Pêcher le black-bass ou le sandre en bateau au Portugal est un classique mais passer en quelques kilomètres de l’achigan à la truite fario est plus inattendu. C’est pourtant possible sur le rio Mondego, avec Marco Ramos, guide de pêche français natif de cette région du centre du Portugal, située à environ 100km au sud de Porto. Si les grands fleuves du pays –Tage, Douro, Guadiana– prennent leur source en Espagne, le Mondego naît lui à 1425m d’altitude dans la Serra da Estrela (montagne étoilée), l’une des plus hautes chaînes du Portugal. Assez court (260km), sa situation géographique (montagne élevée à proximité de l’océan) assure un débit important (108m³/s en moyenne annuelle) et des eaux de qualité dues à une bonne pluviométrie. C’était le domaine des migrateurs (alose, lamproie) avant l’installation de barrages.
Un havre de paix
Le lac est très peu fréquenté. Croiser un bateau de pêcheurs de black-bass par jour, c’est le bout du monde. Sur 2000ha, la pression de pêche est donc très faible, d’autant que la majorité des berges sont inaccessibles à pied. Nous n’avons pas croisé non plus beaucoup de pêcheurs du bord, sauf sur certains secteurs stratégiques accessibles en voiture
Verdoyant et mystérieux
La plus importante de ces retenues est celle d’Aguieira, juste en aval de la petite ville de Santa Comba Dão. Alimentée par le rio Mondego et l’un de ses gros affluents, le rio Dão, elle offre 2000ha d’eau claire dans un cadre relativement sauvage. «Relativement» car la région a été ravagée par l’énorme et tragique incendie de 2017. Les stigmates sont encore bien présents et de grands travaux forestiers sont en cours pour réduire l’emprise des plantations d’eucalyptus, espèce hautement inflammable jugée responsable du drame. Néanmoins, la nature reprend ses droits et le cadre est à la fois verdoyant et mystérieux, avec ses squelettes d’arbres émergeant des taillis, ses bouquets de mimosas baignant dans l’eau et ses gros blocs de granit. C’est là qu’officie Marco Ramos.
La vedette incontestée des lieux, recherchée en priorité, est le black-bass, très abondant. Le sandre est également présent. Bien que ne l’ayant pas spécialement recherché, il semble qu’il y ait un vrai potentiel pour cette espèce si j’en juge par la cohorte de jeunes sujets repérés autour des pontons. On trouve aussi carpes et barbeaux bocagei (pas le comizo) et, phénomène typique du Portugal, des aloses qui, bloquées lors de la construction du barrage, sont devenues sédentaires et se reproduisent dans les affluents. Elles font d’ailleurs l’objet d’une véritable pêche commerciale, ces deux espèces faisant partie du patrimoine culinaire régional.
Attention, ça accroche !
Le profil des berges est assez varié : plages, falaises, beaucoup de bois noyés, de vestiges de constructions humaines dans le fond des nombreuses criques. Autrefois, chaque vallon aujourd’hui englouti était cultivé pour profiter de l’humidité naturelle du sol. Les parcelles de surface agricole de 50 à 200m² se succèdent ainsi en escalier, séparées par des murets de 50cm à 2m, selon la pente. Les black-bass adorent s’y embusquer, surveillant les allées et venues du fretin. On l’aura compris, le lac est très plaisant à pêcher… mais ça accroche beaucoup ! Texan, jig, spinnerbait et leurres de surface sont à l’honneur sur la majorité des postes. Crankbait ou autres sont aussi exploitables sur certaines pointes et plages de pleine eau. Les leurres de surface donnent de très bons résultats, notamment les petits poppers avec l’avantage de limiter fortement les accrochages et les pertes. La densité en black-bass est impressionnante. Il est fréquent d’en observer une dizaine derrière son leurre même si ce sont en général des sujets de taille moyenne. Comme toujours quand cette espèce est abondante, il est plus délicat de toucher les gros. Les petits, la plupart du temps hyper agressifs, ont en effet tendance à se jeter sur les leurres les premiers. Mes plus grosses prises faisaient dans les 40-45cm. Je les ai touchées le plus souvent sur des zones assez profondes ou bien alors vraiment très au large, là où les sujets de 20-30cm hésitent à s’aventurer.
Restauration impeccable
Point fort des destinations pêche au Portugal, une qualité de restauration qu’on ne retrouve pas ailleurs, ni en Espagne… ni, encore moins, en Scandinavie ! On trouve ici des restaurants partout avec un rapport qualité-prix excellent voire imbattable. C’est le cas dans certains petits bars-restaurants ouvriers ne payant pas de mine (souvent à plat du jour unique) mais où la nourriture est succulente. Marco Ramos, natif de la région, connaît les adresses que vous ne trouveriez pas vous-même. Fiez-vous à ses conseils.
Des sandres aussi
Si j’en crois les photos que Marco m’a montrées, les spécimens de 50cm et plus ne sont pas rares mais je n’en ai pas touchés ni vus lors de cette session de trois jours, fin mai. Pour les sandres, que nous n’avons pas vraiment ciblés, ils se tenaient un peu plus en profondeur, dans les 3 à 8m et répondaient bien à la verticale, au drop-shot et au linéaire, au pied des amas de bois mort. Pas de grosses prises mais des poissons allant de 40 à 60cm. La plus belle prise enregistrée par Marco lors de ses guidages était à ce jour de 80cm. La densité ne m’a pas semblé spectaculaire, comparée avec ce que l’on peut voir sur l’Èbre, le Tage ou le Guadiana.
Les grosses truites
Autre volet halieutique de cette destination, auquel je ne m’attendais pas du tout : la truite en eau vive. En dehors des Pyrénées et de quelques grandes sierras espagnoles, on n’imagine pas la péninsule ibérique, ses arroyos (ruisseaux) à sec une partie de l’année et ses 45°C à l’ombre en été, comme une destination à salmonidés. Mais le Portugal est nettement plus arrosé que l’Espagne et en particulier cette vallée du Mondego et de ses affluents, la Serra da Estrela étant aux premières loges pour bloquer les nuages océaniques. Il est d’ailleurs frappant de constater que, venant d’Extremadura (sud de l’Espagne), où fin mai l’herbe est grillée, on retrouve de la verdure et des vaches en pâture à l’approche de la frontière avec le Portugal. Et surtout, le parcours dont nous allons parler se situe en aval des barrages sur le Mondego, vers Penacova. Il bénéficie donc d’eaux fraîches et épurées toute l’année. Ceux qui connaissent la Dordogne à Argentat, en aval des grands barrages corréziens, comprendront qu’il y a là, toutes proportions gardées, un parallèle évident.
Une gestion efficace
Le rio Mondego en aval d’Aguieira est donc alimenté par une eau fraîche qui permet le maintien d’une population de salmonidés sur quelques dizaines de kilomètres, en fait jusqu’à Coimbra. Mais le meilleur parcours est situé vers l’amont, au niveau de Penacova. On y trouve de la truite fario bien sûr (souche atlantique), du barbeau, de la boga (une sorte de vandoise), du gobie et des migrateurs (aloses franche et feinte, lamproie) pour lesquels le Mondego reste réputé en dépit des barrages. Globalement, ça ressemble plus à une zone à barbeaux qu’à une première catégorie. Certains tronçons plus calmes sont même fréquentés par les pêcheurs au coup. Mais les truites sont bel et bien là et atteignent des tailles très intéressantes, les poissons de 40-50cm étant extrêmement communs. Les eaux tempérées et la richesse en nourriture expliquent un tel grossissement, mais la qualité de la population salmonicole n’est pas étrangère à une gestion halieutique très protectrice avec no-kill intégral, découpage du parcours en tronçons de quelques kilomètres avec quota journalier et carte à la journée.
Des combats fantastiques
Cette gestion permet de maîtriser pression de pêche et prélèvements, comme sur les fameux cotos espagnols qui comptent parmi les parcours les plus réputés d’Europe. Bien qu’ici le parcours soit assez court et sujet à des variations de niveau fréquentes, il y a donc de quoi diversifier son séjour agréablement en tentant une journée ou un coup du soir à la truite et au barbeau. Dans le courant, cela nous garantit des combats parfois épiques. Un barbeau touché sur l’Alva, un affluent du Mondego, m’a ouvert le triple de mon poisson-nageur en deux secondes. La difficulté consiste à se procurer un permis journalier, mais Marco veille au grain et s’en occupe ! On peut pratiquer aux leurres (cuiller, poisson-nageur) ou à la mouche, sachant que, selon le niveau, il peut être difficile de rentrer dans l’eau ou de traverser et de manquer de recul pour fouetter. Le parcours alternant fosses profondes, radiers et chaussées, la pêche aux leurres est une très bonne alternative permettant de pêcher partout y compris à grande distance, et ce quel que soit le débit du fleuve.
PRESTATIONS
Bateau Open 450 25CV Esox 500 Riverlake 90CV
Sondeur, moteur électrique
Prêt de matériel cannes, moulinets, leurres
Permis de pêche
Hébergement hôtel avec piscine à Santa Comba Dão
SÉJOURS
3, 5 ou 8 jours personnalisables (sur devis)
TARIFS INDICATIFS
3 jours pension complète base 2 : 921€ par pêcheur
5 jours demi-pension base 3 : 1170 € par pêcheur
RÉGLEMENTATION
Permis Marco s’en charge
Parcours truite carte à la journée 5€
Truite aux leurres un triple ou deux simples sans ardillons ou écrasés
CONTACTS
Marco Ramos
Section Pêche-Nature
Loubéjac
47290 Cancon
Tél. 06 85 21 70 83
www.guidedepechefranceportugal.com
www.facebook.com/MarcoPauloGuideDePeche
Ag. Nomade Pêche
Tél. 06 07 61 84 82
contact@nomadepeche.fr
www.nomadepeche.fr