La capture d’un gros brochet demande de la technique, de la rigueur et aussi un moral d’acier. Une des particularités de la pêche dans le Léman est que cela peut être tout bon comme tout mauvais. Les poissons sont actifs ou, au contraire, pas du tout… et dans ce cas il faut s’armer de patience! Surtout ne pas se décourager et toujours être « pêchant », car ils entreront en activité et vous devez être prêt ! Ces périodes peuvent être de très courte durée dans le Léman, parfois à peine vingt minutes dans la journée, il s’agit de ne pas les rater. Les poissons se mettent souvent en action tous au même moment. Alors, lors des journées difficiles, afin de ne pas passer à côté de la seule période d’activité, il faut éviter le casse-croûte collégial !
Cartes bathymétriques
En forme de croissant orienté de l’est vers l’ouest, le lac possède un rivage nord et deux extrémités qui sont suisses, entre les cantons de Genève, de Vaud et du Valais. Le rivage sud, quant à lui, est français et situé dans le département de la Haute-Savoie. La frontière franco-suisse coupe le lac par le milieu. Pour trouver les meilleures zones, nous utilisons les cartes bathymétriques (cartes présentant le fond et le relief) afin de repérer les cassures, les reliefs, hauts-fonds, les cuvettes, etc. Les postes les plus courants sont les cassures qui surviennent juste après le premier plateau de bordure, souvent situées entre 6 et 8-10 m. Les pentes, les herbiers, les éventuelles structures naturelles comme les rochers sont autant de postes à prospecter. Le sondeur sert à se placer correctement et à détecter les bancs de fourrage (perches, gardons, féras…). On se place généralement au large, à distance de lancer des zones à prospecter, et on descend la cassure jusqu’à être à l’aplomb du bateau; mais on peut aussi simplement cranker (technique qui consiste à lancer le leurre, le laisser couler à la profondeur de prospection désirée et le récupérer de façon linéaire) à différentes hauteurs d’eau et même en jetant vers le large.
Les brochets sont adeptes de la chasse en mode pélagique (entre deux eaux). Bien entendu, les habitués ont leurs postes de prédilections qui peuvent varier suivant les heures de la journée, la météo ou les périodes de l’année. Au vu de l’immensité, l’électronique génère un gain de temps précieux. Lorsque des poissons sont clairement identifiés ou que des raisons nous poussent à croire qu’ils sont sur zone (connaissance des lieux, poisson fourrage), alors nous entrons en mode « prospection intensive » du poste: il consiste à battre la zone en lançant nos leurres et en essayant de déclencher des touches en changeant si nécessaire les tailles, les couleurs, les vibrations, les hauteurs de récupération et les animations. Mais lorsqu’on arrive à situer les poissons, il faut insister, parfois longtemps, jusqu’à ce qu’ils se mettent en activité.
Le choix d’un matériel adapté pour cette pêche
Nous utilisons uniquement des cannes casting pour ce genre de pêche, car elles sont beaucoup plus adaptées à l’utilisation de montages relativement lourds. En effet, les têtes pèsent entre 20 et 40 g, et les shads sont de 15 cm au minimum. Nous utilisons des cannes entre 20 et 250 g de puissance suivant les leurres à propulser. Dans cette prospection, le moulinet casting permet d’avoir un contrôle parfait lors des phases de descente du leurre et donc d’être efficace même si un ferrage doit intervenir à ce moment-là. Une canne spinning de puissance similaire peut néanmoins être utilisée pour les personnes ne sachant pas pêcher en casting, c’est simplement plus fatigant à la longue, car le poids de l’ensemble est moins bien réparti et donc moins agréable à supporter des heures durant. Le moulinet casting doit être adapté à la canne et aux poids des leurres utilisés. Il doit être robuste pour résister à l’utilisation de leurres lourds et avoir un très bon frein pour faire face à des rushs puissants de la part des gros brochets qui, ici, sont souvent vigoureux. Pour un spinning il faut généralement une taille 4000.
La tresse utilisée est généralement de diamètre 25 centièmes minimum et peut monter jusqu’à 33 centièmes. S’agissant principalement de pêche en linéaire (lancer-ramener), une tresse unicolore est suffisante et c’est surtout sa robustesse qui nous intéresse. Les bas de ligne sont généralement en fluorocarbone. Il existe différentes possibilités suivant les pêcheurs : bas de ligne de discrétion terminé par un bas de ligne anticoupes, ou uniquement un bas de ligne anticoupes directement après la tresse quand les eaux ne sont pas ultra-translucides et que les poissons sont moins méfiants. Les diamètres du bas de ligne final sont généralement compris en 60 et 100 centièmes. L’éventuel bas de ligne de discrétion sera choisi en fonction de la taille de la tresse et du bas de ligne final afin d’avoir un ensemble harmonieux et de faciliter les raccords.
Deux types d’animation
Les deux types d’animations les plus utilisés par les spécialistes du Léman sont le cranking et la traction. Certains leurres se prêtent plus à l’un qu’à l’autre, mais c’est principalement l’activité des poissons et leurs réponses à nos façons d’animer qui vont nous orienter. Le cranking consiste à lancer, laisser couler à la profondeur de prospection voulue et récupérer de façon linéaire un leurre. Malgré tout, il est important de varier les vitesses de récupération et parfois même de marquer des pauses qui peuvent être assez longues. Les variations de rythme sont souvent un élément déclencheur. La traction consiste généralement à aller prendre contact avec le fond et faire décoller son montage par des mouvements quasi similaires à des ferrages. Puis on récupère l’excédent de bannière en moulinant pendant que l’on abaisse à nouveau la canne. L’amplitude des tractions verticales, la vitesse de celles-ci et les temps de pause sont autant de facteurs pouvant faire toute la différence suivant les jours. Cette technique est intéressante les jours où les poissons « ramassent » les leurres ou sont plaqués sur le fond. Le leurre peut aussi faire la différence, notamment sur la quantité de poissons pris! Dans ce type de milieux avec de telles immensités d’eaux et des profondeurs pouvant être très importantes, la pêche au leurre souple domine. Cependant, il est possible de chercher les poissons aux leurres durs lorsque les conditions s’y prêtent: poissons plus près du bord ou actifs sur des plateaux moins profonds. Mais souvent, le problème dans ces conditions est la capture de poissons de petites tailles, car la prospection est réalisée dans peu d’eau et avec des leurres généralement moins gros.
Adaptation rapide
Les niveaux d’eau sur ces grands lacs ne varient que très rarement et les étendues sont telles qu’il est difficile de s’en rendre vraiment compte. La couleur est également assez souvent la même, sauf lorsque les lacs « tournent », c’est-àdire que les couches d’eaux chaudes et froides s’inversent. Quant au comportement des poissons, c’est bien entendu le premier facteur à prendre en compte puisque ce sont toujours les poissons qui décident: la faculté du pêcheur à s’adapter fera qu’une sortie sera réussie ou non. La détermination du pêcheur est essentielle, et les périodes sans touche peuvent être longues, voire très longues ! Aussi, nous utilisons en priorité des leurres auxquels nous croyons plutôt que des leurres conseillés par quelqu’un, mais dans lequel nous ne croyons pas. Le mental est très important dans ce type de pêche parfois répétitive. S’accrocher à ses certitudes quand on connaît un endroit et ne pas cesser d’y croire jusqu’au dernier lancer… Il faut toujours être concentré, car un instant de relâchement peut faire louper la touche de la journée (voire de sa vie). Le pêcheur doit savoir se remettre en question et oser essayer ce qu’il ne ferait jamais habituellement. Nous recherchons des gros poissons dont les combats sont violents, alors il faut que le matériel ne présente aucune faiblesse. Il faut être très attentif à tout: le réglage du frein, la solidité des nœuds, l’état de la tresse, et penser à vérifier régulièrement la solidité du bas de ligne, surtout si vous vous êtes accroché. Pour attacher le leurre au bas de ligne, nous remplaçons l’agrafe par un anneau brisé qui permet d’éliminer toute possibilité d’ouverture d’agrafe due à une déformation ou une fragilisation antérieure. Pour le montage du leurre, un armement qui peut pivoter à 360° permet de moins abîmer les poissons, et donc d’avoir moins de décrocher, mais également de relâcher des poissons qui ont moins souffert. Il est aussi important de limiter au maximum la durée du combat, ces gros brochets sont des femelles et elles sont d’excellentes reproductrices qu’il faut impérativement préserver.
Législation
La pêche sur la totalité du lac Léman demande obligatoirement une adhésion à l’AAPALLF, association agrée des pêcheurs amateurs du lac Léman français. Un carnet de pêche fourni ou téléchargeable sera obligatoirement rempli. Se reporter aux dates d’ouvertures sur le site de la fédération de pêche de Haute-Savoie.
Renseignements
AAPALLF - Pisciculture de Rives - 13 quai de Rives - 74200 Thonon-les-Bains - M. Yves Depraz - 0450262985 - apallf74@gmail.com
Fédération de pêche de Haute-Savoie - http://www.pechehautesavoie.com