Commençons par évoquer succinctement ce qu’est un hard swimbait. Les hard swimbaits sont des leurres durs, en deux ou plusieurs segments, qui sont souvent floating (flottant) ou slow sinking (coulant lentement) et qui ont la particularité de se ramener doucement, en linéaire, entrecoupé de quelques pauses, pour la majeure partie d’entre eux. Compris dans des tailles allant de 15 à 30 cm, ce sont plutôt des leurres destinés à la capture de jolis brochets. Évidemment, cela n’empêche pas d’attraper des poissons de 60 cm avec de gros hard swimbaits, mais disons que ce ne sont pas ceux-là qui sont visés. Pour les plus connus, nous pouvons parler des BBZ 6 et 8 pouces (Spro), Gantia 180 (Illex), Itoka 150 et 200 (Gunki), Balam 245 et 300 (Madness), S’trout 16 et 23 cm (Biwaa), Swimpike (Biwaa), ou encore le Dowz Swimmer 180 et 220 (Illex).
Les secteurs peu profonds
Pour ma part, j’aime utiliser les hard swimbaits au printemps. Les poissons se tiennent souvent à cette période de l’année sur les zones avec 30 à 50 cm d’eau, dans les fonds de baie très peu profonde. Entre 50 cm et 2 m d’eau, profondeur où les herbiers commencent à pousser comme les entrées de baie, la pêche est efficace. Difficile sur ces types de spots de faire passer proprement un leurre sans accrocher des herbes à tous les lancers. On pourrait pêcher au leurre souple en texan, me direz-vous. Oui, mais si c’est pour tout rater alors que l’on peut pêcher proprement au swim en s’appliquant, je passe mon tour. Certains pensent aussi au spinnerbait. Seulement, de mon expérience et sur mes spots de pêche, ça n’est pas le leurre le plus « rentable » en matière de prise de brochets en début de saison. Et pourquoi pas les leurres souples ? Ils ramènent beaucoup d’herbes si on n’est pas concentré et si on ne fait pas attention à sa « tenue de ligne ». Et comme j’aime bien pêcher, ou faire pêcher efficace, au printemps, sur les zones shallow, ça sera un hard swimbait sinon rien !
En eaux claires
Les hard swimbaits sont particulièrement efficaces dans les eaux claires à très claires. Souvent de grande taille, ces leurres ont une silhouette qui se démarque et se repère de loin par les brochets. De plus, leur nage fluide et « naturelle » ressemble à s’y méprendre à la nage d’un « vrai » poisson, ce qui met en confiance le pêcheur et trompe les brochets… Parfait me direz-vous. Au-delà de pêcher les zones shallow, qui sont les zones qui correspondent le mieux aux pêches au hard swimbait, certaines conditions climatiques associées aux différents hard swimbaits permettent de réaliser de vrais cartons : zones très shallow (30 à 50 cm d’eau) et temps calme. En fonction des dates d’ouverture du brochet, le laps de temps pour pêcher sur ce type de zone est très court puisque dès que l’herbe sera trop haute ou que l’eau se réchauffera, les brochets quitteront la zone. Mais ce spot et ce type de conditions sont les meilleurs pour la pêche au hard swim. L’eau très claire permet de voir son leurre de loin et les attaques de brochets. Elle permet aussi de pêcher au plus juste, de faire évoluer son leurre à la bonne hauteur et de réaliser les pauses précisément autour des herbiers ou petits arbres sortant de l’eau. À ce petit jeu de pêche précise dans peu d’eau, il ne faudra pas pêcher trop gros ni trop lourd sous peine de faire fuir les brochets. Privilégiez alors les hard swimbaits d’une quinzaine de centimètres, type Gantia 180 ou BBZ 6 pouces. Et si l’eau est encore froide, pensez à bien pêcher lentement, très lentement. Vous verrez, les brochets ne résisteront pas !
Par temps calme
Zone shallow (50 cm à 2 m d’eau) et temps calme : lorsque l’eau commence à se réchauffer, lorsque le soleil est au zénith ou simplement lorsque les herbiers ne permettent plus de pêcher dans 50 cm d’eau, les brochets se décalent et rejoignent des zones un peu plus profondes. Ce sont ces zones shallow que l’on va le plus pêcher au printemps. On les rencontre dans tout type de biotope : lacs, rivières, étangs, canaux. Ces zones shallow sont riches en vie. On rencontre des herbiers comme les potamots, les nénuphars, des saules immergés, etc. Tout cela crée des écosystèmes riches, dans lesquels on retrouve aussi beaucoup de poissons blancs. Il y a le gîte et le couvert, et nul doute qu’un hard swimbait savamment ramené au milieu de l’eau claire de cet écosystème saura séduire un brochet. Dans ces profondeurs, on peut utiliser de gros leurres : Dowz swimmer Illex 220, BBZ 8 pouces auront mes préférences. Souvent floating ou slow sinking, ils sont parfaitement adaptés pour pêcher ces zones shallow. Et si les herbiers se font moins présents, ou plus profonds, alors il suffit de rajouter un petit plomb poire en tête du leurre pour le faire pêcher plus creux et donc à la bonne profondeur. Ce petit détail peut faire toute la différence, notez-le ! Ainsi, ramené lentement autour des arbres immergés ou des potamots naissants et en s’adaptant à la profondeur, le temps de nage de votre hard swimbait avant d’être intercepté par un brochet sera de courte durée.
Les journées couvertes et pluvieuses
Zone shallow et journée « tempétueuse »: il est possible qu’au printemps, il y ait des journées couvertes, pluvieuses ou encore très venteuses. Ces conditions sont optimums pour pêcher les plateaux herbeux ou les cassures de ces derniers au hard swimbait. Seulement, il faut oublier tout ce que l’on vient d’expliquer pour les temps calmes, et sortir les gros hard swimbaits! Ici, place au Balam 245 ou 300 ou encore au S’trout 23 cm. Les brochets sont souvent excités dans ces conditions et plutôt très actifs. Pas besoin de pêcher lentement alors. Il va falloir des leurres qui se démarquent, qui bougent de l’eau et qui se ramènent vite. C’est l’opposé de ce que l’on pense de la pêche au swimbait, mais ça marche et plutôt très bien, croyez-moi. Certains de mes pêcheurs que j’ai pu guider dans ces conditions s’en souviennent encore! Le hard swimbait est vraiment un leurre à posséder dans sa boîte pour le printemps. Il correspond bien aux pêches de zones shallow et permet des présentations qu’aucun autre leurre ne permet au printemps: nage fluide, naturelle et tout cela dans les zones les moins profondes de nos biotopes. Celles où se trouvent les brochets au printemps. Nul doute qu’il équipera cette année encore ma canne ou celle de mes pêcheurs pour l’ouverture.