Mes premiers leurres souples double queue étaient les fameux Mister Twister. Dans les années 1990, on ne trouvait quasiment que cela dans les magasins spécialisés. Tous ceux qui ont connu cette époque se souviennent du Mister Twister double queue et des premiers brochets attrapés avec lui. On a tous utilisé ce type de leurre à nos débuts pour traquer maître Esox. Pour ma part, je l’adorais et l’utilisais beaucoup. Les raisons : son efficacité et sa régularité.
Des leurres de grosse taille
À l’époque, ces leurres n’avaient qu’un seul défaut : ils étaient de petite taille et ne sélectionnaient ni les espèces de poisson, ni leur taille. Pour pallier cela, j’ai très vite trouvé les leurres Man’s double queue. De plus grande taille, ils m’ont permis la capture de nombreux et jolis brochets. Un peu délaissés par la suite, en tout cas moins souvent au bout de ma canne, l’arrivée du Miuras Mouse, un leurre hybride double queue, a remis au goût du jour l’utilisation de ces leurres à l’efficacité plus que redoutable. Voilà pourquoi je continue désormais de les utiliser toute l’année durant la période d’ouverture du brochet. J’aime découper l’utilisation de ces leurres en trois saisons.
• Le printemps : lorsque les brochets sont sur les bordures à l’affût des grenouilles qui tombent ou se déplacent sur l’eau. Armés d’une tête plombée légère et en récupération planante, ils n’ont pas leur pareil pour faire craquer un joli brochet.
• L’été : montés avec un hameçon texan, et utilisés en buzzing sur les herbiers. Ils sont redoutables sur les brochets lorsque ces derniers s’alimentent en surface, mais sur des proies se déplaçant doucement ou faisant peu de bruit. À ce petit jeu, les double queue sont exceptionnels.
• L’hiver : montés sur une tête plombée classique, on peut ramener ces leurres tout doucement. Lorsque les eaux sont froides, ils n’ont pas d’équivalent pour déclencher l’attaque d’un brochet léthargique posté au ras du fond.
Les raisons de ce succès
Les double queue peuvent donc s’utiliser toute l’année. À cela, j’ajoute pour ma part trois raisons de les utiliser :
• L’aspect imitatif : que ce soit au printemps ou en été, ils n’ont pas leur pareil pour imiter une grenouille. À ces périodes de l’année, les brochets, en canal ou en plan d’eau riche en herbiers et nénuphars, peuvent cibler leur alimentation uniquement sur ce type de proie. Faire passer une grenouille à ras la bordure, ou au milieu d’une trouée d’herbiers, n’aura pas son pareil pour déclencher l’attaque d’un pike.
• L’aspect discrétion : quel que soit le moment de l’année, lorsque les poissons sont peu actifs ou éduqués en réponse à une forte pression de pêche, le double queue peut sortir son épingle du jeu. Ses faibles vibrations associées à sa lenteur de déplacement ne laissent pas les brochets indifférents.
• L’aspect attractif sur les jolis poissons : les leurres double queue, dans les grandes tailles, déplacent un gros volume d’eau avec des vibrations très légères et fines. Les gros poissons aiment ce genre de stimuli et n’hésitent pas à attaquer ce leurre, là où un shad « classique » aurait été inopérant ! Les « specimens hunter » ne vous diront pas le contraire…
Déployer les bonnes stratégies
Le double queue s’utilise donc toute l’année et possède un attrait non négligeable sur les brochets, quels que soient les milieux. Ainsi dans les eaux calmes ou courantes, je l’utilise de cette manière :
• En lac et sur plan d’eau : il n’aura pas son pareil pour déclencher l’attaque d’un brochet lorsqu’on le ramène en linéaire pur. J’aime l’utiliser en moulinant lentement pour le faire évoluer dans la couche d’eau où les brochets se trouvent. Soit en bordure en début de saison, puis en pleine eau plus tard, lorsque les carnassiers recherchent l’eau plus profonde. S’il n’y a pas de vent et que l’activité est faible, vous avez de grandes chances de sortir votre épingle du jeu de cette manière. Je l’utilise aussi pour pêcher les cassures d’herbiers. Le côté planant de ce leurre lors des phases de relâcher le long de l’herbier déclenche des touches franches de poissons embusqués à la limite des herbiers. La touche « coup de fusil » est garantie !
• En rivière et en canal : pour les milieux encombrés avec une forte végétation aquatique, le double queue est génial. Il est idéal pour pêcher les bordures de ces petits biotopes. Son côté planant et le fait qu’il nage dès son entrée dans l’eau en font un leurre parfait. Les touches ont d’ailleurs souvent lieu dans les deux premiers tours de manivelle, restez concentrés. Dans les bras morts ou dans les calmes encombrés des rivières et des canaux, je préfère bien entendu m’en remettre au célèbre montage texan. Pour cela, on peut l’utiliser soit en buzzing, c’est-à-dire en ramenant vite en surface pour imiter une grenouille se déplaçant sur les herbiers, soit en grattant le fond le long des quais et des arbres morts avec un texan plombé. Il faudra juste décaler le ferrage pour ne pas rater trop de touches.
Le leurre double queue est vraiment un leurre 4x4. Longtemps oublié, sauf par quelques « specimen hunter », il retrouve dernièrement ses lettres de noblesse. On en trouve maintenant partout et de toutes les tailles. À vous de choisir le modèle correspondant à votre biotope. Vous ne serez pas déçus !