Nous parlons ici des hards swimbaits, conçus en bois ou en résine, et pas de leurres souples de type shad que les pêcheurs américains désignent souvent comme tels. Ces leurres, la plupart du temps hyper réalistes, sont conçus en plusieurs segments articulés. Si beaucoup de leurres rentrant dans cette catégorie sont constitués de trois ou quatre, voire cinq sections, certains en comportent beaucoup plus (je pense au S-trout ou au Seven de chez Biwaa). Toujours est-il qu’il en résulte une nage fluide et très naturelle qui imite à s’y méprendre le déplacement d’un vrai poisson dans l’eau.
Avec ou sans bavette
Si la plupart des « swims » ne possèdent pas de bavette, certains en sont quand même pourvus. Leur nage est alors plus marquée, voire heurtée, et perd en naturel (mais pas forcément en efficacité !). Je pense entre autres à la première génération de 4-Play (Savage Gear), incroyablement efficace certains jours de grand vent, ou au X-Rap Jointed 13 (Rapala) redoutable tout le temps ! Mon expérience de pêcheur de brochets me fait dire que sur ces pêches de lancer au leurre dur, c’est soit jerkbait, soit swimbait, mais jamais les deux. Si les poissons répondent aux jerks et à leur animation, il y a très peu de chance que les swimbaits déclenchent des touches et inversement. Je serais bien en mal de vous expliquer pourquoi… Bien sûr, certains jours de folie ne répondent pas à cette règle, et tout ce qu’on mettra dans l’eau déclenchera des touches, mais ce n’est pas la règle quotidienne – hélas… Il existe en revanche une saisonnalité assez établie dans cette hiérarchie. En début de saison, quand les eaux sont froides, les brochets réagissent souvent très bien aux animations violentes saccadées des jerks. Puis, avec le réchauffement des eaux, la réussite glisse doucement vers l’emploi des swimbaits. Ainsi, en mars et en avril, les jerks sont rois, et ils laissent leur place aux swimbaits par la suite. Ça tombe bien, nous sommes au printemps, et c’est justement la période des swims ! N’oubliez quand même pas qu’il faudra peut-être aller voir ailleurs si les swims ne répondent pas non plus et que les jerks sont toujours capables d’un exploit un jour de grand vent et de mauvais temps.
Un leurre agréable à utiliser
Les swimbaits ne rentrent pas toujours dans la catégorie des bigbaits. Ils ne pèsent pas systématiquement 150 g (ou 300 !), et de nombreux modèles extrêmement efficaces pèsent moins de 80 g. Ceux-ci ne nécessitent donc pas un matériel spécialement dédié. Mais qui peut le plus peut le moins, et l’utilisation d’une grande canne vous apportera confort et puissance lors du lancer et du ferrage. Quand je dis grand, je pense à une fourchette de taille comprise entre 2,40 et 2,70 m. Ces leurres ne s’animent pas à la canne, et la maniabilité n’est pas une priorité. Je vous conseille donc une 2,50 m d’action medium fast (c’est-à-dire assez moelleuse) et de puissance 50-150 g (qui vous autorisera une large plage de grammage dans les leurres). L’animation d’un swimbait se fait au moulinet. Ce sont des leurres de lancer-ramener purs et durs, sans intervention d’une quelconque animation pour les mettre en œuvre. Une grande partie du succès se joue sur la vitesse de récupération et les pauses. Une fois n’est pas coutume, je limite considérablement ces dernières par rapport à d’autres leurres durs. Le petit côté « touche réflexe » est souvent un plus avec un swimbait, et j’ai régulièrement remarqué que les récupérations continues et régulières étaient souvent les meilleures. La vérité se trouve plutôt dans la vitesse de récupération… J’ai observé que les inconditionnels du spinning obtenaient souvent de bons résultats avec des swims (plutôt des leurres d’assez petite taille et donc assez agiles). Pourtant, les moulinets à tambour fixe récupèrent plus vite que ceux à tambour tournant (casting). De là à conclure qu’un swimbait ramené relativement vite fonctionne bien, il n’y a qu’un pas ! Les idées reçues associent souvent swim et récupération hyper lente… Je n’en ferai pas une généralité, loin de là ! N’oublions pas qu’en plus, durant les mois de mai et juin, l’eau a déjà bien chauffé et que les poissons sont actifs. Ils n’hésitent pas à accélérer et à se saisir de proies en pleine forme.
Plombage additionnel si nécessaire
Il existe de nombreuses densités, si bien que les swims « pêchent » plus ou moins profondément. Passer dans un mètre d’eau au-dessus des herbiers, c’est bien, mais être capable de descendre un peu pour solliciter des poissons plus en profondeur, c’est une option également intéressante. Pour cela, il ne faut pas hésiter à surplomber un peu votre leurre, en utilisant des plombs prévus à cet effet (ou une chevrotine serrée sur une agrafe). Positionnez votre « sinker » (plomb) sur le nez du leurre ou sur l’anneau du triple de tête. Les swimbaits ont cette capacité à faire bouger les gros poissons de loin, ils sont donc tout indiqués pour prospecter des grandes masses d’eau assez profondes. Je ne saurai trop vous conseiller de vous équiper de swims et de les utiliser régulièrement. Ce sont des leurres faciles à mettre en œuvre, avec un gros pouvoir de séduction qui ne s’arrête pas aux petits poissons. Loin de là ! Les swimbaits sont des leurres à gros poissons. Le ratio des touches de gros poissons déclenchées par ces leurres est impressionnant, et c’est clairement une des catégories de leurre (pour ne pas dire « la ») qui a rapporté le plus de spécimens dans mes structures de pêche ces dix dernières années. No comment. Très souvent engamés par-derrière, ils amènent, de plus, un rapport touche/nombre de poissons pris assez unique.