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Bien présenter et animer ses leurres

On se focalise trop souvent entièrement et uniquement sur le type et le modèle de leurre ou de montage retenu. La solution, en cas d’échecs répétés, passe alors le plus souvent par un simple remplacement. Or, dans bien des cas, le succès recherché dépend avant tout de la façon dont sont mises en œuvre présentation et animation de ce leurre.

Sans nier le fait que la taille, la forme, la couleur ou encore les vibrations d’un leurre peuvent parfois jouer un rôle décisif dans le déclenchement d’une attaque, le fait est qu’on a trop tendance à réduire cette pêche au choix du bon modèle. C’est le syndrome du leurre miracle qui, une fois trouvé, rendrait la pêche facile et fructueuse. Mais en fait, le cas le plus courant est que la façon de présenter est le facteur décisif. Si présentation et animation correspondent à ce qui déclenche des attaques à l’instant t, il est fréquent que l’on prenne du poisson avec n’importe quel leurre adapté à ce mode de pêche, ce qui ne veut pas dire que tous feront pour autant jeu égal. Pour le dire autrement, si vous ne touchez rien au shad avec une présentation donnée, les probabilités pour que ce soit cette présentation qui pose problème plutôt que le shad sont grandes. On peut décortiquer l’animation en plusieurs critères : la vitesse, la profondeur de nage et le rythme.

Même s’il ne sera évidemment pas sans importance, penser que la réussite tient uniquement dans le choix de tel ou tel leurre, comme s’il en existait de miraculeux, est une erreur que commettent encore régulièrement de nombreux pêcheurs.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La vitesse

La vitesse est sans doute le critère le plus important, et pas toujours bien compris puisque beaucoup pensent que plus c’est difficile plus il faut ralentir. Ce qui, sans être forcément faux, est beaucoup trop réducteur. Il est en effet fréquent qu’une présentation rapide marche mieux qu’une lente, y compris et peut-être même surtout quand c’est difficile. Un poisson peut avoir du mal à mordre parce qu’il est engourdi et complètement amorphe. En hiver, par exemple, ou suite à un gros refroidissement. Dans ce cas, clairement, il faut ralentir et insister. Une immobilité totale, une non-animation, décollé (verticale, drop-shot) ou posé sur le fond, peut même être la solution pour obtenir des touches. Mais ce poisson peut aussi être difficile parce qu’il est repu, pas du tout en période d’activité, sans pour autant que son métabolisme soit en berne. Dans ce cas, ralentir diminue grandement les chances de capture, tandis qu’accélérer peut faire des miracles. N’oublions jamais que, pour un carnassier, le mouvement rapide d’une proie signifie fuite, panique, tentative d’échappement. Rien de tel pour déclencher un réflexe agressif d’interception. En schématisant, car rien n’est jamais catégorique à la pêche, on peut dire que les pêches très lentes sont préférables en eau froide et les pêches rapides plutôt en eau chaude. Avec cette nuance que si des animations rapides ont peu de chances de fonctionner en hiver, une animation lente peut parfois marcher en été. Comme toujours il faut essayer différentes choses avant de trouver ce qui marche. Mais en été, ayez le réflexe d’accélérer avant celui de ralentir. Si ça ne donne rien, commencez par essayer d’aller encore plus vite ! Bien souvent, le coup de l’attaque réflexe ne fonctionne en fait qu’à partir d’une certaine vitesse. Obtenir la vitesse désirée ne se résume pas à tourner la manivelle du moulinet plus ou moins rapidement. Ça peut aussi passer passer par une animation plus ou moins vive, des tirées plus ou moins amples et brusques. Ou encore par une simple bonne vitesse de descente.

Pêcher à deux sur un bateau permet d’aller plus vite à l’essentiel.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Deux exrêmes

Dans ce cas, l’animation n’y fait rien, c’est le montage qui est en cause. Ceux qui pêchent les black-bass savent à quel point ce critère peut être décisif. Les deux extrêmes sont la pêche en wacky, avec une descente très lente (leurre souple non plombé) qui parfois est la seule à même de déclencher les touches (poisson méfiant ou peu actif) ou, au contraire, la pêche au jig quand un modèle lourd filant vers le fond est intercepté par réflexe quand un autre plus léger sera juste accompagné puis finalement refusé. On retrouve ce phénomène dans la pêche au shad à palette, par exemple, leurre coulant très vite, avec beaucoup de vibrations, et qui donne très souvent lieu à de belles attaques à la descente.

Pour obtenir une descente du leurre hyper ralentie, il n’y a pas mieux que le montage wacky cher aux fans de black-bass.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Plus lourd, plus vite

D’une manière plus générale, si vous avez des touches à la tombée, au leurre souple ou autres (c’est le plus souvent quand le leurre arrive au fond), c’est que le poisson est vulnérable aux attaques réflexes. Essayez de les reproduire en lestant davantage ou en animant plus vite. Mais l’inverse est aussi vrai : il arrive qu’une descente rapide fasse l’objet de refus quand une action très planante fonctionne. Dans ce cas, le simple fait de diviser la plombée par deux, même si ça complique nettement l’action de pêche, peut permettre de doubler le nombre de touches. Le sandre est le grand spécialiste de ce genre de subtilité.

La bonne analyse

Quand votre partenaire de pêche a des touches et pas vous, le premier réflexe est d’utiliser le même leurre ou la même couleur. Si ça ne change rien, au lieu de s’énerver, il faut observer et essayer de comprendre ce qui, dans son montage ou son animation, peut expliquer cette différence de résultats. C’est souvent une question de grammage ou de petits détails dans l’animation qui changent le comportement du leurre. N’oubliez pas non plus qu’à grammage égal, si votre fil est de diamètre différent, la nage en sera affectée. Si vous pêchez plus fin, que lui, plombez encore moins, si vous pêchez plus gros, plombez un peu plus, afin d’obtenir une nage au moins approchante

Il faut rester attentif avec le shad à palette, un leurre qui descend vite, mais qui plaît beaucoup.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La profondeur de nage

Concernant la profondeur où évolue notre leurre, les choses semblent plus simples : si on passe là où se trouve le poisson, on a bon ? Pas forcément… En règle générale, les carnassiers attaquent de bas en haut car ça donne un avantage, par effet de surprise. Ils sont formatés ainsi, attaquer ce qui passe au-dessus d’eux est une sorte de réflexe. Ce réflexe joue moins si le leurre passe à leur hauteur, et moins encore s’il passe dessous. Ceux qui pêchent les pélagiques en verticale savent qu’il est plus facile de déclencher un poisson en laissant un leurre descendre sur lui (et en arrêtant avant pour le laisser faire le dernier mètre) qu’en faisant remonter un leurre au niveau d’un poisson passant plus haut. Bien sûr, si on pêche dans un mètre d’eau, ça limite les possibilités de jouer sur la hauteur de nage. Mais le principe reste valable. Un leurre nageant juste sous la surface est parfaitement adapté pour prospecter dans un mètre de profondeur. Un crankbait plongeant à deux mètres est parfait pour pêcher dans quatre. Un carnassier actif et bien décidé n’hésitera pas à monter de plusieurs mètres pour intercepter une proie, notamment si l’eau est chaude. En eau claire, et avec un leurre assez gros, ça peut même monter de cinq, dix voire quinze mètres même si je sais que pour certains, cela semble difficile à croire ! Tout ça pour dire qu’il ne faut pas craindre de passer trop haut, c’est rarement le cas dans les limites du raisonnable. Dans la pratique, si on passe à un ou deux mètres au-dessus d’un poisson, on ne prend aucun risque d’être trop haut. Toutefois, toute règle connaît des exceptions. En eau froide ou quand le poisson est sur le fond, peu enclin à bouger, il n’y a pas d’autre choix que de venir pêcher à sa hauteur. Il arrive même qu’il ne prenne alors que si on pose sur le fond. C’est un cas particulier, il faut juste s’en souvenir.

Un simple stickbait évoluant en surface peut alerter de très loin.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le bon rythme

Nous avons souvent le défaut d’animer de façon bien trop régulière voire monotone. La raison est sans doute que changer fréquemment de rythme demande un effort de concentration éprouvant quand on lance pendant des heures. Pourtant une rupture de rythme est un puissant déclencheur d’attaque, qui contribue à donner vie au leurre de façon convaincante. C’est important dans les eaux très pêchées. Il faut donc s’efforcer d’user de la rupture de rythme, sans en abuser puisque, par définition, si la nage est entièrement désordonnée, il n’y a en fait plus de rupture possible.

Verticale : un cas à part ?

Il peut sembler plus compliqué de varier les animations quand on pêche à la verticale mais il y a pourtant, là aussi, une belle palette de choses à essayer. Dans la hauteur, par exemple, très décollé (2-3m), ou au contraire au ras du fond voire sur le fond. En vitesse aussi, en réalisant des tirées amples assez rapides en partant du fond suivies de pauses (réflexe de poursuite), en progression très lente ou plus rapide (diagonale), en descente rapide (chute libre) ou plus lente (accompagnée). Mais aussi en rythme: secousses sèches ou immobilité totale prolongée (on peut très bien combiner les deux), tremblement sur place.

En verticale, aussi, il est indispensable de varier ses animations
Crédit photo : Michel Tarragnat

Repas gratuit

Les principales manœuvres de rupture sont assez simples à mettre en œuvre. D’abord, faire des pauses. Un arrêt soudain dans la récupération est une manœuvre d’autant plus efficace que la vitesse était soutenue, que le leurre s’y prête (c’est-à-dire qu’il ne coule pas comme une enclume dès qu’on cesse de mouliner) et que la pause est prolongée. C’est comme si on agitait un petit drapeau avec écrit Repas gratuit ! La pause sur le fond est une bonne manœuvre au leurre souple, sur des poissons suiveurs ou peu actifs. Ensuite, une brusque accélération soutenue sur plusieurs mètres peut provoquer un réflexe de poursuite, tout comme un ralentissement. Deux manœuvres simples et efficaces. Mais on peut aussi essayer une animation sèche, à base de petits coups de scion donnés à intervalles réguliers lors d’une récupération continue et qui font flasher le leurre, les éclats lumineux et les soubresauts trahissant la panique.

Avec un vrai plongeur comme le crankbait, attention à ne pas passer trop bas, sous les tenues des carnassiers visés. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Éviter l'uniformité

Pour des pêches typiques d’animation (leurre souple manié, jigging, jerkbait, leurre de surface), outre les manœuvres précédentes, on peut ajouter des changements de cadence et d’amplitude. Un stickbait ou un jerkbait qui zigzague sur une trentaine de mètres avec une précision de géographe et une régularité de métronome intéressera moins qu’un leurre qui alterne une série d’écarts brusques et amples avec une pause, avant de repartir de façon hésitante.

Pas la même chose

Ce sont deux concepts distincts : l’animation est générée par les mouvements du pêcheur, la présentation étant plutôt le fruit du montage. Prenez le même leurre souple, animé en dents de scie au ras du fond par exemple, mais monté sur une tête plombée de 7g ou de 20g. L’animation, succession de tirées et de relâchés, sera identique mais pas la présentation. Avec 7g, le leurre plane et met du temps à gagner le fond. Avec 20g, la trajectoire est plus hachée, le mouvement bien plus rapide. Autre exemple  : au drop-shot, la présentation reste décollée quelle que soit l’animation, rapide ou lente.

Animation savante et présentation optimale ne seraient rien sans une extrême concentration.
Crédit photo : Michel Tarragnat

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Magazine n°913 - juin 2021

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