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Les leurres de l'ouverture (2) : Le bigbait façon shad

Crédit photo Arnaud Brière
Au mois de mai, la belle saison est résolument lancée, et nous regardons plus du côté de l’été que du printemps… Les eaux se réchauffent, et les poissons blancs deviennent hyperactifs en vue du frai qui se profile.

C’est clairement le moment de lorgner du côté des herbiers, en pleine croissance. Sur les hauts-fonds, dans les anses peu profondes ou en bordure, la vie aquatique s’active. Les invertébrés et les éclosions d’éphémères constituent une aubaine pour les poissons blancs. Et forcément, les carnassiers sont derrière, brochets en tête. Les poissons blancs sont souvent de belles tailles et sont bien visibles. Moins repérables, les brèmes sont là également et peuvent parfois être l’objet d’une réelle obsession de la part des carnassiers. Toujours est-il que la possibilité de présenter un gros leurre de 25 cm ou plus est une aubaine. Et ce à plusieurs titres.

Les gros souples restent des valeurs sûres.
Crédit photo : Arnaud Brière

L’éloge du réalisme

Premièrement, votre leurre joue la carte du mimétisme avec la taille des poissons fourrages présents sur la zone. Cette notion est très importante, car les carnassiers sont régulièrement focalisés sur une taille de proie bien spécifique. J’ai souvenir de sessions où les brochets se gavaient de brèmes présentes en nombre sur un plateau de potamots. Ils en étaient remplis et refusaient catégoriquement toute autre proie, ou du moins toute autre taille de proie. Seuls les très gros leurres déclenchaient des touches. Peu importaient le coloris ou la forme, du moment que le « volume » était là ! Deuxièmement, un leurre très volumineux fera toujours jouer la notion d’opportunité alimentaire… Difficile de rater une bouchée aussi « rentable » (énergétiquement parlant). Troisièmement, une très grosse bouchée sélectionne forcément la taille des poissons et vous permet de cibler les plus gros sujets de la zone. Les gros leurres souples de type shad répondent efficacement à tous ces paramètres. Un shad de 25 ou 30 cm garde un poids raisonnable en comparaison avec un hard swimbait. Ils peuvent donc être lancés aisément, même si un matériel adéquat est nécessaire. À ce propos, si vous avez opté pour une canne à swimbait relativement puissante, elle sera parfaite pour cet usage ! Comme la masse est incluse dans le volume des leurres, ils n’ont pas besoin d’être replombés pour être propulsés et peuvent ainsi nager près de la surface, au-dessus des herbiers par exemple… Enfin, ils déplacent beaucoup d’eau et émettent ainsi des vibrations puissantes qui mettront en alerte les gros prédateurs de la zone. En adaptant les montages, ces gros shads sont très versatiles et répondent parfaitement aux nombreuses variantes auxquelles on peut avoir recours pour essayer de déclencher des touches.

Les leurres souples supportent une multitude de montages.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les montages à vis à l’honneur

L’avènement de ces gros leurres souples dans la pêche du brochet s’est fait avec l’arrivée du montage « screw rig ». Cet armement ventral, équipé la plupart du temps de deux gros triples, vient se visser dans le nez du leurre. Les ratés au ferrage sont rares, et les décrochages également. Ils laissent toute liberté au leurre souple pour évoluer librement et facilitent le lancer-ramener dans les zones de shallow. La réussite tient d’ailleurs parfois à ce détail : être capable de ramener près de la surface un très gros leurre « à deux à l’heure ». Certains pêcheurs de brochets s’en sont fait une spécialité et n’envisagent plus la recherche d’Esox sans ce type de montage. Avec un sinker, au même titre qu’avec un swimbait, on peut aisément replomber un leurre et augmenter sa vitesse d’immersion. On pourra donc pêcher un peu plus creux ou passer plus vite au-dessus de la zone souhaitée. Dans les eaux chargées, ou par temps gris, le coloris firetiger s’impose la plupart du temps. Par grand soleil, je privilégie les coloris bleus ou dorés, transparents et pailletés. Si les eaux sont laiteuses ou qu’il faut descendre un peu, j’aime le blanc. Ces choix de coloris ne sont pas exhaustifs, mais ils donnent quelques indications. Ils sont forcément adaptables en fonction des caractéristiques de vos eaux et de vos envies. Évidemment, il arrive que le cranking proche de la surface ne soit pas productif et produise plus de suivis ou de refus que de touches franches. Dans ces cas-là, la solution passe parfois par la vitesse. Accélérer fortement la vitesse de récupération empêche les poissons de « réfléchir » et, pour le faire correctement, mieux vaut plomber son leurre afin d’éviter qu’il ne remonte à la surface et ne « décroche ». Il est possible et simple de rajouter un plomb à votre screw rig. Cette option est idéale pour « tester » la zone différemment. Mais elle n’est pas optimale en ce sens que ce montage n’est pas fait pour aller vite. L’ajout d‘un petit sinker est plus adapté au cranking lent mais plus profond. Si vous souhaitez passer au plus près d’herbiers situés loin de la surface par exemple.

Sur les plateaux herbeux, un gros shad peu plombé fait souvent merveille.
Crédit photo : Arnaud Brière

La tête plombée a toujours raison d’être

Pour pêcher vite, je vous conseille plutôt d’opter pour une tête plombée et un montage 360 ventral. En pêchant avec une canne tenue à hauteur du bassin et parallèle à l’eau, il sera dès lors possible d’accélérer significativement. Plus vous pêcherez lourd, plus vous pêcherez vite pour éviter de toucher le fond ou les herbiers. Il m’arrive souvent de passer dans trois mètres d’eau avec un leurre de 25 cm plombé en 30 g. Il faut juste trouver le bon rythme de récupération pour passer à la bonne profondeur. Vous l’aurez compris, les gros grammages, dans ce cas particulier, ne sont pas faits pour gagner en profondeur mais en vitesse ! Autant monter un shallow rig au bord de l’eau est enfantin et rapide, autant les montages 360 méritent d’avoir été préparés à l’avance. Une petite séance de bricolage s’impose donc si vous n’en avez pas encore dans vos boîtes. J’ai souvent avec moi un coloris pike et un coloris FT. Les gros leurres souples sont devenus des acteurs majeurs de la pêche au brochet. Si vous êtes un tant soit peu excité par les bigbaits, ils sont incontournables. Voir un gros LS de 25 cm disparaître dans un gros remous de surface est hautement addictif. C’est peut-être, à l’ouverture, le bon moment pour s’y mettre…

On peut jouer avec ces leurres sur la carte des couleurs pour trouver ce qui plaît au prédateur
Crédit photo : Arnaud Brière

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