Les berges boisées n’offrent que peu d’accès pour pêcher du bord. Les plus téméraires peuvent s’aventurer à tâtons, en wading, depuis la berge d’en face si la profondeur le permet mais ces options sont limitées et même impossibles sur les plus grands milieux. C’est donc depuis une embarcation qu’en général il vaut mieux aborder ces berges encombrées. Les plus légères (float-tube, kayak) assurent une approche discrète et permettent de s’aventurer sur les zones peu profondes, le bateau convenant mieux aux grands milieux si une mise à l’eau est accessible. En pêchant depuis l’eau, face à la bordure, on n’est pas du tout contraint pour lancer et on peut bien ajuster son positionnement ainsi que l’angle de tir pour pêcher chaque ouverture dans les obstacles avec application.
Le matériel
Il n’est pas nécessaire d’utiliser de gros leurres quand on les dépose au plus près des poissons, bien au contraire. Les montages lourds et imposants sont déconseillés pour des raisons évidentes de discrétion. On privilégie plutôt des leurres de 10 à 15 cm munis d’une plombée permettant une descente planante et d’un armement adapté pour pénétrer au plus creux des obstacles naturellement et sans accroc. Cependant, on doit pouvoir ferrer, combattre et parfois extraire en force les poissons des embâcles. Il est donc important d’utiliser un ensemble puissant. Ce peut être un ensemble spinning mais le casting permet tout de même de réaliser des lancers plus précis, plus discrets et assure un contact permanent avec la bannière. Choisissez une canne de 2,10m, avec une plage de puissance plus importante que nécessaire (20 à 24 g) pour bénéficier d’une réserve importante et d’un bras de levier lors des combats. Une action rapide est idéale avec une pointe suffisamment souple pour propulser aisément un montage qui n’excédera que très rarement 30 g. Équipez cet ensemble d’une tresse en quatre brins de fort diamètre (26 à 30/100), toujours plus résistante à l’abrasion qu’une huit brins et donc bien mieux adaptée pour pêcher ces zones encombrées. Terminez le montage par un bas de ligne court en fluorocarbone (90 à 100/100) avant d’y relier une agrafe par un nœud champignon.
Rester à distance
Pour entamer une bonne prospection, mieux vaut s’installer d’abord à bonne distance pour explorer en toute discrétion la zone située devant les obstacles. On peut ainsi intercepter un éventuel poisson en maraude ou posté juste en sortie et qu’il ne faudrait pas effrayer en s’approchant trop vite. On réalise un premier passage avec des leurres souples sur tête plombée, classique ou à palette. On laisse couler à la verticale en contrôlant simplement la descente en fonction de l’encombrement du spot avant d’entamer une récupération linéaire. De cette manière, on peut jauger la profondeur et la complexité des structures immergées avant de s’en approcher. On réalise ensuite un second passage en pêchant les grandes ouvertures ainsi que les couloirs repérés mais en peignant la couche d’eau supérieure tout d’abord, au spinnerbait ou au chatterbait. Les nages très agressives de ce type de leurres ont en effet le don de pousser les brochets à s’énerver et à jaillir. Prenez le temps de longer chaque branche et de prospecter autour de chaque abri potentiel… sans jamais y pénétrer pour ne pas accrocher. Vous risqueriez en effet de faire fuir tous les poissons de la zone par la même occasion.
En plein coeur
Pour finir, on s’approche une dernière fois en conservant une distance de 3 à 4m pour la discrétion et le confort de lancer. On pêche désormais la base de ces obstacles en profitant de la moindre ouverture sous les frondaisons, entre les bois morts et la végétation pour les atteindre. Pour aller au plus creux, on utilise des rubber jigs de 10 à 15g sur lesquels on ajoute un leurre souple ayant une bonne portance et qui nage à la descente comme un shad, un grub ou une écrevisse. Le montage doit en effet planer pour laisser le temps au brochet de le cibler à la descente. La faible distance permet de réaliser des lancers courts et précis tout en maintenant une certaine verticalité dans la bannière permettant de limiter les risques d’accroc. L’application est primordiale. On commence par explorer les premières ouvertures en déposant son leurre au milieu des branches par un lancer pendulaire, discret et précis (pitching). On laisse ensuite le leurre descendre naturellement, tout en conservant le contrôle de la bannière. Quand il est parvenu sur le fond, on l’anime une à deux fois sur place puis on entame une récupération linéaire lente pour extirper le leurre des branches sans accroc. Quand on sent que le leurre vient de passer au-dessus d’un bois mort ou de tout autre obstacle, on peut le laisser redescendre à nouveau avant de reprendre sa récupération.
Quand les obstacles sont vraiment très denses et surplombés de frondaisons, il faut maîtriser le lancer en ricochets (skipping) pour propulser le leurre au fond des embâcles. Ce geste demande un peu de pratique mais peut permettre d’atteindre des postes habités et que pourtant, par manque de confiance, beaucoup de pêcheurs n’osent pas tester.
La touche
Quand vient la touche, la finesse laisse place à la force. Il faut rester vigilant car elle peut survenir à n’importe quel moment. Souvent brutale, elle peut aussi être assez subtile et au moindre doute ou léger décalage observé dans la bannière, il faut envoyer un ferrage appuyé, frein serré, et soulever en force et le plus vite possible la prise avant de la tracter pour l’extraire des obstacles. Un grand moment d’adrénaline qui se concrétise bien souvent par une jolie surprise !
Les polarisantes
Indispensables pour ce type de pêche, les lunettes polarisantes permettent de mieux visualiser les structures immergées ainsi que le leurre y évoluant en plein cœur et par conséquent d’éviter bien des accrocs. Quand on évolue au plus près, il n’est pas rare de voir le poisson jaillir avant de ressentir la touche. Attention donc à ne surtout pas précipiter le ferrage.