La jeune génération des grandes villes et même des plus petites a suivi ce mouvement en France et partout en Europe pour créer une vraie culture streetfishing. Tom Bontempelli fait partie de cette génération de pêcheurs qui a pratiqué le streetfishing dès la première heure et qui a contribué à son développement et sa promotion. Compétiteur en streetfishing avec neuf podiums au championnat de France et cinq titres de champion de France, il a vu cette discipline se développer et évoluer chez les plus jeunes.
Une nouvelle culture pêche
Ce nouvel élan dans le monde de la pêche a attiré énormément de jeunes pêcheurs vers un loisir au contact de la nature, même si cela se déroule en pleine ville ; c’est une façon de s’évader mais aussi de prouver que les cours d’eau urbains possèdent un fort potentiel. Depuis le Moyen Âge, toutes les grandes agglomérations se sont construites autour d’un cours d’eau qui était à l’époque un axe privilégié pour le commerce. De nos jours, les villes ont considérablement grandi et ont délaissé ces milieux aquatiques qui ont fait toute leur grandeur jadis. Concentrant une très grande partie de la population nationale, ces grands complexes urbains abritent bien évidemment beaucoup de jeunes gens qui ont découvert un nouveau loisir pas cher et à deux pas de chez eux. Peu de matériel et une proximité immédiate, voilà ce qui a fait le succès du streetfishing chez la jeune génération. À dix ou quinze ans, vous avez peu de moyens mais beaucoup de temps pour aller à la pêche, un loisir idéal afin de se passionner pour la pêche et le milieu aquatique.
Qualité de l’eau en nette amélioration
Tom a connu cette époque, comme tous les pêcheurs qui ont commencé assez tôt et, quelques décennies d’expérience plus tard, ce professeur des collèges en SVT dans le Val de Marne voit toujours cette flamme dans les yeux des jeunes pêcheurs. Depuis ses débuts, Tom a vu également une évolution du milieu aquatique avec une amélioration de la qualité du milieu en ville, sûrement due à la politique de traitement systématique des eaux usées en station d’épuration et la diminution des rejets directs dans les cours d’eau. Lorsque l’on pratique la rivière régulièrement, c’est toujours réjouissant de voir son évolution positive, c’est l’avenir de ce loisir et de cet art de vivre. Parfois, les décors de streetfishing ne sont pas très inspirants ou ne font pas partie de l’image qu’on se fait de la pêche, mais le poisson est bien présent, même si le paysage bétonné règne en maître. C’est la nouvelle dimension et le nouveau challenge de ce mouvement, prendre des poissons très corrects là où la plupart des personnes pensent que la rivière est vide et que rien n’y vit. C’est une façon de remettre l’homme dans son environnement et lui rappeler que la vie est partout là où il y a de l’eau et qu’il faut en prendre soin. Un message d’autant plus important pour la jeune génération qui aura compris l’importance de ces milieux aquatiques.
Pas moins de poissons
Tom pratique la pêche à Paris principalement, il connaît bien son territoire mais a bien sûr sillonné les quais et les pavés d’autres berges dans bon nombre de villes en France. Les poissons recherchés sont sensiblement les mêmes dans toutes les villes avec, en première place, la perche, vient ensuite le chevesne puis le sandre, les trois espèces les plus recherchées. Bien sûr, le brochet et le silure sont également ciblés mais par moins de pêcheurs, ou certains plus spécialisés. Depuis quelques années, la recherche du chevesne a du succès grâce au développement de ses populations et sa pêche qui peut s’avérer peu évidente parfois. Il est souvent appelé le bass du pauvre, ce qui est assez péjoratif pour ce poisson qui mérite la même considération que les autres espèces bien entendu, c’est un redoutable adversaire, surtout les vieux sujets. Ce poisson oublié par beaucoup durant des années revient en force, pour le plus grand plaisir du monde de la pêche et des plus jeunes pêcheurs. La pêche est une traque, un challenge ou un défi, et chaque espèce de poisson réserve ses surprises et ses difficultés, le chevesne en fait bien sûr parti. Dans l’avenir du streetfishing, il faudra sûrement compter sur l’aspe, cette espèce qui occupe de plus en plus de terrain dans les fleuves français. Un magnifique poisson, très explosif, et qui pourrait attirer encore plus de jeunes pêcheurs au bord de l’eau, car sa pêche est souvent très visuelle en surface.
Pression de pêche
À Paris, la pression de pêche est vraiment présente sur tous les spots, beaucoup de pêcheurs arpentent les berges canne à la main, la pêche est parfois difficile. Tom observe cette tendance dans la capitale mais assure qu’il n’y a pas moins de poisson qu’avant, peut-être même plus. La pression est grande à certains moments de l’année, donc il faut trouver la pêche et souvent affiner son approche. Pour cela, l’utilisation de leurres en deux pouces, voire moins, fait parfois la différence, les leurres durs sont moins utilisés. Tom me confie qu’il y a dix ans, les leurres durs étaient très utilisés, mais lorsque la pêche s’est durcie, le leurre souple a pris une plus grande place. Tom a beaucoup de compétitions à son actif et sait qu’une ville ou une région aura un type de leurre plus efficace que d’autres en fonction de la tendance du moment à l’endroit donné. Rien ne remplace l’expérience et les milliers d’heures de pêche passées au bord des canaux et des cours d’eau urbains.
Le street et la compétition
Le streetfishing a rapidement évolué, des compétitions se sont très vite mises en place autour de 2007, les championnats de France ont lieu depuis maintenant une quinzaine d’années. Actuellement, l’organisme organisateur, la FFPS carnassier, présidée par Michel Polydor, a créé une équipe de France de streetfishing, elle se compose de six pêcheurs, quatre titulaires et deux remplaçants. Cette récente équipe de France a participé en 2022 à la première édition des championnats du monde de streetfishing qui se déroulait aux Pays-Bas, à Zwolle. Une vingtaine d’équipes engagées avec dix nations représentées, une belle représentation pour cette discipline. Tom Bontempelli, qui occupe également le poste de directeur sportif du street au sein de la FFPS (Fédération française de pêche sportive), ne cachait pas sa déception après la sixième place de l’équipe de France sur cette compétition. Une première place pour les Pays-Bas qui jouait à domicile, difficile de rivaliser parfois, sur leur territoire et sur une pêche qui s’avère souvent très pointue. Les Pays-Bas et la Belgique sont particulièrement actifs dans la pratique du streetfishing. La saison des compétitions débute en juin jusqu’à l’automne et permet à ces pêcheurs de l’équipe nationale de pouvoir pêcher dans différents pays européens, des expériences riches en enseignements. Le streetfishing, cette pêche du bord en milieu urbain, attire beaucoup de jeunes pêcheurs, ce qui en fait une pratique qu’il faut soutenir et encourager à juste titre. Tom fait partie de la première génération de streetfishers, qui a vu grandir cette discipline avec ses codes, son ambiance et son bon esprit au sein des grandes villes. Il est important que cette discipline se structure et permette aux plus jeunes de découvrir la pêche dans les grandes agglomérations soutenues par la FFPS carnassier.
Fédération française des pêches sportives commission nationale carnassier
3861 route du Village, Poudequouau, 31800 Saux-et-Pomarède
Tél. : 06 30 53 14 20 - Site : www.ffps-carnassier.fr