J’aime pêcher les perches, surtout si elles sont grosses. Juste après la sortie de l’hiver et de la fraie, pendant le printemps donc, les perches sont relativement présentes. Les petites étant moins actives, il est alors plus facile de cibler les grosses perches au printemps. J’ai la chance d’habiter dans une région où elles sont bien représentées, alors pourquoi s’en priver ! Je les ai beaucoup pêchées de manière « conventionnelle », avec un seul leurre sur la ligne. Cela fonctionne évidemment très bien, mais il nous est tous déjà arrivé de ramener une grosse perche et de voir juste à côté d’elle un ou plusieurs autres individus. À moins d’avoir un copain à côté pour tenter le doublé, la plupart du temps, les autres disparaissent. Parfois, on ne les retrouve même pas ! Alors pour pallier cela, pourquoi ne pas mettre deux leurres sur la même ligne (en respectant la législation du domaine public, c’est-à-dire deux hameçons maximum par ligne) ? Deux options principales s’offrent à nous, en fonction des leurres utilisés :
• à la manière d’un montage drop shot, mais en remplaçant le plomb par une lame, un jig métallique, un spintail ou encore un leurre souple sur tête plombée. Si vous utilisez une lame, il faudra donc supprimer un des deux hameçons de celle-ci, pour rester dans la légalité;
• pour imiter une perche en chasse, en rajoutant devant un crankbait ou un leurre de surface un petit leurre souple ou une plume servant de « teaser ». L’imitation d’un alevin chassé est très réaliste et ne laisse pas les perches indifférentes, surtout au printemps lorsqu’elles sont focalisées sur de toutes petites proies.
Un exemple fondateur
Je n’avais jamais trop osé franchir le pas, de peur que ma ligne ne s’emmêle sans arrêt. Mais lorsqu’un ami, Seb, m’a raconté l’histoire suivante, mon opinion a très vite changé. Seb pêchait avec son copain Manu les perches en lac. Les grosses étaient de sortie, et la pêche était fructueuse. Les poissons s’enchaînaient lorsque Manu lui a dit qu’il sentait quelque chose de plus lourd. Sûrement un brochet, cela arrive souvent en ciblant les perches. Ça n’était pas un brochet, mais bien deux perches sur la même ligne : une sur le teaser et une sur le jig métallique. Mais le plus incroyable de cette histoire reste la taille des perches. Un mètre de perche sur la même canne en un lancer : 53 et 47 cm ! Deux poissons hors normes qui changèrent mon approche pour la traque des grosses perches. Depuis ce jour, j’ai affiné la technique et, surtout, mon montage tandem. Même s’il est possible de mettre le tandem raccordé à la ligne avec un hameçon simple et un nœud à la manière d’un montage drop shot, je fais autrement. Je monte mon « teaser » en potence, à l’aide d’un nœud potence. Le fait d’avoir son teaser décalé de la ligne principale, sur un brin de fluorocarbone de 4-5 cm se terminant par le petit leurre souple, donne une nage plus réaliste et moins bridée au teaser. L’effet de fuite est amplifié, et les perches y sont très sensibles. De plus, lorsque les brochets sont de sortie et focalisés sur les petites proies (ce qui arrive souvent, même chez les gros spécimens), cela évite de se faire couper la ligne au-dessus du crankbait ou de la lame… et ainsi de perdre le montage tout entier. Une petite astuce, lorsque les brochets sont mordeurs, consiste à faire un petit bas de ligne en 40 jusqu’à 60/100, pour éviter de trop se faire couper. On fait ensuite la potence de 4-5 cm avec l’excédent de fil du corps de ligne, et on la termine par le teaser. Si le brochet prend le teaser, il faudra desserrer le frein et être souple avec la canne. S’il prend le leurre principal, alors vous êtes « sauvé ». À vous les belles perches et les brochets avec ce montage.
Dorénavant, j’ai toujours une canne montée avec un montage tandem. Elle se compose d’une tresse en 12/100e minimum et d’une tête de ligne en fluoro 30/100. Pas besoin de finasser, on cherche des grosses perches, par deux qui plus est, et souvent avec des techniques de réaction (jig métal, lame, crankbait…). Il faut donc un montage costaud. Ensuite, je rajoute mon teaser 20 à 40 cm au-dessus de mon dernier leurre. Pas plus de 20 à 40 cm, j’ai remarqué que l’on avait moins de touches si on le mettait plus haut. Puis, lorsque je suis pressé, je fais un nœud direct sur le fluoro, comme un montage drop shot, avec un nœud palomar simple. Si je souhaite plus de mobilité pour mon teaser, et donc un montage plus élaboré, alors je réalise un nœud de potence. Cela me permet de garder un morceau de fil libre sur lequel je viens nouer mon hameçon et mon petit leurre souple « teaser ».
Trouver le bon teaser et la bonne animation
Tous les teasers peuvent servir : un shad ou un grub de deux à quatre pouces, un finess, une plume… Cela dépendra de la taille des poissons recherchés, de la taille des proies et de l’humeur des perches. Pour ma part, j’aime bien utiliser des teasers de 2 à 3 pouces pour le printemps, de type Fin-S Fish Lunker City, I-Shad tail Illex, Whiz Gunki… Pour le leurre terminal, j’utilise des leurres souples de 3 à 5 pouces de type G’Bump Gunky, Pulse Shad Berkely, One up shad Sawamura, Magic Slim shad Illex, sur tête plombée de 5 à 20 g suivant les profondeurs. Les leurres souples me servent pour des pêches lentes à gratter. Je les utilise lorsque je connais la zone et que je sais que les poissons sont présents. Pour les pêches à « insister », le long d’un quai, de structures immergées ou pour les pêches de prospection ainsi que sur des poissons en chasse, j’utilise de préférence des jigs métalliques (Fast Cast Sébile…) ou encore des lames (Kaiju Blade Gunki, Runner Blade Illex, Soukouss Sakura…). On peut les utiliser en linéaire avec des pauses. Pour cela, on fait quatre ou cinq tours de manivelle suivis d’une pause, et ainsi de suite. On peut aussi les utiliser en traction. On décolle le jig ou la lame, et on reprend le fond. Ou encore juste en laissant le jig sur le fond et en l’animant très légèrement. Suivant comment chassent ou se nourrissent les perches, une de ces trois animations devrait marcher !
Pour les leurres durs, j’utilise des crankbaits de 5 à 8 cm (Diving Cherry Illex, Luckycraft CB200…) en ramenant en linéaire, sans pause. Les perches aiment le crank ramené de manière régulière au printemps. Il permet aussi de prospecter vite, en variant les profondeurs de pêche suivant le modèle utilisé : grande bavette pour le fond, petite bavette pour l’entre-deux eaux et la sub-surface… J’utiliserais aussi des stickbaits sur les bordures, lorsque l’eau se réchauffe et que l’on peut observer des poissons blancs dans la couche d’eau supérieure. Bien sûr, lorsque l’on voit des chasses, l’utilisation des leurres de surface prend tout son sens. Pêcher avec un teaser décuple les chances de faire des poissons. En effet, certaines journées, vous remarquerez que les perches sont focalisées sur de petites proies et ne prendront que le teaser, jamais l’autre leurre. D’autres fois, c’est une petite qui prend la lame par agressivité, et la grosse qui s’était déplacée prend le teaser plutôt que de rentrer sans rien. Il y a plein d’exemples semblables, que vous vivrez, j’en suis sûr, au bord de l’eau. Mais ce qui est certain, c’est que les journées d’euphorie, vous pourrez les faire deux par deux, avec pourquoi pas la chance de voir apparaître deux perches de 40+ ! Alors laissez-vous tenter…