Avant l'hiver, pêchez l'aspe avec des leurres volumineux

L'été a duré presque quatre mois et l’automne a timidement pointé le bout de son nez à la fin octobre. Il a fallu attendre novembre pour que la période d’étiage prenne fin avec le retour des pluies entraînant la montée des eaux et la baisse des températures de l’eau. A l'approche de Noël, le poisson fourrage est tout juste rassemblé selon les régions et les carnassiers se gavent avant l’arrivée du froid et des crues.

Comportement

Les aspes sont plutôt connus pour s’alimenter de proies modestes, on les repère facilement à la belle saison quand ils chassent dans les bancs d’alevins ou poursuivent inlassablement les ablettes, leur proie de prédilection. Cela est certainement dû au fait qu’il appartient à la grande famille des cyprinidés et que sa bouche, dépourvue de dents maxillaires, n’est pas aussi grosse que la plupart des carnassiers. Il est donc obligé d’engloutir sa proie d’une traite. Quand vient l’automne, il est essentiellement carnassier et cherche à faire des réserves, n’hésitant pas à se jeter sur des proies beaucoup plus grosses que d’habitude, même s’il doit s’y reprendre à plusieurs fois pour assommer puis engloutir sa cible. Les grosses ablettes et gardons, mais aussi les petites perches et brèmes sont au menu.

Les leurres

Pour sélectionner les bons leurres, il faut conserver les caractéristiques habituelles d’un bon modèle à aspe. Ils doivent être denses et idéalement coulants pour être propulsés à bonne distance et nager à vitesse soutenue. Préférez des leurres aux nages erratiques qui simulent parfaitement la fuite, vous pouvez varier la palette de coloris et ajouter des modèles flashy aux habituels coloris naturels, mais aussi choisir des modèles à billes à votre sélection de leurres silencieux, des critères intéressants en eaux froides et/ou teintées pour vous faire repérer de loin tout en provoquant l’agressivité. Les leurres de dix à quinze centimètres possèdent une taille idéale, mais vous pouvez ajouter quelques modèles atteignant vingt centimètres. Les stickbaits et jerkbaits minnow demeurent des valeurs sûres tandis que les cuillères ondulantes remplacent parfaitement les casting jig, bien trop lourds quand on monte en taille. N’hésitez pas à faire un tour dans vos boîtes à brochets pour y sélectionner quelques swimbaits articulés, des glidebaits mais aussi des jerkbaits et n’oubliez pas de terminer votre sélection avec un ou deux poppers de type exo et munis d’une bouche volumineuse.

Le matériel

J’opte pour des cannes spinning à l’action rapide (fast) et longues (2,20 à 2,50 m) pour propulser et animer efficacement à longue distance. La puissance comprise entre 10 et 35 g convient pour utiliser les leurres effilés et de poids raisonnable comme les stickbaits, les jerkbaits minnow et les cuillers ondulantes. Une canne acceptant jusqu’à 50 g sera plus adaptée pour utiliser les autres leurres. Le moulinet doit avoir un ratio élevé pour imprimer une vitesse de récupération soutenue et conserver le contrôle de la bannière lors des animations. Il est garni de tresse huit brins en 0,16 ou 0,18 mm, terminé par un bas de ligne en fluorocarbone de 0,40 mm et une agrafe robuste.

Cherchez les petits

Avant le grand froid et les crues, la plupart des poissons évoluent encore dans les couches d’eau supérieures et les bordures. C’est dans les amortis proches du courant principal que l’on retrouve les premiers rassemblements de fourrage et que les aspes viennent chasser. Le coup du matin demeure le meilleur moment de la journée même si l’activité peut se poursuivre plus tard dans la journée s’il y a de la brume ou que le temps est couvert voire pluvieux.

La farandole de leurres

Débutez par les leurres de 10 cm silencieux. Vous pourrez faire du raffut avec les plus gros modèles bruiteurs si la première étape ne donne rien. Stickbaits, jerkbaits minnow et cuillères ondulantes sont récupérés de l’amont vers l’aval ou en trois quarts amont. Prospectez la surface avant de descendre dans la couche d’eau. Alternez récupérations appliquées et animations vives ponctuées de coups de scions pour faire décrocher vos leurres de temps à autre afin de vous faire repérer et de déclencher l’agressivité des aspes. Montez ensuite en taille de leurre. Terminez par les poppers de grande taille. Les animations courtes imitent à la perfection les chasses de perches qui sont également la proie de l’aspe à cette période de l’année. Vous pouvez ensuite alterner avec de grandes tirées entrecoupées de pauses pour réaliser des pops puissants imitant les chasses d’aspes. C’est en observant les gros aspes chasser des proies de plus de vingt centimètres que l’idée de monter en taille s’est imposée. C’est une stratégie à tester car, comme pour le brochet, les gros leurres permettent de sélectionner les gros poissons mais n’empêche pas de toucher les spécimens de taille modeste. Vous serez surpris de voir que les aspes n’ont vraiment peur de rien et que ces poissons réputés farouches à la belle saison sont beaucoup moins méfiants quand l’hiver approche.