Il m’arrive souvent de laisser le bateau au garage pour revenir à mes premières amours, la pêche itinérante à pied. Mais pas question évidemment d’emporter autant de matériel. Je me suis donc taillé sur mesure une approche simple, ne réclamant qu’une canne et un moulinet, peu gourmande en leurres et en petit matériel. Après quelques essais, je me suis orienté vers le drop-shot, technique facile, utilisable partout et polyvalente. Mais elle n’autorise qu’une présentation soft, manquant parfois un peu de caractère provocant ou intrusif, surtout face à des carnassiers actifs.
Un hameçon libre
Je suis donc parti de l’idée de rendre l’hameçon coulissant, sur une hauteur réglable, pour profiter de plusieurs types d’actions à partir d’un seul montage. J’utilise pour ça les stop-fils des pêcheurs au feeder, discrets et denses, ce qui a son importance. Il suffit d’enfiler un stop-fil sur le fluorocarbone, de passer le nylon dans l’œillet de l’hameçon, texan de préférence (voir encadré), d’installer ensuite un second stop-fil puis une agrafe pour le lest. Selon l’écartement de ces deux butées, l’hameçon sera plus ou moins libre dans ses coulissements verticaux.
Double registre
Pour l’utiliser en drop-shot classique, il suffit de bloquer l’hameçon entre les deux butées. C’est déjà une amélioration par rapport au système habituel où cette opération est impossible à réaliser sans tout démonter. Mais là où ça devient intéressant, c’est qu’on peut jouer sur deux registres : présentation lente et planante (type drop-shot) associée à une animation rapide et violente (type plomb palette). Après avoir lancé, quand le plomb atteint le fond, on relève vivement la canne ce qui fait remonter l’ensemble dans la couche d’eau de manière provocante et rapide, comme au plomb palette. Mais contrairement à ce dernier, qui repart vers le fond en entraînant l’hameçon, le leurre reste ici en suspension au relâché, au niveau de la butée haute, pour ensuite redescendre très lentement le long de la ligne, sous l’effet de sa seule densité, jusqu’à parvenir à la butée basse.
À la descente
On obtient ainsi une descente planante, dodelinante et très naturelle. La première phase est censée attirer l’attention des prédateurs qui sont ensuite confortés par la seconde phase, plus proche des situations habituelles. Et l’expérience confirme d’ailleurs que c’est toujours à la descente que l’attaque a lieu ! Il suffit donc de jouer sur l’écartement des deux butées, sur le poids du lest et sur la nature du leurre pour faire face à bien des situations de pêche : profondeur, courant, vent et, bien sûr, activité des poissons. S’agissant du lest, il est surprenant de constater le faible grammage nécessaire, bien moindre que celui d’une tête plombée adaptée à un même leurre, quasiment la moitié. J’utilise le plus souvent des poids de 3 à 5g, jamais plus de 10. Dix, c’est vraiment pour les fonds importants et les zones de courant. N’ayant pas à subir l’inertie du leurre, ce lest traverse sans problème toute la couche d’eau à la descente et reste bien en contact avec le fond. Pour ce qui concerne la forme, tout plomb drop-shot est bien sûr utilisable, ainsi que le plomb d’Arlesey et le plomb palette qui ajoutera des stimuli visuels.
En pleine eau
Le drop-shot coulissant peut être utilisé en milieux encombrés ou en pleine eau. Dans ce dernier cas, il faut bien remonter la butée basse pour compenser la diagonale que prend la ligne et éviter que le leurre n’aille se plaquer sur le fond. Tout ce qui précède, je l’avais bien sûr imaginé et en gros prévu avant de passer à mes premiers essais sur le terrain. Mais, et je n’y avais pas pensé, je me suis rendu compte aussi qu’avec cet hameçon absolument libre de toute contrainte, le lancer-ramener était parfaitement jouable.
Super stabilité
La nage du leurre se révèle en effet bien plus naturelle que s’il était fixé avec une agrafe. En outre, le lest décentré vers le bas stabilise idéalement la ligne. Ainsi, le comportement d’un shad très souple est bien plus intéressant, stabilisé en premier lieu par l’hameçon (qui joue le rôle de quille) et par le plomb qui élimine tout mouvement latéral néfaste. L’œillet, simplement calé contre la butée, réagit librement et naturellement à toute sollicitation. L’action de pêche, on l’a vu, est très simple : après une forte traction verticale, on redonne du mou à la ligne et le plomb regagne le fond. Après la reprise de contact avec le montage, le leurre redescend lentement jusqu’à la butée basse. Il est souvent utile d’attendre quelques secondes avant de recommencer l’opération, l’immobilité du leurre déclenchant bien souvent un carnassier.
Sa préférence
En fonction des situations de pêche, des résultats, il faut adapter l’amplitude, la rapidité et la fréquence de ces mouvements pour coller au plus près à l’humeur des poissons. Le leurre étant souvent entièrement coffré, le ferrage consiste à lever la canne de manière ample pour confirmer la prise. Cette approche est peu à peu devenue ma préférée pour découvrir un secteur inconnu. Elle permet de faire un premier point rapide, de mémoriser les conditions de pêche pour, éventuellement, y revenir avec une approche plus spécifique, cette fois en toute connaissance de cause.
Le matériel
Le fluorocarbone : son diamètre est toujours compris entre le 25 le 35/100, ce qui permet d’allier une bonne souplesse, indispensable à la présentation, et une bonne résistance aussi, permettant de faire face à la plupart des situations.
La canne : si le flurocarbone est relié à une tresse, cas le plus fréquent, il faut disposer d’une canne assez longue (2,40 à 2,80m – 5-20g) pour ne pas avoir à faire entrer le nœud de raccord dans les anneaux avant chaque lancer.
L’hameçon : hameçon texan en priorité car sa forme abaisse le centre de gravité du leurre qui reste bien horizontal. Il doit être adapté à des leurres de 7 à 12cm, les plus polyvalents.
Les leurres : mes modèles préférés sont les leurres de forme tubulaire avec une queue finesse ou en pointe. Ils n’ont aucune action qui pourrait interférer avec mes animations. Je n’utilise des shads, leurres évidemment beaucoup plus provocants, qu’en présence d’un très gros pic d’activité.