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Black-bass, la star de l'été

Rusé, curieux, acrobatique, le black-bass est un prédateur qui, sous nos contrées, se prête merveilleusement aux pêches sportives, d’autant que c’est à vue qu’il offre le meilleur de lui-même. Prêts pour une partie de cache-cache ?

Longtemps cantonné à une pêche de spécialistes, dans les régions du Sud-Ouest et du Sud notamment, la répartition du black-bass à grande bouche (Micropterus salmoides, originaire d’Amérique du Nord) s’est élargie durant la dernière décennie. Cette espèce se rencontre, aujourd’hui, au nord de la Loire, même en Bretagne où elle s’est acclimatée avec succès. C’est dire qu’elle s’accommode fort bien du réchauffement climatique !

Les zones chargées en végétaux sont souvent le refuge des beaux blacks.
Crédit photo : David Gauduchon

Ce Centrarchidae a colonisé progressivement de nombreux lacs, étangs et petites rivières pour la plus grande joie des pêcheurs aux leurres séduits par ses qualités sportives, son caractère pugnace, madré et méfiant propre à mettre à rude épreuve les nerfs des pauvres pêcheurs en mal de sensations. Sous nos latitudes encore tempérées, il est tout à fait possible de réussir de belles pêches de bass au cœur même de l’été, même si la période automnale est synonyme de frénésie comme pour beaucoup de nos carnassiers. À l’ouverture, la période devançant la fraie (pré-spawn pour rendre hommage à son pays de naissance, les États-Unis), est aussi très bonne. En juin, il convient de laisser les bass tranquilles, les mâles qui gardent le nid voient rouge, se montrant particulièrement vulnérables. Arrivent l’été et le temps des vacances, celui des migrations de « homo sapiens ». Après quelques âpres négociations et de larges concessions avec votre conjointe, vous avez réussi à glisser dans le coffre de la voiture vos cannes et boîtes à leurres. Bien vous en a pris. Le black-bass, comme madame, aime profiter du soleil, même si vous avez peu de chance de les croiser sur les mêmes spots… Optez pour la paix des ménages !

Les approches les plus discrètes sont souvent les meilleures.
Crédit photo : David Gauduchon

Approche discrète

Le black-bass aime se dissimuler, profitant de la végétation rivulaire et aquatique qui fixe la nourriture. Côté menu, il joue la carte de l’opportunisme en cette période estivale. En ouvrant sa grande bouche à bon escient, il aspire libellule, grenouille, insectes terrestres, poisson fourrage, petits rongeurs, oisillons pour les plus gros spécimens. Tout fait ventre chez ce prédateur qui n’en perd pas pour autant sa méfiance, a fortiori si une certaine pression de pêche sur le secteur est exercée. À vous de sortir des sentiers battus et de crapahuter, lunettes polarisantes sur le nez. Que vous opériez du bord ou en float-tube (été oblige !), c’est cette dimension « pêche à vue » qui est passionnante avec ce carnassier.

Le skipping permet de présenter son leurre sous les frondaisons
Crédit photo : David Gauduchon

En mode farniente, suspendu sous la surface, il aime se prélasser dans les herbiers ou sous une branche, souvent à proximité de la bordure. Grégaires, souvent réunis entre individus de mêmes tailles, les gros bass sont quant à eux plus solitaires sauf à la période de la fraie (les mâles sont plus petits que les femelles). La discrétion de votre approche est par conséquent primordiale, d’autant qu’il n’est pas rare qu’un individu ait élu domicile près d’une structure (touffe de végétation, bois mort, rocher) en bordure. Il y a de grande chance pour qu’il vous ait repéré en premier. « Voir sans être vu », c’est à ce petit jeu que les débutants se font souvent avoir, d’autant qu’un bass ne prend pas nécessairement la fuite. Une fois votre présence détectée, il pivote avec nonchalance pour vous faire face, les yeux dans les yeux, l’air de bien s’en foutre. Mais il est déjà trop tard.

Avec le bass, on constate que le changement d’étage peut être très rapide.
Crédit photo : David Gauduchon

De la lumière dans l’aquarium

Les étés se suivent mais ne se ressemblent pas. L’an passé, après un printemps prometteur, l’été fut pluvieux, tout du moins dans les régions les plus septentrionales. Le black-bass réagit comme un baromètre : il monte ou descend dans la couche d’eau ! Que le ciel se couvre après une belle éclaircie, par exemple, et vous le verrez progressivement disparaître de la surface. L’interrupteur est à nouveau sur « on », et le voilà qui remonte pour reprendre sa place initiale. C’est une constante comportementale qu’il vous faut prendre en compte pour maximiser vos chances de le pêcher à vue. Le bass aime se prélasser au soleil tant que l’oxygène dissous est suffisant. Que s’installe un épisode de forte chaleur, voire de canicule, il rejoindra des profondeurs plus importantes. Comme tout carnassier, il privilégiera des eaux plus oxygénées, souvent au pied de pentes, toujours près de structures. L’approche est alors bien différente quand il faut prospecter dans 2 à 5 m d’eau, les leurres spécifiques : spinnerbait en pleine eau, jerkbait, shad en texan sur tête plombée, crankbait ou créature sur montage carolina ou drop shot. Cette approche classique (en blind cast comme disent les Américains), à gratter ou en linéaire, est certes efficace mais au détriment d’une dimension ludique.

Les montages du leurre souple permettent des présentations optimisées
Crédit photo : David Gauduchon

Effets de surprise

Excepté ces périodes où le mercure voit rouge, le bass se montre actif en surface dès les premières heures du jour (jusqu’à 10 h du matin) et au crépuscule. En période estivale, le coup du soir est fameux, encore plus après un épisode orageux. Actif dans la couche d’eau supérieure, le jeu de cache-cache commence. Dans des eaux, même relativement claires, il est facile de le repérer avec sa forme trapue, son dos sombre à dominante vert olive et sa ligne latérale marquée par une bande de losanges noirs. À vous maintenant de jouer le héron : approche discrète, bon positionnement par rapport à l’individu repéré, il convient ensuite de l’observer, d’analyser son comportement. Même quand il semble plongé dans une torpeur estivale, suspendu sous la surface, immobile, l’effet de surprise est un atout. Pour le séduire, inutile de compliquer les choses, optez pour un montage réduit à sa plus simple expression : un montage texan ou de type wacky (un worm piqué en son milieu sur un hameçon simple doté d’un anti-herbe) propulsé sous la canne (le fameux pitching). C’est la précision et, encore une fois, la discrétion qui sont de mise. Si une grosse proie ne fait pas peur à un black-bass en pleine eau, dans les conditions qui nous intéressent, le leurre doit être adapté. Il convient d’opter pour un posé discret dans le champ de vision du poisson. Plus facile à dire qu’à faire, car il va falloir faire preuve d’adresse et d’une bonne appréciation de la distance afin que le leurre se pose délicatement. L’angle d’attaque est un paramètre important, car le bas de ligne ne doit pas couvrir le poisson. Si vous utilisez une imitation d’insecte terrestre, vous pouvez alors jouer sur l’effet d’un petit « ploc », comme s’il était tombé d’une branche. Si vous utilisez un worm ou une quelconque créature, amortissez sa chute au moment de l’impact. Bref, faites preuve de bon sens, car le bass, lui, n’en manquera pas.

En pleine journée, recherchez les carnassiers en eau un peu plus profonde.
Crédit photo : David Gauduchon

Laissez votre leurre s’immerger lentement, le plus naturellement possible. Dans la majorité des cas, le prédateur réagira en marquant une légère inclinaison afin de lui faire face et prendre le temps de l’observation. Les secondes qui s’écoulent paraissent une éternité. Si le bass vous semble intéressé, un frémissement des pectorales est un signe, vous pouvez animer votre leurre d’une petite secousse. Le bass avance vers lui ? Reprenez votre souffle. L’adrénaline est à son comble. L’intéressé s’arrête le nez quasi collé dessus, puis une bouche énorme s’entrouvre, et c’est l’aspiration. Un conseil, comptez une ou deux secondes avant d’envoyer le ferrage au risque de voir le poisson repartir tranquillement. Trois secondes… et c’est lui qui aura recraché votre leurre. Le bon timing est une question d’expérience, le débutant l’apprendra à ses dépens.

Le popper reste une arme géniale, notamment tôt le matin ou tard le soir
Crédit photo : David Gauduchon

« Plof, plof »

Certaines fois, les bass seront en mouvement, maraudant entre congénères. Un leurre de surface – popper, stickbait, slider durs ou souples, une imitation de grenouille si vous avez remarqué la présence de batraciens – habilement animé entre les couloirs d’herbiers ou dans une poche de nénuphars peut s’avérer redoutable, à condition de trouver le bon tempo. Pensez à varier votre vitesse de récupération, en marquant des pauses plus ou moins longues. Les attaques sont souvent spectaculaires à la reprise : un gros remous suivi d’une gerbe d’eau. Tenez-vous prêt à un combat des plus spectaculaires. Pour se dégager du leurre, le bass saute hors de l’eau et multiplie les chandelles. Tenez-vous prêt à rendre légèrement la main tout en avançant la canne, sinon le risque de décochage est important. La grande bouche prognathe du black-bass présente des points durs. Il faut aussi compter sur une canne avec une bonne réserve de puissance pour extraire, sans coup férir, un joli black-bass dans un milieu encombré. Ce dernier sait se jouer des obstacles et n’a pas son pareil pour s’enfoncer dans la couverture végétale afin de se dégager du leurre. Solide et puissant combattant, nul doute que cet adversaire saura vous en montrer de toutes les couleurs, les couleurs de l’été bien entendu !

Au cœur de l’été, la pêche à l’ombre des frondaisons, dans les bois immergés, le long de berges encaissées peut rapporter gros. Le jig équipé d’un trailer est un leurre redoutable pour peu que vous maîtrisiez le lancer skipping qui permet de passer sous les branches. Il convient de laisser tomber le jig jusqu’au contact avec le fond en gardant sa ligne en légère tension. Si un black est posté, le jig sera pris, la plupart du temps, à la descente
Crédit photo : David Gauduchon

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