai rarement vu une autre méthode de pêche qui offrait autant de polyvalence pour aborder la pêche du sandre, mais également les sensations incomparables qu’elle procure. Lors de sorties en compagnie de jeunes pêcheurs déjà bien expérimentés, je peux vous assurer qu’après une heure, cinq ou six casses dans les cailloux, aucune touche sur les shad… les têtes plombées et les montages Carolina sont vite rangés dans les sacs. Une heure plus tard, le sourire de chacun en dit long sur les résultats obtenus avec un montage Cheburashka équipé d’un bon finess. Une canne nerveuse et très tactile de type Shimano Yasei LTD Zander Jigging d’une longeur 2,70 m en puissance M et H représente le modèle idéal pour pratiquer cette technique. Ne tombez pas dans l’excès des cannes longues et inconfortables ou dans le piège d’une canne courte qui ne vous permettra pas d’animer correctement un leurre à grande distance.
Comment faire les premiers pas avec Cheburashka
Lors de l’installation du montage, veillez à bien orienter la position de l’agrafe avec l’extrémité la plus large sur l’œillet de l’hameçon et l’extrémité opposée orientée vers le haut. Lorsque vous placez le lest sur l’agrafe, assurez-vous également que la fente est positionnée en haut afin que le poids du lest soit bien désaxé et orienté vers le bas. Ces détails qui paraissent insignifiants sont néanmoins déterminants pour garantir une position correcte du leurre lors de l’animation et éviter qu’il ne tourne sur lui-même lors de la récupération.
Optez pour le Wide Gap pour être efficace
Pour obtenir toutes les chances de réaliser des ferrages efficaces, privilégiez tant que possible l’utilisation d’hameçons texans de type Wide Gap (VMC Mystic Predator Wide Gap) dont la forme permettra un bon dégagement de la pointe d’hameçon lors de la touche. Sa taille sera évidemment toujours en rapport avec celle du leurre. Lorsque vous pêchez le sandre, les modèles 3/0, 4/0 et 5/0 conviennent très bien pour des leurres de 10 à 15 cm. Pour tirer tout le bénéfice du montage, inutile de dire que le choix des leurres doit se focaliser sur des modèles plutôt longiformes et pas trop ventrus.
Profitez du marché qui offre des produits bien adaptés
Indépendamment de la taille du leurre, l’utilisation de différents grammages allant de 3 à 21 g permet d’ajuster le montage aux conditions du moment et de l’endroit. À poids identique, un modèle réalisé en tungstène possède une densité et une dureté plus importante qui lui permettront de descendre plus rapidement dans la couche d’eau, mais aussi de mieux transmettre la perception des contacts avec le fond et les structures. Si, autrefois, les séances de mise en peinture des chevrotines de mes montures Drachko ne me rebutaient pas vraiment, car cela faisait partie de l’engouement pour la pêche du sandre, je dois avouer apprécier grandement de pouvoir disposer de modèles directement colorés avec l’avantage qu’ils tiennent beaucoup mieux dans le temps. On peut ainsi disposer de couleurs très flashy que l’on peut utiliser en harmonie avec celles du leurre afin de donner du volume ou, au contraire, pour créer un contraste afin de susciter l’intérêt des sandres. Les teintes dorées et argentées très brillantes restent des valeurs sûres dans la combinaison avec des leurres de teintes naturelles. Parmi les nombreux modèles disponibles sur le marché, on peut constater des différences très marquées entre les produits. Dans tous les cas, écartez les modèles avec une agrafe ridiculement fine ou qui passe complètement à travers le lest, un lest dont la fente n’est pas légèrement décentrée et ceux qui ne disposent pas d’une identification du poids.
Indissociable du texan, oui mais pas uniquement
Au-delà de l’hameçon texan avec lequel il forme un couple inséparable, le montage Cheburashka peut parfaitement convenir pour lester un montage à visser (tire-bouchon, screw équipé d’empiles). Il peut aussi s’installer sur un hameçon simple court sur lequel on peut escher un petit poisson. Pour celui qui ne dédaigne pas la pêche aux appâts naturels, cette variante de la fireball utilisée avec un poisson mort en verticale s’avère une solution qui peut rapporter gros.
Un montage insolite qui marche d’enfer
Dans certaines situations, une plombée articulée Cheburashka peut être très pratique pour augmenter le lest d’un leurre métallique. Même si, pour les puristes, cela peut paraître un sacrilège, je peux vous assurer que placer une plombée Cheburashka de 20 g avec un petit anneau brisé sur un spinnerbait de 21 g peut être une solution imparable pour pêcher très rapidement sur un plateau et provoquer les grosses perches calées dans les herbiers ! Sur certaines compétitions internationales, cette approche peu conventionnelle a parfois été la seule capable de provoquer les touches, alors que les chatterbaits et autres types de leurres laissaient les grosses zébrées totalement indifférentes ! Le montage Cheburashka, bottom jigging, représente l’exemple parfait d’un concept moderne qui concentre l’héritage de deux principes qui ont littéralement marqué l’histoire de la pêche. Avec une efficacité indiscutable, une simplicité d’utilisation déconcertante et un coût minime, il répond parfaitement à l’exigence des pêcheurs qui recherchent une alternative aux têtes plombées. Nul doute que ce retour gagnant de la plombée articulée a de beaux jours devant lui.