Il y a ceux qui restent attachés à leurs coins de pêche parce qu’ils y ont vécu des moments inoubliables… D’autres, au contraire, aimeraient découvrir de nouveaux territoires, voir le pays de l’intérieur, histoire de faire de belles rencontres halieutiques. Mais là, ils s’exposent à l’incertitude… Ils peuvent s’informer grâce à des articles parus dans la presse halieutique ou sur certains blogs ou réseaux sociaux mais ces informations quoiqu’utiles, ne sont pas suffisantes pour les convaincre à sortir de leur zone de confort.
Comme tout le monde
Dans ces conditions, le touriste pêcheur est bien souvent amené à faire un choix de second rang, autrement dit à se rabattre sur une autre destination jugée plus fiable, plus sûre mais choisie par défaut. Nombreux sont ceux qui adoptent un comportement mimétique. « Puisque ce pêcheur a choisi cette destination, c’est qu’il doit détenir une information capitale que je ne détiens pas. J’ai donc intérêt à choisir la même. » Cette incertitude portant sur la qualité de la destination est également accentuée par l’opacité de l‘offre de produits touristiques. Cette problématique est d’autant plus criante que le temps disponible du pêcheur est limité. En effet, la durée des séjours s’est considérablement réduite, les Français tendant à fractionner leurs vacances. Ils partent moins longtemps mais plus souvent. Le pêcheur n’a donc pas le droit à l’erreur. Le touriste pêcheur est attentif à des points précis : hébergements à proximité des coins de pêche, adaptation des heures de repas ou hébergement en hôtel en demi-pension ou pension complète ou encore infrastructures et disponibilité des acteurs pour collecter de l’information. Le pêcheur accorde ainsi une grande importance à la qualité de la relation qu’il espère avoir avec le propriétaire du gîte ou de la chambre d’hôte.
Rassurer et communiquer
Pour Mathieu Le Bouter, guide de pêche et responsable « développement » à la Fédération de pêche du Finistère, la labellisation de parcours est un moyen d’éclairer davantage un site et ainsi de rassurer les touristes pêcheurs dans leurs choix de destination. C’est aussi, selon lui, un des outils pour accroître l’attractivité du territoire. Il souligne toutefois que la réussite d’une telle démarche dépend en grande partie de l’engagement des acteurs locaux. « L’AAPPMA de Rosporden, par exemple, s’est engagée dans une démarche de labellisation de ses plans d’eau en parcours famille. Et c’est un véritable succès comme en témoigne la fréquentation accrue des pêcheurs qu’ils soient touristes ou excursionnistes. Les partenaires locaux, AAPPMA et commune, ont bien saisi les tenants et aboutissants de la labellisation des parcours. Cela étant, pour pérenniser l’attractivité touristique, il faut enrichir régulièrement l’offre de parcours labellisés, l’objectif étant de créer de la nouveauté afin que le touriste pêcheur ait envie de revenir. Enfin, pour qu’un label soit reconnu, encore faut-il qu’il y ait une campagne de communication. » C’est en réponse à cet objectif qu’est née, en 2016, l’association régionale des fédérations de pêche bretonnes, association remarquée par le lancement d’une série de vidéos « J’irai pêcher en Bretagne » mettant en lumière les plus beaux parcours, généralement labellisés passion, de Bretagne
Un besoin de repères
Il est donc nécessaire de construire un système d’information efficace permettant aux touristes pêcheurs d’accéder à un réseau halieutique territorial. La création de signes de qualité (parcours et hébergement) s’avère donc utile pour garantir l’authenticité et le sérieux de la relation. C’est à cette condition qu’il sera mis en confiance et qu’il choisira cette destination plutôt qu’une autre. Initiée par la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF) en 2011, la démarche de labellisation des parcours de pêche vise à mettre en valeur des parcours adaptés selon la pratique et/ou le public. Trois labels ont été créés. Chaque parcours doit répondre à une grille de critères bien définis qui varient en fonction du type de label (découverte, famille ou passion). L’objectif est de faire en sorte qu’un territoire ait une offre de parcours labellisés diversifiés.
Le label "hébergement pêche"
À ces labels halieutiques vient se greffer un autre « Hébergement pêche » créé en 2012 par la FNPF. Cette qualification peut être attribuée à tous les hébergements ouverts à la location touristique (gîtes, chambres d’hôtes, hôtels, campings, villages vacances) correspondant à un ensemble de critères. Cette distinction vient en complément des parcours de pêche labellisés et permet de créer un réseau faisant participer l’ensemble des acteurs du territoire. Toutefois, ces labels territoriaux ne peuvent pas être appréhendés comme une simple « béquille » à un système d’information défaillant. Ils sont à la fois un outil visant une meilleure immersion et une meilleure compréhension du territoire d’accueil par le pêcheur et un moyen d’accroître l’attractivité tout en préservant le secteur. Il faut éviter d’atteindre la limite de capacité de charge touristique d’un territoire comme c’est souvent le cas des secteurs littoraux et insulaires tels que les îles de Bréhat et de Sein en Bretagne… Ces labels ont donc aussi pour finalité de préserver et de restaurer des paysages singuliers et fragiles.
Les trois labels halieutiques
Le label « parcours découverte » comprend des parcours à destination des débutants souhaitant s’initier à la pêche dans les meilleures conditions (accessibilité, abri, sécurité, prises rapides, etc.) Ce sont généralement des plans d’eau comportant des rempoissonnements réguliers afin de sensibiliser les plus jeunes. Ces parcours sont de véritables outils pédagogiques pour l’apprentissage de l’activité pêche et pour découvrir la faune et la flore. Le label « parcours famille » met en exergue des parcours aménagés où toute la famille peut s’adonner à la pratique mais aussi à d’autres activités situées à proximité (aires de jeux pour les enfants, sentier de randonnée, tables de pique-nique, abris…). Comme pour les « parcours découverte », ces sites labellisés offrent une grande accessibilité et une bonne sécurité (berges souvent équipées de pontons pour pêcher confortablement, cales de mise à l’eau). Le label « parcours passion » s’adresse aux pêcheurs confirmés et spécialisés sur certaines espèces (carnassiers, salmonidés, poissons blancs…) et techniques de pêche. Ces secteurs offrent une qualité paysagère avec des rivières en gestion patrimoniale. Un ou plusieurs panneaux d’information sont installés et mentionnent le tracé du parcours, les espèces présentes et la réglementation.
Pour plus d’informations et retrouver tous les parcours labellisés en France.