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Comment choisir sa canne à pêche pour le brochet

Une canne à pêche, c’est un peu comme une paire de chaussures… jouer au tennis avec des bottines de ville en cuir c’est possible, mais ce n’est pas l’idéal! Eh bien, avec une canne à pêche, c’est la même chose! Si on peut utiliser une même et unique canne pour presque toutes les techniques, ce n’est pas optimal.

Au-delà d’être beau et puissant, le brochet est un poisson passionnant en ce sens que l’on peut avoir recours à un très grand nombre de méthodes pour le pêcher. En multipliant les approches techniques et donc les catégories de leurres employés, les pêcheurs de brochet sont souvent confrontés aux choix difficiles des cannes à utiliser. On comprend aisément qu’il est délicat de trouver une canne polyvalente qui permettra de pêcher aussi bien avec un swimbait de 150 g qu’avec un spinnerbait de 10 g… En adaptant les bonnes cannes aux bonnes techniques, on gagne dans tous les compartiments du jeu : confort de pêche, précision, qualité d’animation, ferrage et donc efficacité. Sans avoir besoin de 25 cannes, il est quand même intéressant d’en posséder plusieurs qui permettront d’exploiter au mieux les leurres correspondant à la technique utilisée. De même, certaines cannes sont capables de polyvalence, et certaines techniques sont plus « tolérantes ».

Pour rechercher les gros brochets, les cannes puissantes sont de plus en plus utilisées
Crédit photo : Arnaud Brière

Les bons critères à retenir

Voici donc un petit tour de table sur les caractéristiques des cannes à relier aux grandes familles de leurres. C’est ma vision des choses, et chaque pêcheur saura/devra adapter ce catalogue à sa façon de pêcher, aux leurres qu’il utilise et à sa morphologie. Ainsi, par exemple, un pêcheur de 2 m pourra allonger sa canne à jerk de 10 cm, là où un petit gabarit devra sans doute préférer une canne plus courte. Il en est de même lorsque l’on distingue pêche du bord et pêche en bateau. L’embarcation tolère toujours mieux des cannes un peu plus courtes. Avant toute chose, rappelons que les caractéristiques d’une canne sont définies par plusieurs critères, qui ne sont pas toujours standards d’un fabricant à l’autre. La longueur tout d’abord, son action ensuite et sa puissance enfin. Snobisme et anglicisme obligent, beaucoup de cannes ont des longueurs exprimées en pieds, ce qui vous oblige à multiplier par trente la valeur donnée pour obtenir une mesure en centimètres… ainsi, une canne de 6 pieds mesure 1,80 m environ (exactement 1 pied = 30,48 cm). De même, 1 pouce équivaut à 2,54 cm et on compte donc 12 pouces dans 1 pied. Une canne de 2,10 m fait donc 6 pieds 11 pouces… Je ne suis pas sûr de vous avoir aidé sur ce coup-là, nous nous exprimerons en centimètres dans cet article ! Enfin, deux autres caractéristiques sont souvent confondues, la puissance et l’action. Cette dernière correspond à la nervosité de la canne, à sa réactivité et à sa rapidité, en gros à sa rigidité. On peut dire d’un blank qu’il est « rapide », « modéré » ou « lent ». Une canne rapide (dite « fast ») sera très rigide et possédera une action de pointe marquée. Une canne «  moderate  » sera semi-parabolique, alors qu’une canne slow sera parabolique (c’est-à-dire travaillera sur toute sa longueur). Toutes ces actions peuvent être tempérées (extra fast : très rapide, ou medium fast : moyennement rapide, par exemple). La puissance, quant à elle, correspond au poids idéal du leurre utilisé adapté à la canne. Ainsi, une puissance annoncée de 10/42 g indique que la plage d’utilisation optimale correspond à des leurres compris entre 10 et 42 g. Si tout cela peut varier d’un fabricant à l’autre, on peut quand même s’accorder à dire que le tableau ci-dessous présente une moyenne. Pour résumer, une canne XH peut être medium fast, là où une canne L peut être extra fast. Une 8,6 XXH Medium fast est une canne de 2,60 m, pouvant lancer idéalement des leurres compris entre 40 et 130 g et d’action pas trop rapide, c’est-à-dire semi-parabolique… Rentrons maintenant dans le vif du sujet et essayons de déterminer quelle canne correspond le mieux à quelle technique.

Sigle Traduction Puissance
UL Ultra Light 1-5 g
L Light 2-7 g
ML Medium Light 5-15 g
M Medium 7-20 g
MH Medium Heavy 10-30 g
H Heavy 20-50 g
XH Extra Heavy 20-80 g
XXH Extra Extra Heavy 40-130 g

En bateau, on s’accommode toujours d’une canne un peu plus courte
Crédit photo : Arnaud Brière

La question des leurres souples

Les cannes à leurres souples

Les leurres souples représentent aujourd’hui un univers à eux seuls et peuvent mesurer de 2 à 30 cm, pour des poids compris entre quelques grammes et plus de 100 g. Nous distinguerons ici la pêche en linéaire du cranking shad. Pour cette première, où l’on utilise beaucoup de shads de tailles intermédiaires (disons de 12 à 15 cm), il faut pouvoir contrôler son leurre facilement à la descente. De même, il faut que votre blank ait une bonne résonance afin de sentir la moindre touche même lorsqu’il descend et que vous n’êtes pas en contact « tendu » avec lui. Lors des pêches de « tombant », il est bon de pouvoir « tenir » son leurre le long du cassant, et il est pratique d’avoir un peu de longueur afin d’augmenter le contrôle. Les longueurs aux alentours de 2,20 m sont parfaitement adaptées à cet exercice. Je pense notamment aux lacs alpins. Une action rapide vous donnera la réactivité et la résonance nécessaires. La puissance sera adaptée à la taille des leurres souples utilisée et au grammage des têtes plombées. Personnellement, j’utilise des 20-80 dans les grands milieux, et j’ai tendance à repasser sur des H dans les milieux plus modestes ou lorsque les poissons sont tatillons.

Pour le leurre souple, la canne doit avoir une bonne résonance
Crédit photo : Arnaud Brière

Les cannes à swimbait

La plupart des swims rentrent dans la catégorie des bigbaits et pèsent lourd. Il est vite fastidieux et éreintant de lancer pendant des heures un leurre de plus de 100 g. Pour pallier cet inconvénient, une grande longueur vous facilitera beaucoup la tâche. Le bras de levier d’une canne relativement longue favorisera les lancers et les ferrages tout en restant confortable. Comme un swimbait ne s’anime pas à la canne mais au moulinet (récupération continue, avec éventuellement des changements de rythmes ou des pauses), cela ne pose pas de problème. Une canne d’une longueur comprise entre 2,40 et 2,60 m est parfaite pour cet exercice. Une action medium fast sera également parfaite. Personnellement, j’ai adopté des cannes de 2,40 m qui apportent la longueur nécessaire à une bonne pratique et restent raisonnables en matière d’encombrement. La puissance est bien sûr à adapter en fonction des leurres utilisés. Les modèles XXH sont les plus polyvalents. Cette tendance s’inscrit clairement dans le marché actuel, où l’on voit de plus en plus de cannes répondre à cette demande. Les cannes à swimbait sont également parfaites pour mettre en œuvre des gros shads ramenés en cranking (montage screw-rig par exemple).

Une canne d’action de pointe comme ce modèle permet de réaliser des combats plus rapides.
Crédit photo : Arnaud Brière

Pas trop court pour le jerk

Les cannes à jerk

Les jerks sont des leurres emblématiques de la pêche au brochet. Pourtant, à mon sens, peu de modèles sont adaptés sur le marché : talons trop longs, blanks trop courts et rigidité excessive. Les cannes à jerk sont très exigeantes en technique. L’animation se fait latéralement ou de haut en bas, canne basse. Première chose, le blank, ou du moins la pointe du blank, ne doit pas être trop raide afin de ne pas « rebondir » sur le leurre lors de l’animation. Il faut donc un premier tiers relativement souple afin « d’assouplir » l’animation. En d’autres termes, c’est le blank, en revenant à sa position initiale, qui doit faire changer le leurre de direction. Ensuite, contrairement au swimbait qui est attaqué très souvent par-derrière et qui est engamé par la queue, un jerk est très souvent pris par le côté. Il est impératif « d’envoyer » des ferrages très puissants pour être efficace. Il faut alors une grande réserve de puissance dans les deux tiers inférieurs de la canne pour ferrer efficacement. Une bonne section dans le départ du blank et un peu de longueur vous aideront dans cet exercice. Enfin, les jerks sont rarement des leurres très lourds. La plupart d’entre eux pèsent entre 50 et 100 g et ne justifient pas un grand talon pour le lancer. Les grands talons ne sont pas confortables pour une canne qui doit être animée en permanence. À mon sens, ils sont même plutôt gênants. J’oriente donc mon choix sur des cannes de 2 à 2,05 m, d’action medium fast avec une grosse réserve de puissance. Cette longueur peut bien sûr être adaptée à votre gabarit. Si vous ratez trop de ferrages, il y a de fortes chances que la longueur ne soit pas ajustée à votre taille (et qu’elle soit trop petite).

Une canne d’action de pointe comme ce modèle permet de réaliser des combats plus rapides.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les leurres métalliques

Je mets dans cette catégorie deux poids lourds de la pêche du brochet, le spinnerbait et le chatterbait. Dans les deux cas, nous avons affaire à des leurres qui « tirent » fort et émettent de grosses vibrations. Pour gagner en confort, j’utilise une canne relativement souple afin de ne pas trop ressentir les vibrations. Tous les deux sont munis d’hameçons simples et imposent un ferrage ample et puissant. J’ai donc tendance à prendre une canne plutôt trop puissante que pas assez… Mon choix s’oriente ainsi sur une canne 10-40 g de 2,15 m d’action moderate fast. Cette longueur facilite les lancers, et la puissance autorise de bons ferrages. Dans un souci de facilité, c’est aussi la canne qui me sert pour les lipless crankbaits

Les bonnes cannes à jerk sont en somme des produits beaucoup plus techniques qu’on ne l’imagine.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les rubber jigs

En rivière comme en plan d’eau, les rubber jigs peuvent nous sortir de situations compliquées en permettant d’aller chercher les poissons au cœur des obstacles, bien souvent en bordure. Il faut alors une canne qui permette des lancers très précis, qui facilite le pitchning ou le skipping et qui permette d’extraire en force un beau poisson d’un tas de bois morts. Les cannes à bass « rubber jig » sont parfaites pour cet exercice. 2,10 m est une bonne longueur qui autorise contrôle, maniabilité et précision. Il ne faut pas que la canne soit trop rapide. Les puissances 10-35 g (MH) font référence, associées à une action moderate fast. Pour les swiming jig, c’est-à-dire le jig ramené en pleine eau, vous pouvez allonger un peu la longueur de la canne et passer à 2,20 m.

La longueur de la poignée rentre pour beaucoup dans le confort d’animation
Crédit photo : Arnaud Brière

Leurres de surface et jerkminnows

J’ai gardé et associé ces deux leurres pour la fin car ils jouent souvent dans la même catégorie de poids et de volume. Ils demandent des cannes qui peuvent les lancer loin et qui sont assez réactives pour permettre des animations courtes et sèches. Les ensembles doivent être légers afin de ne pas trop fatiguer le poignet lors d’une utilisation intensive. Personnellement, j’utilise une canne de 2,10 m, M ou MH en fonction des leurres utilisés et d’action fast. Certains préféreront une action plus modérée, mais j’aime avoir de la réactivité et de la nervosité dans la canne pour ce type de pêche.

Arnaud est clair sur le sujet, pour le brochet, c’est essentiellement du casting
Crédit photo : Arnaud Brière

Le casting s’impose

Vous trouverez sans doute bizarre que je n’aie pas abordé les distinctions casting/spinning dans ce dossier. La réponse est assez simple… Dans toutes les pêches évoquées, à destination encore une fois du brochet, je ne raisonne que casting. Que ce soit pour le bigbait ou pour le cranking, le casting n’apporte que des avantages, puissance et confort en tête. Ce ne serait pas le cas si nous avions parlé de sandres ou de perches qui induisent souvent l’utilisation de grammages bien plus légers. Seule exception sans doute, les jerkminnows ou les leurres de surface que certains préféreront manier avec des cannes spinning. Bien qu’ils ne représentent pas la catégorie reine des leurres à brochet, les crankbaits à bavette sont parfois utilisés, par amour, par habitude ou pour prospecter. La théorie impose souvent des cannes en fibre et du Nylon pour absorber les vibrations et laisser le temps au poisson de se retourner. Ceci est surtout vrai avec le black-bass, qui saute beaucoup et se décroche à l’avenant. Pour le brochet, j’utilise de la tresse afin de ferrer fort (comme bien souvent). J’aime les cannes un peu plus longues, dont la taille est comprise entre 2,20 et 2,30 m, et d’action « moderate ». La tendance actuelle du marché est au rallongement des cannes. Il y a encore peu de temps, les cannes casting de plus de 2,20 m ne couraient pas les rues, et seuls quelques rares spécialistes les utilisaient. Avec la généralisation des gros leurres et la recherche spécifique des spécimens, ce marché se développe, et vous trouverez aujourd’hui toutes les longueurs de canne nécessaires à une bonne pratique.

Les nouvelles techniques ont permis l’émergence de nouvelles cannes hyper-performantes
Crédit photo : Arnaud Brière

Tout le monde n’a pas l’envie ni les moyens de multiplier les ensembles à brochet. Si la spécialisation technique impose quelques investissements, il est heureusement possible de faire des compromis qui optimisent l’utilisation de tel ou tel leurre. Avec trois ensembles, il est possible de faire beaucoup de choses : Une canne à spinner pourra aussi vous servir à ramener en linéaire un shad entre deux eaux, tout comme votre canne MH vous permettra de propulser correctement un jig dans les branches. À vous de voir où vont vos préférences en matière de technique et ce qu’impose le milieu. Chacun doit pouvoir trouver chaussure à son pied !

 

 

 

 

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