Nous vous proposons de découvrir ici le sommaire, vous pourrez lire les premières pages gratuitement : les actus, le courrier des lecteurs... Voici aussi l'édito du rédacteur en chef, Pascal Bacoux.
Rester calme !
J’ai étudié avec intérêt les résultats de l’enquête commandée par la fédération interdépartementale de pêche de Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne à l’institut de sondage Gece. L’objectif était de cerner comment est perçue la pratique de la pêche de loisir dans notre pays. Démarche utile quand on voit de quelle façon imbécile elle est présentée par des mouvements anti-pêche qui en ignorent tout: origines, fonctionnement, éthique, nature profonde. Et les conclusions de Gece montrent que notre loisir n’a rien cédé en termes d’empathie, de bienveillance et de compréhension auprès du grand public. Dans l’ensemble, en effet, le ressenti reste éminemment favorable. Une personne sur deux environ avoue avoir déjà pratiqué au moins une fois et serait ravie de renouveler l’expérience. Et parmi celles ayant déclaré n’avoir jamais tenu une canne en main, une majorité se dit intéressée par une éventuelle découverte. Visiblement, tous ces non-pêcheurs n’ont ou n’auraient pas eu le sentiment de se transformer, le devenant, en bourreaux sanguinaires ! Au contraire, après une première initiation, on met l’accent sur le bon moment passé, allant de surprise en surprise, évacuant un peu du stress du quotidien. Les plus informés indiquent que les pêcheurs sont à leurs yeux des gens responsables, proches de la nature, animés d’un souci de protection de l’environnement bien réel, sincère et très utile. En définitive, seuls un peu plus de 3% des individus interrogés font part d’une certaine hostilité, ce qui devrait ramener le débat à son juste niveau.
En fait, si elles ont le mérite de quantifier les choses, ces données n’ont rien de surprenant. Pêchant depuis plus de cinquante ans, je n’ai jamais vu quelqu’un faire la moue après lui avoir dévoilé ma passion. Au contraire, cette révélation suscita le plus souvent intérêt, curiosité, sympathie. Dans le pire des cas une indifférence polie mais jamais au grand jamais le moindre rejet, le plus petit soupçon d’opposition. Répondant à quelques interrogations, il suffisait de raconter ce qu’est la préparation d’une sortie, le sommeil de la veille qui vient difficilement, la brume du matin… ce que nous ressentons quand nous gagnons le bord de l’eau. Puis d’enchaîner sur l’investissement des pêcheurs, réunis en associations, au chevet de l’environnement, des milieux, de la faune et de la flore aquatiques pour récolter le hochement de tête discret mais, sans équivoque, approbateur. Bref, je crois que la cote des pêcheurs auprès du grand public n’est pas près de virer dans le rouge et je suggère aux zozos ignorants et ridicules qui, je ne sais dans quel but pervers, se croient obligés de s’en prendre à notre passion d’aller se faire bronzer et de nous foutre la paix ! Ceci étant dit (mais c’est qu’ils m’auraient énervé ces neuneus !), il est au contraire rafraîchissant de voir combien nos pratiques, soi-disant d’un autre âge, ne cessent d’évoluer, les jeunes générations n’en finissant pas d’empiler les nouvelles approches. J’en veux pour preuve le reportage qu’a tiré Thierry Bruand de sa rencontre avec Jonathan Ménétrier qu’il a suivi dans d’impressionnants canyons alpins, traquant des truites aussi difficiles d’accès que peu farouches. Une approche sportive –dangereuse attention ! – résolument moderne, mêlant alpinisme, randonnée et pêche. À comparer, dans l’effort et la dangerosité, avec celle qui voit Mathieu Le Bouter embarquer amis et clients jusqu’au phare d’Ar-Men, au large du raz de Sein. Une marmite où il ne fait pas bon s’aventurer par fort coefficient, nous dit Thierry Sauvin. C’est évidemment plutôt en mer et en montagne que les pêcheurs ultrasportifs trouvent des spots à leur mesure. Prévenons d’avance le lecteur sarcastique qui ferait insidieusement remarquer que c’est sans doute pour ça que je vis à la campagne… que nous ne publierons pas son courrier !
